2005-A : Dimanche 22e semaine ordinaire -Mtt 16,21-27 Facilité versus croix
Année A : Dimanche de la 22ième semaine ordinaire (litao22d.05)
Matthieu 16,21-27
« Ne prenez pas pour modèle le monde présent mais transformez-vous en renouvelant votre façon de pensée ». Le modèle de notre monde, sa façon de penser tourne autour de la facilité. L’expérience quotidienne nous démontre que la vie ne sera jamais quelque chose de facile. En la voulant facile, nous nous créons des problèmes, ceux de vivre à coté de la vie. Ne prenez pas pour modèle la facilité recherchée de notre monde. Aucune attitude moralisante là-dedans. Simple pragmatisme. La vie n’est pas toujours ce que l’on veut qu’elle soit.
Il en est ainsi pour notre vie de foi. En souhaitant que les jeunes puissent comprendre que « c’est beau d’être chrétien », Benoît XV1 ne leur signifiait pas que la vie chrétienne est facile. L’Évangile de ce matin le confirme une fois de plus. Suivre Jésus est quelque chose de grand. Le chemin qui y conduit est quelque chose d’exigeant. S’agit de renoncement ou d’accomplissement ?
Pierre lui qui venait de se faire dire «heureux es-tu?» pour sa déclaration « tu es le Fils de Dieu » entend Jésus lui dire qu’il lui fallait, Lui« fils de Dieu » « partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup ». Ce à quoi Pierre s’opposa fermement « cela ne t’arrivera pas ». Jésus le rabroua : « Passe derrière moi Satan, tu es un obstacle sur ma route »
Contemplatives, contemplatifs, la sagesse qui tout au long de l’histoire, vient des hommes, c’est la voie de la facilité. Celle que nous recherchons aujourd’hui. Comme il serait agréable pour nous chrétiens, pour nous pasteurs, de parler comme tout le monde, de proposer une petite philosophie qui ne contredise personne, de renoncer à la Vérité (celle d’affirmer suivre Jésus est facile). Ce qui est spontanée en nous, c’est de nous laisser porter par le courant de notre société.
La facilité nous fait abandonner le combat pour la vie, pour les droits humains, pour l’écologie. La guerre la plus difficile est celle contre la facilité. Jésus proclame une autre sagesse : celle de ne pas passer à coté de l’Évangile en oubliant les promesses de notre baptême qui nous font « renoncer à la facilité (arrière Satan a dit Jésus à Pierre) à ses prestiges et à ses œuvres pour nous attacher à Jésus », Messie crucifié et ressuscité.
Si nous pouvions ce matin comprendre que la facilité est un obstacle, une tentation quotidienne. La réussite de toute vie, humaine et chrétienne, est « un mourir à l’immédiat » (la facilité). Elle commence quand nous renonçons à quelque chose. C’est une réalité incontournable. Un mystère permanent. Une croix quotidienne « Celui qui perd sa vie – entendre celui qui refuse la facilité- la sauve ».
Toute sa vie Jésus a repoussé cette tentation de la facilité. « Passe derrière moi Satan » « Il en a sauvé d’autres et il ne peut lui-même ce sauver » (Mtt27, 42) La beauté du chrétien dont faisait allusion Benoît XV1, se trouve dans le refus de la facilité. Elle est atteinte dans ce « mariage mystique », dans ce cœur à cœur avec l’Époux Jésus. Cette beauté là se retrouve aussi au cœur de toutes les grandes spiritualités du monde. Qui refuse de perdre sa vie dans les vanités du monde la sauvegarde.
Saint Paul nous disait de ne pas adopter la sagesse du monde, mais de nous laisser métamorphoser, transformer « en renouvelant notre façon de penser, de vivre pour discerner ce qui est bon, ce qui est capable de plaire à Dieu ». (Rm 12, 1-2, 2ième lecture). Jérémie exprimait la même chose quand il affirmait que la Parole de Dieu « attire sur nous moquerie et injure. » (1ière lecture)
À votre contemplation : Faisons nôtre ce qu’exprimait la prière d’ouverture de cette célébration : « Dieu, resserre nos liens avec toi pour développer ce qui est bon pour nous. Veille sur nous pour protéger ce que tu as fait grandir en nous». Ensemble, brisons la loi inavouée de facilité pour celle de la Sagesse de la Croix qui ouvre sur un vie « accomplissement », une vie transformée en louange et gloire, en eucharistie. AMEN