2012-B- Mc 1, 21-28-Mardi 1e semaine ordinaire - enseignement nouveau avec autorité
Année B : Mardi 1ère semaine ORDINAIRE (Litbo01m.12)
Mc 1, 21-28 : enseignement nouveau avec autorité
Pas anodin du tout, ce commencement pastoral de l'agir de Jésus un jour de sabbat. Pas anodin du tout, cette fascination de la foule moins pour l'homme Jésus que pour sa manière d'intervenir. Pas anodin du tout, cette initiative de Jésus d'offrir la vie à quelqu'un habité par la «non-vie. Pas anodin du tout parce que ce commencement un jour de sabbat signifie l'arrivée d'une nouvelle création non plus soumise à la loi ancienne. Ce n'est pas par la loi mais par le Verbe que le monde a été fait : Par la Parole du Seigneur les cieux ont été faits (Ps 32, 6). Ainsi sera-t-il recréé. Voilà pourquoi l'apôtre Paul dit : Dépouillant l'homme ancien, revêtez-vous du nouveau, qui a été créé selon le Christ. (Col 3, 9).
Jésus sors de trente ans de silence, trente ans d'une vie de discrétion, pour offrir le fruit de son silence d'adoration, de contemplation de son Père, de ravissement aussi. Sa parole inaugurale chez Marc, sors, est une parole pleine d'adrénaline qui confirme l'éloquence du silence. Jésus était ravi de passer du temps dans le silence avec son Père. Il désirait plus ce «silence-parlant» qui faisait voir de ce dont il vivait plutôt que de parler sans vivre ce qu'il disait. C'est ce qui faisait autorité chez lui. Son silence était sa manière première d'enseigner. Toute la vie publique de Jésus et ses nombreux instants à l'écart confirmeront que le silence était pour Jésus le plus bel hommage à rendre à son Père. La plus belle parole sur lui.
Sors, parole vive et efficace, parole subtile et pénétrante qui atteint en plein cœur son interlocuteur parce que plus incisive qu'un glaive à deux tranchants (Hé 4, 12). Parole qui s'enfonce jusqu'au plus profond, jusqu'au plus intime de ce possédé sans vie, séparant l'ancien et le nouveau, le vieil homme et le nouveau. Oui dans ce mot inaugural, la bonté et l'humanité de notre Dieu sont apparues (Tt 3, 4).
Dès le début de son ministère pastoral, Jésus l'égal au Père, met les points sur les «i». Il frappe fort, dirions-nous aujourd'hui. Il ne manque pas la cible. Il marque l'imagination. Il vient changer la face du monde. Il vient repousser les ténèbres. Il vient réhabiter sa maison. Saint Jérôme écrit :Silence ! lui dit-il, sors de cet homme. C'est à dire : Sors de ma maison ; que fais-tu dans ce qui est ma demeure ? Moi, je veux y entrer. Tais-toi ! Sors de cet homme. Laisse cette demeure qui m'a été préparée... Dieu la veut. Laisse l'homme; il m'appartient. Je ne veux pas qu'il soit à toi. J'habite l'homme; c'est mon corps. Va-t-en !
Quel message inaugural pour une nouvelle évangélisation ! Jésus donne de la profondeur, de la hauteur à sa parole. Sors, mot mission d'évangélisation prononcé après de longues heures de silence d'adoration où Jésus s'est laissé prendre sa vie par le Père. Sors, parole qui redonne à l'être humain sa beauté première et qui confirme que nous ne sommes pas cloisonnés dans nos prisons. Jésus habité par un regard de feu, regard né de son silence dans le Père, agissant en homme libre, ordonne à la vie de naître à nouveau, à la vie de retrouver ses racines originelles. Silence! Sors de cet homme.
Saintetés, ce petit mot inaugural de Jésus donne de l'avenir à nos stérilités qui apportent -nous l'avons entendu dans la première lecture- son lot de souffrances. Jésus, en sortant de ces années de silence, montre que l'Évangile qu'il annonce n'est pas un produit à diffuser, une connaissance à ajouter à nos connaissances mais un «laisser-voir» de notre intimité avec le Père. C'est notre sainteté de vie, notre union à Dieu qui nous fait parler avec autorité. Toute personne qui croit dans l'impact de son silence avec Dieu présente un Dieu désirable, désiré aussi. Elle est capable de parler avec autorité, de faire bouger les choses, de les faire avancer. Nous sommes ici aux antipodes de toutes ces énergies mises (nécessaires ?) à la restructuration.
Mes vœux pour vous : vivre 2011 «par l'intérieur». Je termine par ces mots d'un priant du XVIIIe siècle, Jean Nicolas Grou : le vrai dévot [le vrai chrétien] est un homme d'oraison qui fait ses délices de s'entretenir avec Dieu, qui ne perd jamais ou presque sa présence non qu'il pense d'abord toujours à Dieu, c'est impossible, mais parce qu'il lui est toujours uni de cœur. Heureuse année passée en permanence en silence intérieur avec Lui AMEN.