2003- B: Mc 10, 1-12-Vendredi 7e semaine ordinaire - s’exercer à l’amour...
Année B: Vendredi de la 7e semaine ordinaire (litbo07v.03)
Mc 10, 1-12 s’exercer à l’amour...
L’amour humain, voilà la bonne nouvelle du 3e millénaire que vient de nous décrire Marc dans un langage d’une autre époque. Ne retenons pas de cette page sa dimension légaliste. Elle est sans issue. Cette page est à comprendre sur le bord du mystère de Dieu, sur le bord du mystère de l’amour humain. Retenons de cette page un appel à la durer comme chemin pour s’exercer à aimer, pour s’exercer à l’amour (Thérèse d’Avila). C’est dans la durée - vous en faites ici l’expérience - que nous pouvons apprendre à développer cette égalité d’amour(St Jean de la Croix)entre partenaires, entre nous, entre nous et Dieu. Chaque fois que nous établissons des liens entre nous, entre couples, entre communautés, ils sont à l’image de Dieu: éternel, durable quoiqu’il arrive. La 1ère lecture disait la même chose de l’ami vrai.
S’exercer à l’amour. Ce travail ne peut être remplacé par rien d’autres. Par personne d’autre que nous-mêmes. L’apôtre Paul en a jadis évoqué les paramètres, toujours d’une grande actualité, non seulement pour les conjoints mais pour nos communautés -religieuse, humaine, paroissiale -: pour s’exercer à l’amour, il faut exercer sa patience, sa bonté, sa capacité de pardon, refuser d’envier les succès de l’autre, ne pas entretenir de rancune ni chercher son propre intérêt (1 Cor13). C’est un mode d’existence, une manière de vivre et non pas un mode de comportement, ni une émotion, ni un sentiment individuel envers quelqu’un que nous suggère l’Apôtre. Un mode d’existence à la manière de Dieu pour qui aimer n’est pas sa principale qualité, son attribut premier mais son mode d’être. Dieu existe comme amour.
Le conjoint existe comme amour. Réduire le sacrement de mariage à la normalisation de relation sexuelle, c’est une hérésie. Le sacrement ouvre sur un engagement à se donner un mode d’existence dont la 1ère lecture pleine de sagesse sur l’ami vrai et faux, en précise le contour. L’ami opportun est là quand tout va bien, quand cela lui convient mais qui ne reste pas au jour de détresse, qui se transforme en ennemi dès les premiers symptômes d’un désaccord, quand rien ne va plus. C’est un bel exemple d’un mode de comportement lié à l’émotion du moment. Si l’ami fidèle a tellement de prix et une valeur si inestimable, c’est qu’il a une manière de vivre qui rassure. C’est dans l’épreuve, que nous nous exerçons à aimer.
S’exercer à l’amour est un appel à entendre, à accueillir. Il nous faut dépasser l’attirance, dépasser l’attachement, dépasser la recherche de la satisfaction, dépasser les idées que nous nous faisons sur l’autre, - l’idée n’est pas la réalité - pour gagner la bataille - jamais atteinte - de la gratuité, du détachement. S’exercer à l’amour ne sera jamais une entreprise de transformer l’autre à son image. Nous insistons beaucoup aujourd’hui sur la tolérance mais dans les faits, notre culture relationnelle, conjugale semble abolir les différences. Je ne parle pas ici de celle d’être homme ou femme mais bien de celle qui tend à rendre l’autre à notre image. Cela n’est pas sain. Allez dire présentement que s’exercer à l’amour commence par cette capacité d’un sain détachement, vous recevez comme réponse un sourire narquois qui en dit long.
A votre contemplation: ouvre mes yeux que je contemple les merveilles de ta loi. Montre-moi la voie de tes préceptes. Montre-moi comment garder ta loi. Ce psaume n’a rien a voir avec la morale. Il ne faut aucunement appel aux émotions mais à un mode d’existence, une manière de vivre. Invraisemblable, nous sommes appelés à réaliser ici dans cette communauté ou dans la communauté conjugale, le mode d’existence de Dieu. Il nous faut dépasser l’amour, mode de comportement lié à l’émotion de l’instant ou quand cela me convient (1ère lecture) pour nous exercer à l’amour selon le mode de l’existence de Dieu. Comme il est facile de parler de Dieu. Combien difficile d’en faire notre mode d’existence. Puissions nous entrer maintenant en pleine possession du mystère que nous célébrons. (Oraison finale) AMEN.
Accueil : nous parlons de Dieu avec une facilité qui me fait peur. Ce matin une page qui malgré sa texture repoussante est une invitation à se donner une existence en mode de Dieu qui dépasse de beaucoup le feeling du moment.