2010 - C : Mtt 5, 1-12 Lundi 10e semaine ordinaire- : Le bonheur, avenir des chrétiens
Année C : Lundi 10e semaine ORDINAIRE (litco10l.10)
Mt 5, 1-12 : Le bonheur, avenir des chrétiens
Marie nous l’a démontré lundi dernier, c’est dans l’exultation du cœur, dans un transport de joie (Guerric, X11e) qu’il nous faut écouter la loi du Seigneur. Marie n’a pas apporté à Élisabeth du bonheur par son action, sa visitation, mais en lui faisant comprendre ce qu’est une vie porteuse de Dieu. Le psaume premier, qui est comme une préface à l’ensemble du psautier, commence par une béatitude : heureux l’homme. Dès le premier mot, le terme de la vie est visé et le chemin tracé.
Si tu écoutes la loi du Seigneur que je te prescris aujourd’hui (Dt 30, 15),si nous vivons selon la loi du Seigneur,si nous plaçons dans le cellier de nos mémoires cette loi qui sera toujours nouvelle que Matthieu proclame en débutant son évangile, la récompense d’un bonheur indescriptible nous est assurée. Pas un bonheur facile, périssable, mais durable, inattaquable par les mites voraces de ce monde.
Créés à peu moindre qu’un Dieu, couronné de gloire et de splendeur (Ps 8, 6),nous sommes faits pour vivre du bonheur de Dieu, pas seulement demain, mais maintenant. Notre monde est tellement fascinant – c’est la deuxième tentation de Jésus au désert, celle des royaumes de ce monde - que nous oublions que le premier souci de Dieu, pour citer le psalmiste (Ps 8, 5), est de nous voir réconciliés avec son propre chemin. Les béatitudes sont l’expression la plus parfaite de la manière d’être de Jésus et de sa mission. Jésus n’a pas promulgué les béatitudes à la manière d’un Maître en sagesse, il les a vécues. C’est le visage de Jésus tel qu’il s’est manifesté au monde de son temps. Gandhi y voyait le message de Jésus dans toute sa pureté.
Dans son discours sur la montagne, Jésus semble nous dire : je vous invite à ma vie, à l’amitié du Père et de l’Esprit. Ce chemin est promesse d’avenir à nos vies. Il les rend «trinitaire». Notons que les Béatitudes, sauf la première et la dernière, sont écrites au futur : Ils posséderont la terre, seront rassasiés, consolés, il leur sera fait miséricorde, ils verront Dieu. Mais notre avenir est dans notre présent qui nous rend semblables au Christ pauvre et persécuté. Heureux les pauvres, heureux les persécutés. Nous avons ce rôle prophétique d’être en ce monde des révélateurs du Christ.Nul n’est plus heureux, même à l’heure où les croix abondent –il faut passer par biens des tribulations (Ac 14, 21-22), mais ajoute Jean, prenez courage, j’ai vaincu le monde (Jn 16, 33)- que celui qui reproduit en lui (Rm 8, 29) ce chemin qui nous a été tracé sur la montagne.
Saintetés, comme l’exprime le livre de la Sagesse, si tu aimes, [à] écouter [ce chemin qu’ouvre les béatitudes], tu apprendras : si tu [lui] prêtes l’oreille, tu seras sage (Si 6, 34). Question : savons-nous que si nous utilisons les armes de la patience, de la constance et de la persévérance pour faire de ce chemin nos délices, Jésus nous donnera tout ce que nos cœurs désirent. Ce chemin n’en est pas un de contrainte, mais d’écoute d’une promesse de bonheur, maintenant et demain. Si tu as le moindre gros bon sens, comprends donc que tu es fait pour la gloire de Dieu, pour un bonheur éternel, écrit Robert Bellarmin(1542-1621), qui ajoute : tout ce qui t’y mène, tiens-le pour bon.
À votre contemplation : Pour comprendre ce chemin de Jésus, auto description de lui-même, qu’il nous offre en héritage, il faut, comme les disciples, nous asseoir autour de lui et l’écouter en silence. Lorsque nous aurons quitté le terrain connu de nos idéologies toutes axées vers l’en-bas, lorsque nous accepterons de nous élever au-dessus de la simple dimension horizontale de nos vies, lorsque nous aurons laissé le silence buriner en nous les paroles adressées hier sur la montagne pour nous aujourd’hui, alors les Béatitudes, paroles de Dieu, pourront toucher nos cœurs, transformer nos regards, changer nos vies parce que nos yeux s’ouvriront sur un avenir de bonheur… qui se réalise maintenant dans cette eucharistie dont nous avons hier célébré sa grandeur et sa beauté dans la fête du Corps et du Sang du Christ, communément appelé : la fête Dieu et que Guillaume de Saint Thierry appelait un baiser d’amour de Dieu pour nous qui nous insuffle son merveilleux Esprit (Oraisons méditatives).AMEN.