2007-C-Mtt 9, 14-15-Vendredi des Cendres - nous tenir en éveil
Vendredi des Cendres (litcc00v.07)
Matthieu 9, 14-1^5 - nous tenir en état d'éveil
Notre capacité d‘attention est limitée. Plus nous avançons en âge, moins il est possible de nous épancher sur plusieurs choses à la fois. Voici le temps de fixer en priorité, durant quarante jours, notre attention sur Dieu et Dieu seul. « Pose moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras « (Ct 8,6) « Occupe-toi de moi » disait Jésus à Catherine de Sienne « et je m’occuperai de toi ». C’est le sens de ce carême. Le temps de retrouver la perle rare perdue dans nos maisons encombrées. Redécouvrir la joie de « revenir de tout son cœur vers le Seigneur (Merc. Cendres) » parce qu’il y a en nous une « lâcheté de la désobéissance (Saint Benoît)», une « persévérance dans le relâchement (Thérèse d’Avila) » à vivre parfaitement le saint Évangile.
Il ne suffit pas de vivre ici dans ce lieu monastique, pour rester fidèle à l’élan de jeunesse à « écouter la Parole de Dieu et la mettre en pratique (Lc11, 28) ». Il ne suffit pas d’avoir mise la prière au centre de nos vies pour demeurer « éveillés dans la foi ». Même la vie en communauté, avec les années, ne semble plus suffire à « rénover notre écoute de la Parole de Dieu (Lettre du nouveau millénaire #39).» Nous expérimentons que nous sommes rivaux, que « la splendeur de la gloire éternelle (4LetCl.14)» a perdu de son éclat. Lente est notre accouchement d’une vie nouvelle. Nous avons besoin de nombreuses mises au point. Il faut à nouveau entrer dans les profondeurs du cœur pour laisser à Dieu tout l’espace. Une ascèse s’impose. Il ne s’agit pas de vivre le plus difficilement possible mais d’éviter d’être distraite par autres choses que de l’Évangile. « Qu’on prie le Seigneur d’illuminer nos cœurs pour la pénitence » (RegCl9, 6) « Dénonce à mon peuple ses fautes ». (Lect.)
L’Eglise nous propose « trois actes en lesquels disait Pierre Chrysologue, la foi de ce temps se tient : la prière, le jeûne, la miséricorde qui se donnent mutuellement la vie. Le jeûne est l’âme de la prière, la miséricorde est la vie du jeûne. Que personne ne les divise… ne les sépare.. En pratiquer un ou deux, celui-la n’a rien ». Ce temps est un temps de reconquête de tous les équilibres : le jeûne qui recentre nos faims sur Dieu, le privilège de la pauvreté qui nous recentre sur la miséricorde, la prière qui nous évite de vagabonder ailleurs dans l’éphémère de nos activités. Une hymne de Laudes résume bien le sens de notre jeûne, de notre prière, de notre partage quand il dit-
Mendiant sans force, mains tendues vers Dieu, sais-tu qu’il aime au plus creux de toi la faiblesse ?
Voleur de grâce, affamé de Dieu, sais-tu qu’il met au plus fou de toi le partage ?
Joueur de flûte, amoureux de Dieu, sais-tu qu’il est au plus sien de toi la prière ?
Du temps nous pour ajouter de l’ascèse à votre vie qui en comporte beaucoup – la vie fraternelle en est une en soi – mais « Tenez en éveil la mémoire du Seigneur, ne prenez aucun repos » (antienne à Laudes, mercredi des cendres) . « Le Carême est pour chaque chrétien, une expérience renouvelée de l’amour de Dieu qui se donne à nous dans le Christ, amour que chaque jour nous devons à notre tour redonner au prochain, surtout à ceux qui souffrent le plus et sont dans le besoin ». (Benoît XV1, message du Carême 2007).
À votre contemplation : Cette entrée en carême est une montée vers Pâques. Elle prend les accents de ce Vendredi saint où tout semble s’anéantir. Mais le Règne de la mort est arrivé à son terme. Entrons dans la joie de progresser vers ce « plus être » chrétien, ce « plus être » unie à Dieu. La question du livre de l’Exode est la nôtre : « Le seigneur est-il oui ou non parmi nous, en nous ? » Entrons en quarantaine pour décontaminer tout ce qui n’est pas Évangile de Dieu en nous et nous en sortirons habillé d’une « vocation propre à tout baptisé, ce « haut degré » de la vie chrétienne ordinaire qui s’exprime en comportement de sainteté. » (Jean-Paul 11 lettre nouveau millénaire) Entrons dans ce haut lieu de la réconciliation qu’est l’eucharistie pour au terme de ces jours, entendre le Père prodigue nous dire « « Vite, apportez la plus belle robe, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez-le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé. Et ils se mirent à festoyer » (Lc. 15 : 22-2). AMEN
ACCUEIL : « Nous ne sommes pas des anges. Ce n’est point de notre nature. Ce qui nous est naturel, c’est de nous relâcher dans des choses qui nous paraissent peu graves mais qui finissent par éteindre nos lampes » (Thérèse d’Avila) Entrons dans ce combat de tenir en éveil la mémoire du Seigneur jusqu’à n’y prendre aucun repos.