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Année B : Vendredi 20e semaine ordinaire (litbo20.09)
Mtt 22, 24-30  Aimer c’est voir

L’amour est vision puisque l’amour est ressemblance et la ressemblance est vision.  Ces mots que David Bell utilisait pour résumer la pensée de Guillaume de Saint Thierry unifient ensemble, manifeste le lien indéracinable entre aimer et voir. Impossible de ne pas voir sans aimer. Dieu s’est donné à voir en Jésus pour être aimé.

Notre désir de voir Dieu s’enracine dans notre désir de l’aimer, de devenir semblable à Lui. Plus nous voyons par les yeux de la foi, par notre contemplation de Dieu plus nous aimerons Dieu.  Comme l’exprime bien Guillaume de Saint Thierry qui peut aimer ce qu’il ne voit pas ? Nous humains, aimons ce que nous voyons sinon nous espérons voir pour aimer.

Ce commandement est finalement une promesse, un appel à voir Dieu. Aimer c’est voir. Voir n’est-ce pas pour parler comme les mystiques, une fruition et la fruition c’est la perfection de l’amour. Ce premier commandement est finalement ce qui est le meilleur pour nous parce qu’il nous conduit à voir Dieu. Voir Dieu, c’est cela la vie éternelle dont les paraboles des derniers jours- celle des ouvriers de la onzième heure, des invités aux noces – nous ont fait contempler la beauté. Quand vécu non à la perfection parce que cela est impossible mais de bonne foi, ce commandement nous fait devenir Lui et Lui deviens nous. Mystère de réciprocité. Marie  de la trinité dans l’une de ses infusions divines, entendit Jésus lui dire en lien avec ce commandement toi devient moi et moi je serai toi.

La loi que Jésus nous offre, le chemin qu’il nous propose  s’ouvre sur ce désir qui remonte aux origines de notre création, celui de devenir semblable à Dieu. Adam s’est simplement trompé de chemin. Il a voulu celui de l’orgueil et non celui que Dieu nous offre par pure grâce.  Ce commandement nous fait entrer dans le cellier du Roi, humer le parfum de sa Présence, contempler les attraits de la beauté de l’Époux. Nous oublions souvent que nous humains, sommes comme l’exprime un psaume « les épousés » de Dieu.

Ce commandement nous introduit dans la lumière pourvu que nous menions une vie sainte. Une vie de ressemblance à Dieu. C’est le second commandement semblable au premier. Je paraphrase autrement saint Bernard dont nous faisions mémoire hier et je nous dis que la raison pour laquelle il faut aimer ce commandement, c’est qu’il révèle Dieu et que la mesure qui nous est demandée est d’aimer cette page sans mesure. D’aimer cette page à la folie. Nous avons mission moins de parler de  cette page mais de montrer que ce que nous vivons est plus fort que ce que nous disons.

Oui, quelle grande chose que d’aimer pour voir et de voir pour aimer ! Quelle grande chose que d’aimer si cela nous rend semblable à Dieu ! Mais cette grande chose passe par cette dépossession confiante (Garaudy) de nous-mêmes. La petite Thérèse qui savait dire simplement de grande chose disait qu’ aimer, c’est tout donner et se donner soi-même.

Comme l’exprime si bien saint Augustin, aime et ce que tu veux, fais-le. Si tu te tais, tais-toi par amour; si tu parles, parles par amour; si tu corriges, corriges pas amour; si tu pardonnes, pardonnes par amour. Ce grand commandement est un appel et un chemin pour réussir nos vies.  C’est en contemplant - et contempler c’est voir – Jésus fait homme par amour pour l’humanité que notre amour nous fera semblable à lui en étant comme lui « parfaits » à appliquer entre nous le second commandement, en étant « parfaits » à nous aimer sans rivalité, sans jalousie mais jusqu’à lui devenir semblable. C’est Madeleine Delbrêl qui répétait souvent que tu es chrétien pour l’amour, pour rien d’autre. Si tu oublies cela dit-elle tu te rends absurde. Si tu trahis cela, tu deviens monstrueux. Amen