2009-B -Jn 3, 1-8 - Lundi 2e semaine Pâques - Nicodème
Année B : Lundi 2e semaine de Pâques (litbp02L.09)
Jn 3, 1-8 Ac 4,23-31 Nicodème
Quelle étonnante et admirable démarche que celle de ce notable juif, Nicodème, venant questionner son jeune confrère, Rabbi Jésus!Il vint de nuit, précise St Jean, de cette nuit qui n’est pas celle de la peur, mais plutôt celle qui est faite d’intimité et d’attente, de recueillement et de quête de l’essentiel, loin des affaires et des bruits du jour.
Nicodème avait déjà remarqué Jésus. Il l’avait vu, écouté, il en avait apprécié la bonté, la justesse des mots, la générosité des gestes. Étonné, ému aussi de ce qu’il voyait : quelqu’un accomplissait ce qu’il disait : lève-toi, marche, sois guéri, va ton enfant est guéri, il s’en est allé interroger Jésus lui-même : C’est de la part de Dieu que tu es venu nous instruire, car personne ne peut opérer les signes que tu fais si Dieu n’est pas avec lui » (Jn 3,2).
Jésus ne répond pas, mais par sa question ouvre Nicodème sur une perspective inattendue : « A moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu ». Naître d’en haut, naître de l’Esprit de Dieu.
Tout est dit. À moins de renaître. Voilà qui donne de la hauteur à ce grand dimanche pascal. Naître à nouveau, renaître de cet Esprit de Dieu, de cet esprit d’en haut, — recherchez les réalités d’en haut — tel est l’appel que lance le Christ à Nicodème et qu’il nous lance. À chacune de nous, aujourd’hui comme hier, Jésus nous dit et c’est ça le grand message de Pâques : non, notre vie n’est pas finie! Non, notre vie ne se réduit pas aux réalités d’en bas dont il faut se déprendre dit Thérèse d’Avila en ouvrant son chemin de perfection (ch.12) non, nous ne sommes pas voués à la mort même si extérieurement tout continue comme avant. Oui, une nouvelle vie jaillit si nous consentons à renaître et à revivre de l’Esprit de Dieu!
Jésus continue comme hier à sa manifester. Comme nous aimerions qu’il le fasse à un plus grand nombre de gens possible et surtout à ceux qui le crucifient. Mais Jésus comme hier, se manifeste à quelques témoins choisis. Il s’est donné, dit Pierre à voir non pas à tout le peuple, mais à quelques témoins (Ac10, 40 - 41). Renaître en Ressuscité ne sera jamais une affaire éclatante, ne sera jamais une affaire de masse non plus. C’est une aventure cœur à cœur, une aventure d’union dans la foi à Jésus, une aventure qui ne consiste pas seulement à « être avec lui », mais à « être en lui ». Ce serait tromper le monde, trahir la nature de la foi si nous étions avec lui extérieurement sans être en Lui.
Saintetés, ne nous trompons pas de chemin. Pâques ne sera jamais une affaire de masse. C’est une renaissance tout intérieure. « Si quelqu’un est en (non pas seulement avec) Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né » (2 Co 5, 17).
Le moyen pour inviter tous les Nicodème à renaître en Ressuscité est la discrétion. Cela peut nous étonner. L’événement le plus important de l’histoire s’est produit au lever du jour sans témoin, sans éclat, sans bruit. Dieu n’agit pas comme nous les humains, en se faisant voir. Tu entends le bruit du vent, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. C’est le moyen choisi par Jésus pour propager la foi en la résurrection dans le monde entier.
À votre contemplation : l’attitude de Nicodème nous suggère une triple démarche : d’oser nous approcher de Jésus, risquer de renaître de l’Esprit et d’en être témoin en prenant comme lui sa défense au risque de nous faire dire : serais-tu Galiléen toi aussi (Jn7, 45-52), serais-tu chrétien toi aussi? Donne à ceux qui te servent d’annoncer ta parole avec une parfaite assurance » (Ac4, 29) Amen.