2009-B-Mtt 10, 34-39- Lundi 15e semaine ordinaire- des instructions dérangeantes
Année B : Lundi 15e semaine ORDINAIRE (Litbo15L.09)
Matthieu 10, 34-39 des instructions dérangeantes
Pas évident que de nous émerveiller devant cette page où Jésus vient de nous donner ces instructions avant son départ. Pas évident parce qu’il nous faut dépasser sa dimension repoussante, qui nous rebute. Qui veut perdre sa vie? Qui veut souffrir ? Qui veut délaisser père, mère ? Il faut être quelque peu déséquilibré pour s’empresser de répondre oui je le veux à ces instructions de Jésus.
Pour nous émerveiller devant cette page, il faut aussi dépasser l’image d’un Jésus qui vient nous diviser, lui dont Paul dit qu’il est la paix en sa personne; dépasser l’image d’un Jésus qui vient inviter à ne pas aimer en priorité père et mère, fils ou fille.
Mais à quel émerveillement cette page nous invite-t-elle ? Pour entendre l’appel à déborder de joie, d’enthousiasme devant de telles instructions qui sont comme les battements de son cœur pour reprendre des paroles d’Élisabeth de la Trinité dans sa dernière retraite, il faut sortir de la routine – les Pères du désert diraient de l’acédie - qui nous pousse à dire que c’est du déjà entendu ou encore pour reprendre une expression de chez nous, qu’« il n’y a rien là ».
Pour nous émerveiller devant ces instructions, il faut entrer dans la parole de Dieu et entendre ce que Jésus veut réellement nous signifier par son appel à renoncer à nous-mêmes. Nous insistons beaucoup sur le tout quitter. Nous oublions la beauté de l’envers du renoncement : qui vous accueille, m’accueille. Le revers du renoncement, sa beauté, sa finalité est d’être des paroles de Dieu. Renoncer n’est donc pas un appauvrissement mais bien un enrichissement.
Quel émerveillement que de saisir que le renoncement à sa famille, à soi-même n’est en fait qu’un chemin, une petite voie pour enlever notre moi-même comme l’exprimait Benoît XV1 lors de son voyage en Afrique pour l’intégrer dans un moi plus grand, le Sien.
Mais nous le savons, atteindre ce nu-renoncement ne sera jamais chose faite en nous. Il est comme de la mauvaise herbe, quand on l’arrache, il pousse ailleurs. Ce moi-même est toujours en mode de reproduction et c’est pourquoi il faut éloigner de nous l’acédie, le relâchement, la fatigue, le cafard de prier peut-être pour ne plus lui donner emprise. La beauté du renoncement c’est qu’en se vidant de nous-mêmes, en nous évacuant de nous-mêmes dirait Zundel, nous devenons Lui et lui devient nous.
Pour votre contemplation, je paraphrase l’une de ces petites phrases qu’on appelle un apophtegme d’abba Yohan qui disait – et cela est d’un grand réalisme - ce n’est pas ce que nous mangeons qui nous nourrit mais bien ce que nous digérons. Ce n’est pas la foi que nous proclamons qui nous sanctifie, c’est celle que nous mettons en pratique.
Devenir eucharistie pour digérer la beauté de devenir Parole de Dieu jusqu’à la pratiquer dans notre quotidien. Amen