2008-B : Mtt 21, 23-27 Lundi 3e semaine avent - par quelle autorité fais-tu cela ?
Année B : Lundi 3e semaine AVENT (litba03l.08)
Mtt 21, 23-27 par quelle autorité fais-tu cela ?
Qui est Celui qui a le pouvoir de rendre un figuier stérile ? Jésus qui avait faim, vient de condamner à la sécheresse un figuier qui ne donne pas de fruit. Qui est Celui dont la parole impose une telle autorité qu’elle soulève zizanies et incrédulités. « Qui t’a donné cette autorité?» Qui est Jésus pour agir ainsi ? A l’approche de Noël, ici dans ce Temple, Jésus nous révèle quelque chose de son identité. Au-delà du piège, c’est une bonne question qui nous est posée à chacune d’entre nous. Comment l’accueillons-nous ? Que faut-il y admirer ?
Pour comprendre le sens de l’autorité de Jésus, pour saisir de qui Jésus tient cette autorité, il faut entrer dans son mystère. « Par quelle autorité fais-tu cela? » L’entourage de Jésus n’en revient tout simplement pas. « Nous n’avons jamais rien vu de pareil ». Ils veulent savoir d’où vient un tel pouvoir. Ils veulent pénétrer le mystère Jésus. « Sois stérile » et le figuier l’est devenu. « Qui t’a donné ce pouvoir ? »
Si nous creusons un peu ce refus de Jésus de répondre à la question- Jean hier dans l’évangile refusait de dire qui il est – apparaît comme en filigrane tout le mystère Jésus, son secret : Jésus n’existe que pour un autre. Il refuse de s’identifier à Lui-même. Son autorité vient d’un autre au service duquel il se dit « envoyé ». Jean n’existe que pour un autre : « Je suis la voix qui cri dans le désert » Jésus, si nous contemplons la question de son autorité, nous redit qu’il vient accomplir la volonté d’un Autre. Jean oriente les regards vers Jésus. Aujourd’hui, Jésus – et c’est en filigrane – oriente nos regards vers le Père.
Hier, c’était des notables qui interrogeaient Jésus. Aujourd’hui c‘est notre entourage qui nous questionne au nom de qui, de quoi, décidons-nous envers et contre tout à mener une vie de « sainteté » ? Alors qu’autour de nous, notre entourage consacre beaucoup de temps à revendiquer, souvent avec violence et parfois avec mépris de l’autre, le droit d’être vu, écouté, admiré, de défendre sa place, alors qu’autour de nous, il y a cette recherche toujours inassouvie d’auto-complaisance, d’auto-mirage de nos « moi », Jean hier et Jésus ce matin nous rappellent que notre identité véritable, notre moi profond émerge quand nous n’existons que pour l’autre. « Je vis mais ce n’est plus moi qui vit ». Notre existence est d’être Celui que nous voyons venir. Nous existons, nous vivons, nous travaillons pour un Autre.
Comme Jean n’existe que pour préparer la voie, comme Jésus n’existe que pour montrer le Père –c’est ça que la question nous fait contempler – notre existence chrétienne, notre vocation de religieuses apostoliques en ces temps troublés de notre histoire, est de devenir une voie vers Celui qui vient nous sauver.
Nous avançons lentement vers ce mystère étrange ou une naissance, celle de Jésus, le rend invisible à nos yeux. Nous voyons bien ce que Jésus a fait. Nous ne savons pas d’où lui vient une telle autorité. « N’est-il pas le fils de Joseph? ». Nous entrons dans ce mystère d’un Dieu dont l’abaissement est son identité profonde. Nous entrons et la 1re lecture vient de nous dire cela, dans le temps du « regard pénétrant » qui a transformé le païen Balaam en extase « devant ce que le Tout-Puissant lui fait voir… ce héros, je le vois – mais pas pour maintenant… un astre se lève, un sceptre se dresse ».
À votre contemplation : La liturgie de ces derniers jours avant Noël, nous propose en Marie et en Jean-Baptiste deux modèles réussis d’existence que pour l’Autre. Les deux ont dit OUI à Dieu et ils sont devenus vraiment eux-mêmes. Que l’acclamation de tantôt soit nôtre : « Fais-moi connaître tes chemins, Seigneur » (Acc) Le grand prophète de l’Avent Isaïe avait dit dans un lointain passé : « Véritablement, tu es un Dieu caché » (Is 45,15). Éviterons la tentation de clamer devant cette bonne question de l’Évangile « Je ne sais pas »« Je ne sais plus». Que cette eucharistie nous ouvre à notre vocation de n’exister que pour être la voie de Celui qui vient. AMEN