2013-C- Mc 5, 1-20 -Lundi 4e semaine ordinaire -Mc 5, 1-20 : une profusion d'épiphanies; les démons jetés dans la mer
Année C : Lundi 4e semaine ORDINAIRE (litco04l.13)
Mc 5, 1-20 : une profusion d'épiphanies; les démons jetés dans la mer
La bible est remplie d'épiphanies de Dieu. Nous connaissons bien cette nuit sainte où son épiphanie de bonté et d'humanité nous est apparue : Elle nous est apparue la bonté de notre Sauveur, et son amour pour les hommes (Ti 3,4). Cette nuit là, la bonté et l'humanité de Dieu longtemps cachées, nous sont apparues. Nous soulignons avec éclat son épiphanie de lumière manifestée à des rois venus d'ailleurs et dans l'épisode de Jésus présenté au temple. Au terme du temps de Noël, la liturgie scande l'épiphanie de la petitesse de Dieu, de son humilité dans le baptême de Jésus.
Aujourd'hui, la liturgie nous propose à travers cette scène loufoque, riche en rebondissement, de moutons qui vont se jeter dans la mer, de contempler jusqu'à goûter avec ravissement, l'épiphanie de la tendresse de Dieu, venu apporter une paix profonde à toute personne dérangée par un autre esprit que le sien.
Jésus, dans cette scène décrite par Marc, ne semble avoir aucune autre raison de se retrouver dans ce lieu que celle de rencontrer un laissé-pour-compte à qui il offre toute son attention simplement parce qu'il est une personne humaine qui souffre. Il confirme ainsi qu'il est cette Bonne Nouvelle qui pacifie, cette paix non plus promise mais émise ; non plus reportée mais portée ; non plus prophétisée mais présentée. La loi qui fait agir et vivre Jésus est celle de l'épiphanie du don. Jésus chasse Satan, le parfumeur (Gilbert de Hoyland) simplement en dégageant la bonne odeur [...] du Christ, sa sainteté.
Hier, un possédé, étouffé sous le poids d'une légion, s'est vu touché par cette épiphanie du don de tendresse et de compassion comme il l'a fait d'ailleurs avec un autre tourmenté par un esprit mauvais (Mc 1, 21-28). Aujourd'hui, les possédés ont un autre visage : celui des consuméristes, de tous ces gaspilleurs et pilleurs qui épuisent les biens de la création. À bien les regarder, sur ces visages brillent la pénible fascination d'être des possédés par un matérialisme désordonné. Eux aussi font entendre subtilement leur désir de libération.
Saintetés, n'attendons pas d'être dépossédés de tout pour aller puiser à la Vie de Jésus. N'attendons pas d'être dégagés de notre volonté propre, d'être délivrés de nous-mêmes - délivrez-nous du mal, de la tentation de nous mêmes- pour être des fascinés par Jésus. La bonne odeur que nous dégageons est le plus puissant chemin pour délier les possédés qui ont soif d'une source [qu'est Jésus et] qui a besoin d'être bue (saint Augustin).
À quelques neuf jours de notre entrée en Carême, Jésus veut nous donner à tous et toutes une injection de son esprit de nouveauté. De libération de nous-mêmes. Il veut nous redire qu'il n'est pas aveuglé par nos ruses à nous détourner de lui, à nous dépouiller des vêtements d'une vie paradisiaque, nuptiale. Jésus nous voit plutôt habillés de la robe tissée des mains de son Père (Romanos le Mélode VIe siècle).
Aujourd'hui, il continue à nous marquer au front comme il l'a fait pour Caïn, non pour nous discréditer, mais pour confirmer que nous sommes, humains, les protégés de Dieu. Pour nous dire cela, Jésus s'est manifesté, s'est fait voir, s'est laissé toucher. Il est devenu mortel pour que nous retrouvions, recouvrions notre beauté première. Il a habité Nazareth pour nous ouvrir les portes d'une vie Éden. Paradisiaque. Jésus sait qu'il y a du mauvais en nous. Il a choisi de ne regarder que le bon. Que le beau. Que son image.
Retenons ce qu'écrivait le bibliste saint Jérôme : Sors de cet homme, va t'en chez les porcs, va où tu veux, va t'en aux abîmes. Quitte l'homme, c'est-à-dire ce que je possède en propre ; je ne te laisserai pas posséder l'homme, car ce serait une injure pour moi si tu t'installais en lui à ma place. J'ai assumé un corps humain, j'habite en l'homme : cette chair que tu possèdes fait partie de ma chair. Sors de l'homme.
Quel beau chemin inaugural pour vivre ce carême qui vient. Pour sortir de nos vies, ce qui n'est pas Lui. AMEN.
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