2001-C-Mtt 9,14-15- Vendredi des Cendres - un temps pour jeûner
Année C : Vendredi des Cendres (Litcc00v.01)
Mtt9,14-15 : un temps pour jeûner
Présentement tous nos sens sont sollicités : bruit, lumière, agitation sont les caractéristiques de la vie moderne. Paradoxe, cet environnement au décibel étourdissant - Freud dirait aux pulsions de mort - nous propulse dans l’ère du vide, dans une sorte de désert où rien n’a plus de sens, où rien ne semble nous combler. Vivre sans idéal, sans but autre que celui du nombrilisme, sans retrouver nos racines, est désormais possible. Quel drame!
Pour nous éviter justement d’être désert, l’Eglise nous conduit au désert, cette terre de recueillement, de distance, de repos qui ouvre sur des retrouvailles avec nous-mêmes. Retrouver nos racines pour éviter de vivre déraciné, d’être ballotté en changeant d’idées non pas 12 mais 1000 fois par jour. Il y a le tiers monde. Il y le quart monde. Il y a aussi cette menace du 5e monde, cette perte du sens de la vie que Sarah-Ban Breathnach appelle le syndrome de la privation d’intériorité avec soi-même.
Jadis Platon disait que les gens honorables sont toujours en recherche d’une vie paisible, de quiétude. Ce temps du carême se veut une réponse pour nous éviter de devenir sans profondeur. Temps pour se taire, taire nos idées, ne plus penser, ne plus s’agiter pour habiter avec soi-même, pour être avec soi-même. Etre avec soi-même et entendre Dieu nous dire : me voici (1ère lecture)
L’Eglise nous conduit en ce lieu retraite, là où Jésus a passé non seulement quarante jour mais toute sa vie. Le désert, cette terre d’intimité avec son Père, était le pain quotidien de Jésus. Même entouré de la foule qui le cherchait, le bousculait, Jésus vivait à l’écart, en lui-même, sans jamais perdre cette union avec Père. Sans jamais perdre cette intimité qui lui permettait de ne pas parler comme les autres. Jésus vivait en permanence dans le désert, dans ses profondeurs de Fils de Dieu. Pleinement présent à son temps, omniprésent aussi à son Père.
Dieu dit un dicton touareg a crée des pays avec beaucoup d’eau afin que les hommes puissent y vivre et des déserts afin qu’ils y reconnaissent leur âme L’Ecriture dit : Je te conduirai au désert et là je parlerai à ton coeur, je te parlerai coeur à coeur, à coeur ouvert nouant avec toi un lien d’Amour (Osée11,4) Ce temps en est un de fiançailles avec Dieu qui nous parle coeur à coeur (Jer 2,2)
Le jeûne qui plaît au Seigneur conduit à devenir sourd, muet, aveugle pour mieux écouter, porter attention. Donne à ton serviteur un coeur qui porte attention (1roi3,9) Si Jésus écrivait H.U Balthasar ne s’était pas avancé si profondément dans le désert, il n’aurait pu avancer si loin dans la communauté des hommes. Pour vous contemplatives, cette réflexion des religions orientales : n’écoutez pas par l’oreille mais écoutez par le coeur. N’écoutez pas par le coeur mais écoutez par le Souffle. Le Souffle, lorsqu’il est vide saisit la Réalité. Franscesco de Osuno vous conduira à cette même profondeur.
A votre contemplation :endormons nos sens extérieurs entrons dans ce silence essentiel pour mieux comme Jean l’évangéliste, reposer notre tête sur le coeur de Jésus et de participer ainsi au mystère de son amour livré pour nous. Accumulons des réserves de recueillement et de silence et nous nous donnerons demain des yeux de Pâques, des coeurs semblables au sien. AMEN
ACCUEIL : En ouvrant ces quarantes jours, je fais mien ces mots de Francisco de Osuna : Jésus s’éloigna au désert non pour lui mais pour nous inviter à le suivre sur ce terrain de la contemplation divine, non quarante jour mais quarante années. Du temps pour comme Jésus rejoindre Dieu qui repose dans nos profondeurs sans pour autant nous retirer des cris de notre monde.