2000- C: Vendredi 2e semaine de l’avent-Mtt 11,16-19 l’esprit de contradiction
Année C: Vendredi de la 2e semaine de l’avent (litca02v.00)
Matthieu 11,16-19 l’esprit de contradiction Isaie 48,17-19
A quoi, à qui vais-je comparer cette génération ? Sans hésiter, je réponds que nous sommes une génération de Ritalin, de Prozac, de Viagra, de cures de rajeunissement, de culte du corps ; génération où la vie est perçue uniquement sous l’angle du plaisir facile. Dans son livre euphorie perpétuelle, essai sur le devoir du bonheur(Ed Grasset 1999), l’auteur Pascal Bruckner parle de cette maladie moderne qui transforme le bonheur en obligation de résultat. Le culte du fun pousse a esquiver par tous les moyens possibles les moindres signes de désagrément. Pour paraphraser Matthieu, ceux et celles qui refusent cette idéologie sont des possédés. Dans les mots d’aujourd’hui, des cinglés.
Hier, le devoir d’état était pesant sur nos épaules. Aujourd’hui il est remplacé par le devoir au bonheur, l’obligation de résultat au bonheur. C’est aussi pesant, je crois. Que d’investissement pour avoir du fun ! Ce qui faisait dire à l’auteur : on n’est pas sorti du christianisme. Le monde moderne est plein d’idées chrétiennes devenues folles. La folie, c’est de vouloir réaliser, sans souffrance, sans douleur, le paradis sur terre, le royaume que nous fait entendre la liturgie de ce temps de l’Avent. Il y aura toujours confusion - Matthieu parle ce jour de l’esprit de contradiction - entre la promesse de bonheur, le fun ou encore le bien-être! Le paradis sur terre est devenu un paradis terriblement terre à terre, un paradis de possession. Après avoir pris ses distances face à la foi, notre génération cherche sa joie dans le consumérisme, (posséder toujours plus) le culte du corps, de la beauté, la nouvelle vague de l’épilation, l’exotisme, voire les religions orientales.
Comme croyants, il faut insister, nous ne sommes pas contre le bonheur mais contre une idéologie obligation de résultat. Le bonheur ne nous tombera pas du ciel comme par miracle, ou avec simplement du Viagra, Ritalin etc. Il se prépare laborieusement comme Marie nous en indique le chemin. Il exige patience à l’heure ou l’idéologie du tout de suite prime. Trois siècles avant notre ère, une sage dénommé Meng-Tsu(371-289) disait que le bonheur et le malheur ne viennent que de nous-mêmes après de très long effort.
Ce que nous dit ce temps de l’Avent, c’est que le bonheur qu’annonce Noël et je cite le nouveau catéchisme (1723) ne réside pas dans la richesse ou le bien-être ni dans la gloire humaine ou le pouvoir, ni dans les oeuvres humaines si utiles soient-elles, mais en Dieu, source de tout bien. Ce que nous dit ce temps de l’Avent, c’est que la promesse de bonheur sur terre que notre foi clame et qui se réalise aujourd’hui ne se fera jamais sans les douleurs de l’enfantement. Ne pas affirmer cela, c’est tomber dans une utopie perpétuelle.
L’enseignement salutaire dont nous parle Isaïe tout au long de l’Avent consiste à s’ouvrir aux chemins de Dieu, à apaiser en Dieu nos désirs de bonheur car Il vient nous envelopper de son salut. Ce salut qui n’est pas quelque chose d’extérieur mais un appel à s’ouvrir à notre être profond. Plus nous chercherons la joie de Noël dans la possession, plus nous nous en éloignerons. Plus nous serons, comme Marie, dans un état de oui aux réalités de la vie, plus nous nous approcherons du vrai bonheur, de la joie parfaite dont parle François.
A votre contemplation: Viens Emmanuel ouvre nos coeurs à la jubilation qui dort en nous. Viens Emmanuel ouvre nos lèvres pour qu’elles redisent les merveilles de ton Salut. Viens Emmanuel aide-nous à ne rien emporter pour la route, pour mieux nous enrichir du sacrement de ta naissance dont l’eucharistie nous redit qu’il s’est abaissé jusque dans la mort pour nous offrir son Salut AMEN
Accueil: Comment savoir si nous sommes éveillés? Si nous confondons le Noël des chrétiens et le Noël des marchands de rêves; si nous confondons le bonheur de Noël avec l’esprit de party, de fun de notre monde, il y a là des signes que nous sommes endormis. Paradoxe, pour affirmer cela, il faut être éveillé. Une eucharistie pour naître aujourd’hui à ce Dieu qui vient nous apporter son SALUT.