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Année B : Lundi 1re semaine du CARÊME (LITBC01L.09)
Mtt 25, 31-46 : le mystère que nous sommes

Quand nous écoutons la Parole de Dieu, notre intention première est d’acquérir l’Esprit du Christ. Ce que nous venons d’entendre n’est pas un simple texte, un rouleau. C’est le Christ qui vient de nous lire sa vie, sa manière de vivre, sa manière de rencontrer son Père. Dans tout passage de l’Écriture et celui-ci est particulièrement très parlant, Jésus nous décrit sa propre expérience de Dieu. Jésus nous offre à voir comment Il a rencontré Dieu son Père durant sa vie.  Quel livre ouvert que Jésus!  Jésus nous ouvre sur ce  qui le fait vivre : nourrir l’affamé, réconforter le prisonnier, interpeller les chercheurs de Dieu comme Lévi (samedi dernier). Comme Zachée. Jésus vient de nous révéler en ouvrant cette 1re semaine du carême son exégèse, son chemin pour vivre sa foi, mais aussi Il se laisse lire par nous qui l’écoute.

Ce que nous lisons ce matin dans ce Livre, Livre de sa vie qu’il nous offre à lire, c’est un message bouleversant et qui devrait nourrir tout notre carême tant il rejoint son mystère : Il vient de nous dire qu’il ne s’impose pas, qu’il ne nous domine pas, mais qu’il nous attend dans le visage de notre voisin, de l’ami inopportun. Jésus nous confirme que son expérience du Père, il l’a vécu dans la rencontre des autres. Jésus a rencontré Dieu en vivant quotidiennement et en plénitude uni et donnée au bien-être de son entourage.

Jésus s’est appliqué à lui-même ce qu’il a médité, lu dans Isaïe durant sa vie cachée, livre qu’on lui a présenté à commenter au matin de sa vie publique. Ce qui s’accomplit aujourd’hui disait-il en sa personne, nous l’avons entendu samedi dernier : si tu fais disparaître le joug, si tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres (Is58, 9b-14). Le Père Congar écrivait que Jésus se comprenait parce qu’il avait médité ces textes, qu’il les vivait et les accomplissait.

Jésus nous montre sans nous l’imposer que la vraie vie d’union à Dieu, que toute sainteté personnelle apparaît quand nous cristallisons en nous les comportements de Jésus. Ne pas faire déshonneur à la grâce de Dieu, c’est d’introduire dans nos vies des traces de la vraie sainteté. Ces traces nous sortent de nos enfermements sur nos douleurs. Elles nous poussent à le reconnaître non pas en théorie mais en acte dans ce peuple des affamés non seulement de pain mais de Dieu, des réfugiés, des chômeurs, de blessés. 

L’Évangile et nous venons de l’entendre avec force dans cette lecture de sa propre vie que Jésus nous offre ce matin, ne sera jamais un programme de choses à croire. L’Évangile sera toujours associé à la beauté de comportements qui dégagent un parfum de vraie sainteté.

Pour nous maintenir éveillés à cette beauté toujours nouvelle et ancienne, il faut éviter la tentation de l’abondance, celle de ne pas vivre dans le rêve comme si tout ce qui s’arrête au tombeau comptait plus que ce qui durera éternellement. Il faut éviter la tentation de la gloire, du prestige, de se voir à la première place. Il faut éviter la tentation du pouvoir où le Règne de Dieu s’établirait à coup de domination, de planification, de guerres que l’on disait saintes.

À votre contemplation : quelqu’un a écrit : à la place de Dieu, j’aurais inventé un chemin moins cruel que celui de le rencontrer dans les autres. Il ne faut pas nous émerveiller d’être parfois vaincus tant est exigeant ce chemin, mais bien plutôt d’être parfois vainqueurs. Nous remarquons nos échecs, nous ne voyons pas nos victoires. Dès que nous acceptons de faire à notre tour l’expérience que Jésus a faite sienne, nous sommes déjà en mode de devenir de vraies saintetés. Amen.