2005-B : Vendredi 2e semaine Avent -Mtt 11, 16-19 Manger avec des « gamins»
Année B : vendredi de la 2ième semaine de l’Avent (litbao2v.05)
Matthieu 11, 16-19 Manger avec des « gamins»
Isaïe 48, 17-19
Un premier regard sur notre monde nous fait vite conclure à la désolation. Il nous offre des attractions « qui ressemblent à des gamins assis sur la place publique et qui en interpellent d’autres » à se joindre à eux. Nous allons de plaisir en plaisir, de convoitise en convoitise. À peine satisfait et voilà que nous désirons du neuf : toujours en état d’attente.
Ce monde là, à bien des égards, était celui que contestait Jean-Baptiste qui vivait et prêchait l’austérité. « Il ne mange pas, ne boit pas. » «Convertissez-vous.» Jésus vient de nous dire Matthieu, a préféré ce monde là, au risque d’être qualifié de « glouton » « d’ivrogne » « amis des publicains et des pécheurs ».Il a été autant avec ses disciples qu’avec « ces gamins » qui ne lui rendait pas toujours facile la vie facile (Lc7, 34) un inconditionnel de cette convivialité. Jésus a passé sa vie publique à s’inviter et à être invité à un repas. Se faisant et étant dans sa personne « un guide sur le chemin où nous marchons », (Isaïe 48,17) Il a semé dans ce monde là « un enseignement salutaire. »
Quand avec ces «gloutons gamins» Jésus parlait le langage de la religion, la chimie passait entre eux. Il était écouté, admiré tant «il ne parlait pas comme les autres». Quand Jésus parlait le langage de la foi, de son Père ces mêmes «gamins» se révoltaient, questionnaient son authenticité (Lc7, 34) Il en fut ainsi pour Paul à l’Aréopage d’Athènes. La chimie passait avec les Athéniens jusqu’à ce qu’il parle le langage de la foi en la Résurrection. « Sur ce sujet nous t’écouterons plus tard. »(Ac 17,22-30). Nous vivons présentement cette même situation. Clamons un Dieu « être suprême » nous sommes écoutés. Clamons le Dieu de Jésus Christ, vrai homme et vrai Dieu, nous devenons contestés.
Ce que l’œil attentif perçoit présentement même parmi les « croyants chrétiens et pratiquants », c’est une identification généralisée avec un Être suprême. Notre peuple comme au temps de Jésus, est déiste. Nous sommes loin de l’attitude des aveugles qui ont crié leur foi en Jésus de Nazareth. « Quel est le vainqueur du monde sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » (1 Jn 5, 4-5).
En présence d’un tel monde où les festivités de toutes sortes abondent, comme Jésus nous l’indique ce matin, il faut persister malgré les risques réels de dérisions à nous asseoir à la table des «gamins». Il faut « garder courage », garder foi parce que j’ai vaincu le monde » (Jn16.33). Le monde de son temps, le monde de toujours. Comme croyants, nous portons une prophétie non de malheur mais bien plus crédible : « Ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. » (Mt 24, 35).
Contemplatives, contemplatifs, nous asseoir à la table du monde n’est pas seulement une affaire de «bouffe » de « gloutonnerie » mais un chemin pour transformer la surconsommation éhontée de ce temps en découverte du Jésus de l’Histoire. Cela passe par l’ouverture à « l’intelligence du cœur qui nous fait entrer dans sa propre vie». (Oraison dimanche dernier). Toute une vie à préparer à le reconnaître. « Ce que Je veux, c’est que tout ton être me reconnaisse pour ce que Je Suis ». (Marie de la Trinité).
C’est parce que nous n’avons pas refusé au cours des âges d’enterrer la Parole de Dieu, épée tranchante, par peur de la profaner au contact des « gamins », par peur de leur terrorisme, que nous pouvons aujourd’hui clamer ce formidable patrimoine que nous apporte Noël. Patrimoine de sa sagesse enfouie dans la profondeur des cœurs des «gamins» et qui attend d’être éveillé «par un tourbillon de feu» (Ben Sirac le sage, 48,4) que nous sommes appelées à devenir.
Notre Dieu – et c’est Sa spécificité – est d’être un Dieu artiste de la « gloutonnerie ». Il est venu chez nous manger à notre table pour transformer nos mets quotidiens en délice divin. Transformer la haine de nos cœurs en oasis de paix.
À votre contemplation : Imiter, suivre Jésus précise Marie de la Trinité «non par simple similitude mais par union à Lui-même » prend ici tout son sens. Elle ajoute et combien ces mots ramassent tout l’évangile que nous venons t’entendre : « Revêts-toi de leur souillure. Revêts-toi des souillures de mon peuple. Tu seras d’autant plus pure au-dedans, que tu paraîtras souillée au dehors, d’autant moins indigne au-dedans que tu paraîtras plus indigne au dehors ; d’autant plus unie à Moi, le Père que tu seras et paraîtras plus confondue avec les pécheurs ; d’autant plus précieuse à ma Paternité et utile à ma Gloire, que tu seras réputée plus vile et plus inutile. Une eucharistie pour le servir comme Marie dont c’était hier la fête par manière d’union mystique. AMEN