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2012-B-Lc 21, 1-7 - Lundi 34e semaine ordinaire-la porte de la solidarité

Année B : Lundi 34e semaine ORDINAIRE (litbo34l.12)
Lc 21, 1-7 : la porte de la solidarité  

La crise économique actuelle, déclarait, au synode (2012), un évêque canadien, Mgr Lapierre, nous fait découvrir comment l’avarice et la cupidité ont brisé des liens de sens en séparant l’économie de sa dimension sociale dans la vie humaine. Elle montre en acte l'urgence de développer une culture de la solidarité. Il y a autour de nous un envoûtement pour bien se protéger qui conduit à la dérive de l'individualisme.

Le geste de la veuve, déposant dans le tronc tout ce qu'elle avait pour vivre, a très fortement ébloui Jésus parce qu'il ouvrait sur une autre culture, celle de la solidarité. Un geste vaut mille mo, dit-on. Dans le geste de la veuve, il y a tout l'évangile qui appelle à une conscientisation de l'existence de l'autre. De la solidarité avec l'autre. Le cri de Jean-Paul II, n'ayez pas peur, l'habitait, la traversait. Son geste est une réponse à ces paroles bouleversantes d'Emmanuel Levinas, qu'en est-il de mon rapport avec l'autre ? 

D’emblée, cette courte anecdote nous situe  sur le terrain de la générosité folle, déraisonnable. La générosité, nous la pratiquons tous… mais prudente, raisonnable, prévoyante. Jésus semble s’amuser à observer les gens qui mettent de l’argent dans le tronc du Temple comme s'ils étaient des donneurs de cadeaux. Il n'était pas impressionné par les grosses sommes qu'on y déposait, mais plutôt indifférent. Par contre, son regard s'est fixé, comme aimanté, par le geste d’une veuve pauvre dont l'offrande est dérisoire : deux piécettes.

Les évangélistes rapportent comment ils furent des témoins quotidiens d'un Jésus qui éveillait aux dangers et aux pièges de gestes issus d'une religion «installée», d'une religion qui fonctionne à coté des exigences de la solidarité. Le geste de la veuve explique la véritable culture évangélique dont il souhaite le rayonnement autour de lui. Celle du don total. Pour Jésus, ce geste discret, anodin, est un copié-collé de la manière d'unifier l'évangile et la religion (Jean Mansir, L'Évangile et la Religion, éd. Cerf, 2011, 219 pp).  L'évangile est une Parole, la religion, une démarche pour vivre le mystère Jésus. Cette page de l'obole de la veuve est autre qu'un récit moral. C'est une parabole en acte.

Trois regards sont à porter sur ce geste. 1- Cette veuve se souciait des autres, ne vivait pas repliée sur sa pauvreté. 2- Elle n'a pas seulement tout donné, mais elle s'est donné tout entière dans ce geste. 3- Elle reconnait, ce faisant, qu'elle avait beaucoup reçu et elle en rendait grâce. Trois regards qui sont autant de portes de la foi: se soucier des autres, se donner et rendre grâce.

À ces trois regards s'en ajoute un autre qui est une porte de la foi largement accessible, celle du partage. La veuve va plus loin que de donner du surplus. Elle partage le nécessaire qu'elle possède pour vivre.  Personne, dit le grand théologien Von Balthasar, ne peut tendre à son salut d’une manière privée, sans tenir compte aussi de ses frères. Personne ne peut vouloir forger son destin personnel en le détachant du destin de l’humanité et de l’univers… Et si quelqu’un se livrait à une pareille tentative, son état d’esprit serait tout autre chose que de la religion (Dieu et l’homme d’aujourd’hui, p.154). Cette solidarité a un visage, celui de la sainteté qui n'est pas un projet individuel commun, comme vient de le rapporter le père Radcliffe dans son dernier livre (Le baptême, faîtes le plongeon, p. 235).

Ces gestes de la veuve, ils sont plus de cent quarante quatre mille (première lecture) à les poser chaque jour; mais l'œil des journalistes, le nôtre aussi, ne semble pas les percevoir tant ils ne font pas beaucoup de bruit. Songeons à tous ces petits gestes à secourir les autres, dans les pires situations comme celles des itinérants, de voisins ramassant des fonds pour aider une famille avec un enfant en besoin de grands soins médicaux fort couteux ou encore à ceux de nos guignolées qui meublent ce temps de l'Avent. 

Une eucharistie pour introduire nos vies dans la logique du geste de cette veuve qui a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre (Mc 12, 44) plutôt que de préférer la logique du cadeau, où nous donnons sans que cela nous fasse mal.  AMEN.

 

 2010 (C) Lundi de la 34e semaine ORDINAIRE: OBOLE ET VIE ÉTERNELLE

2009 (B) Lundi de la 34e semaine ORDINAIRE: L'OBOLE DE LA VEUVE

2008 (A) Lundi 34e semaine ORDINAIRE: LA GÉNÉROSITE D'UNE VEUVE
 

Évangile: 
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Date: 
Jeudi, 1 novembre, 2012

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