2007-C-Solennité Pierre et Paul -Mtt 16, 13-20 le ministère de l'échec
ANNÉE C - FÊTE DE SAINT PIERRE ET PAUL (2007)
MATTHIEU 16, 13-20 le ministère de l'échec
En cette solennité des Apôtres Pierre et Paul, nous pourrions contempler, qu’ « il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, surpris par l’Évangile, par le Christ, qu’il n’y a rien de plus beau que de Le connaître et de communiquer aux autres (notre) amitié avec Lui » (Benoît XV1 dans sa lettre post-synodale #80). Nous pourrions aussi en profiter pour rendre hommage à «nos illustres maîtres et martyrs, flambeaux placés par Dieu dans le corps de son Église (St Bernard) ». Mais un autre regard s’offre aussi à nous : celui porter notre attention sur les moyens que le Christ utilise, aujourd’hui encore, pour bâtir Son Eglise.
« (Pierre) qui fut le premier à confesser la foi, à constituer l’Église, (Paul) qui fut le premier à la mettre en lumière, à annoncer aux nations l’Évangile du Salut (préface) », nous ouvrent aujourd’hui un chemin d’évangélisation. Dans la première lecture, nous voyons Pierre faire l’expérience déroutante choisie par Jésus pour édifier son Église. Après avoir suscité l’admiration, conquis des foules par ses miracles, alors que tout semblait lui réussir, que rien ne semblait lui résister, Pierre se trouve brutalement dépourvu de toute puissance. Il est emprisonné. Abandonné de tous, gardé par des soldats, Pierre « transpercé » dans toute sa personne par le chemin pour annoncer Dieu, voient alors ses chaînes tombées, des portes s’ouvrirent. Dehors, il prend conscience de ce qui vient de lui arriver.
Même itinéraire pour Paul dans la 2e lecture. Plein de fougue, dévoré par le zèle de la Parole de Dieu, ce n’est pas en prêchant sur tous les chemins du monde, en séduisant des foules pleines d’admiration, mais derrière les barreaux d’une prison, abandonné de tous, qu’il va lui aussi saisir cette manière singulière, étonnante, plutôt embarrassante que Jésus a de bâtir Son Eglise.
Pierre et Paul nous confirment que ce quelque chose de solide qui puisse traverser les siècles, se nomme devenir des experts en échec. C’est dans l’épreuve du doute, de la solitude, de l’abandon, l’épreuve du rapetissement comme nous le vivons présentement, que nous découvrons que notre foi, notre l’Eglise ne sont pas fondées sur l’art de la parole et de la discussion, sur la capacité et la renommée, de séduire ou encore sur des merveilles qui emportent l’enthousiasme des foules mais sur cette culture de la croix. Ce n’est pas lorsqu’ils triomphaient de leurs adversaires et étaient adulés par les foules subjuguées, que Pierre et Paul sont devenus les pierres de fondation de l’Eglise. C’est du fond de leur prison, alors qu’ils ne pouvaient plus rien, sinon prier « le Maître de la moisson », qu’ils sont devenus les rocs de l’Église du Christ.
Contemplatives, contemplatifs, ce chemin de Pierre et Paul n’est pas révolu. Nous vivons l’heure où tout semble s’effondrer. C’est riche de nos forces dérisoires, nos reniements, comme avec nos fougues que nous sommes appelés à devenir des piliers, des rocs de foi. Jésus nous appelle à donner le meilleur de nous-mêmes, à vivre dans la sérénité le « privilège de n’être plus rien » aux dires des gens pour que « son règne vienne ». Il nous appelle à tout donner, tout tenter pour l’annoncer « parce qu’il n’y a rien de plus beau ». C’est n’est plus au fond des cachots mais au fond de nos cœurs, que nous vivons l’extraordinaire expérience de Pierre et Paul. C’est au milieu de nos sentiments d’échec, au milieu de cette honte viscérale que nous éprouvons comme croyants que Jésus nous fait comprendre que son chemin n’est pas le langage de la « sagesse mais de la folie ». Il faut apprendre à écouter avec plaisir ce langage.
À votre contemplation : N’ayons pas peur de ce chemin. Il a fallu le reniement de Pierre, qui l’a fait « les yeux ouverts » (Nb 24,16) précise saint Bernard; il a fallu la folie de Paul à détruire tous les chrétiens autour de lui pour les transformer en pierres angulaires. C’est en étant « saisis par le Christ », qu’il faut vivre ces heures difficiles que nous traversons. C’est par ce chemin que nous « serons réunis dans une même gloire ». Entrons dans ce mystère de devenir rien, moins que rien, devenons eucharistie et nous permettrons à la foi de ne pas avoir dit son dernier mot. AMEN
Accueil : À l’occasion d’une fête importante, il est d’usage chez nous d’ajouter un petit quelque chose de plus. Ce quelque chose que je veux maintenant ajouter à notre ordinaire pour que cette solennité soit vraiment nourrissante, c’est prendre plaisir, d’écouter avec plaisir deux maîtres de notre foi, deux colonnes de notre Église. Ce quelque chose, c’est d’éprouver la solidité de ces deux montagnes sur lesquelles notre foi repose. Puisse ce plaisir soit vôtre. Puisse leur solidité conforter nos espérances ébranlées…