2004-C: Vendredi 26e semaine ordinaire -Mtt 18, -1-5 -Thérèse de l'enfant Jésus
Année C: Vendredi de la 26 ième semaine ordinaire (litco26v.04)
Matthieu 18, -1-5 Rm 8, 14-17 Thérèse de l'enfant Jésus
Il ne suffit pas d'entrer au Carmel ni d'avoir vécu dans un milieu familial si chrétien soit-il, pour connaître une vie facile ou devenir saint. En commençant par son entrée au Carmel à l'âge de 14 ans jusqu'à son arrivée chez Dieu à 24 ans, " l'histoire du âme " est une histoire d'un combat constant avec elle-même, avec Dieu, ne serait-ce que pour ne pas s'endormir durant les heures consacrées à l'oraison.
Nous sommes des personnes plus ou moins tourmentées, plus ou moins accablées par des soucis de santé, d'angoisse, de fragilité. L'impression est grande qu'au lieu de s'atténuer, ils prennent, avec le temps, plus d'ampleur au point d'occuper toute notre espace vitale. Nous voulons reconnaître nos fragilités mais nous les vivons mal. Elles nous font mal aussi.
Comme nous, Thérèse a connu sa part de grandes perturbations : d'innommables souffrances physiques " je ne pensais pas que l'on puisse tant souffrir en ce monde" "N'eut été de la foi, je me serais donnée la mort sans hésiter". D'insupportables souffrances spirituelles: " J'entends une voix qui me dit: descend encore plus profond dans l'abîme, au fond du puits." . Mais contrairement à nous, elle a vécu ce combat avec une grande paix intérieure; une grande confiance en Dieu à la manière d'un enfant qui se " jette dans les bras du Père "(Lt 258); une complète remise d'elle-même en la miséricorde de Dieu. "Quelle douce joie de penser que Dieu tient compte de nos faiblesses, qu'Il connaît la fragilité de notre nature". Celle qui disait " je pensais être né pour la gloire " a connu la gloire de la souffrance. " La souffrance m'a tendu les bras et je m'y suis jetée avec amour (MsA69v)
Pour elle, sa porte de sortie, sa "porte de salut" d'une vie vécue dans une tempête permanente, d'une vie affectée, accablée par toutes sortes de souffrances, était sa contemplation de la pâque du Christ. (Notons que Thérèse n'a jamais parlé du Christ ressuscité mais du Christ souffrant. Son époque dissociait les deux événements) Lentement à travers Lui, elle a prise conscience qu'elle était aimée à ce point qu'elle en a fait sa Vocation première " Je serai l'amour" . Avec lucidité, elle écrit dans son journal intime : " S'abandonner à l'Amour, s'est se livrer à toutes sortes d'angoisses " .
Contemplatives, Thérèse montre à tous les chercheurs de Dieu comment souffrir, comment le quotidien, banal, monotone, est l'incontournable chemin de perfection. "La perfection est facile" dit-elle "parce qu'elle … consiste à reconnaître son imperfection et de s'abandonner à la miséricorde de Dieu". À une époque où la spiritualité présentait un Dieu lointain, où la sainteté était quelque chose héroïque, Thérèse a expérimenté un Dieu compréhensif des faiblesses humaines. Telle fut l'originalité de sa " petite voie " . C'était audacieux d'affirmer cela à son époque. Cela le demeure encore aujourd'hui.
À votre contemplation: Il nous faut- et je paraphrase Thérèse - aimer nos faiblesses. Il nous faut longuement contempler nos imperfections parce qu'elles nous permettent d'aspirer à posséder la plénitude de la vie, de nous offrir avec audace en victime à l'Amour. Thérèse ajoute: "Mon Dieu dis-moi quel est ce mystère"(MsB 4v ) Puisse le Seigneur maintenant nous brûler de ce penchant naturel qu'avait Thérèse à apprécier ses imperfections parce qu'elles nous conduisent à nous laisser nourrir par "cet aigle éternel et adoré qui nous attire". (MsB5v) AMEN
Accueil: Comment dire simplement la grandeur de Thérèse ? Comment vivre pleinement une " simple simplicité ? (Ruysbroeck) Réponse: en nous offrant des yeux d'enfants, des yeux émerveillés qui nous arrachent à nous-mêmes pour nous jeter dans la beauté de la " petite voie "