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Année C : vendredi 2e semaine de Pâques (Litcp02v.07)
Jn 6, 1-6 multiplication des pains
 
«  Lorsque nous voyons avec les yeux de la foi le Sauveur devant nous, comme nous le décrivent les différents récits des apparitions du Christ, alors grandit notre désir de l'accueillir en nous dans le Pain de Vie. Le pain eucharistique à son tour avive notre désir de faire toujours plus profondément connaissance avec le Lui sur nos rivages d’aujourd’hui »

Dits autrement, ces mots d’Édith Stein unifient Pâques et l’eucharistie.Le Christ ressuscité se fait voir dans le Pain et le pain nous laisse voir le Christ ressuscité.  La résurrection appelle le Pain et le Pain appelle la Résurrection. Devant nos yeux, une Table qui contient tout. Une Table qui nous laisse voir tout le sens de la vie de Jésus, son coté douloureux, sa béatitude pascale. 

Question : Ce Seigneur que nos yeux ont peine à reconnaître sur nos rivages, le reconnaissons-nous vraiment davantage autour de cette Table ?   « Avez-vous quelque chose à manger »? « Prenez et mangez » Proclamation de la mort. Célébration de la Résurrection. Même mouvement qui ouvre sur une Présence et qui appelle des yeux de Pâques.Unique trajectoire qui confirme la compassion de Jésus, l’abondance de sa miséricorde à nous offrir à répétition son offre de nous voir mener une vie « pleine de vie ».

Hier, la reconnaissance de Jésus a transformé des disciples abattus en disciples « pourtant … des hommes quelconques et sans instruction » (AA 4,14), capables d’agir avec assurance jusqu’à relever au nom de Jésus ce mendiant qui se tenait là aux portes du Temple. Aujourd’hui, la reconnaissance qu’il est vivant dans ce pain, qu’il « est vivant le seigneur devant qui je me tiens » (Élie)  a le même impact  qu’hier. Elle devient une force capable de rappeler à notre monde que « l’être humain ne vient pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Elle nous fait nourriture qui apaise les foules affamées de vie, en recherche de sens à leur vie.

Devant cette page qui respire d’une vitalité non tuable, me vient en mémoire ce qu’exprimait le diacre Éphrem : « si tu as peucompris,accepte-le, et ne pense pas avoir tout compris. La Parole reste toujours plus grande que ce que tu as pu comprendre ». 

Contemplatives, contemplatifs,  hier c’était une « foule nombreuse » qui avait faim de paroles sortant de la bouche de Jésus.  Aujourd’hui, ils sont des millions d’hommes et de femmes à désirer une parole nourrissante parce que quelque chose s’est éteint en eux et qui s’appelle la vie. Jésus n’a pas déserté nos errances. Il marche avec nous même si nos yeux demeurent aveuglés par « les choses d’en bas ». Hier, le Nazaréen a porté un regard de miséricorde sur la foule. Aujourd’hui, le Ressuscité s’attable à nouveau pour offrir « un peu de poisson et de pain » qui réchaufferont les cœurs jusqu’à éveiller en eux ce cri : « C’est vraiment Lui le grand Prophète ».

Jésus ressuscité comme ce Pain que nous mangeons ne change pas notre histoire faite de tuerie comme un coup de baguette magique. Ils n’abolissent pas non plus les souffrances humaines ni ne répondent aux questions du Pourquoi de telle violence gratuite, de telle faim de vengeance. Ce Pain introduit à qui veut y goûter un lent processus de transformation qui nous conduira à  le voir dans ces tueries mais que nous ne le savions pas.

À votre contemplation : tous les jours, nous avons besoin de ces quelques miettes que nous recueillons de cette Table eucharistique  qui nous fait goûter  « combien est douce ta miséricorde » (Ps 108, 21).
 
Accueil : Plus nous laissons cet « excès de service », son empressement à nous nourrir de Lui-même nous affecter, plus il prend de la saveur.  Ce matin, une Présence qui a la saveur de ce jour du Soleil pascal dirait saint Justin qui nous rassemble