2010-C-Lc 17, 11-19 - Lundi 28e semaine ordinaire -action de grâce- le lépreux
Lundi de la vingt-huitième semaine du Temps ordinaire (litco28l.10)
Lc 17, 11-19 : action de grâce- le lépreux
Il est bon de chanter notre Dieu. Il est beau de chanter sa louange (Ps 146).Ce matin, en ce jour de l’action de grâce, un appel : Ouvre mes yeux Seigneur aux merveilles de ton Amour. La gratitude ne monte pas facilement au cœur des humains. C’est la récrimination qui nous est plutôt spontanée parce que tout nous semble dû : santé, affection, réputation. Notre société renforce cette tendance quand elle nous persuade que nous avons des droits, des droits à faire valoir, des droits qui nous sont tellement dus qu’ils n’appellent aucune gratitude.
C’est cette toile de fonds que l’évangile de ce jour met sous nos yeux. Neuf ce sont dits pourquoi retourner vers Jésus? C’est simple justice que de retrouver un dû : la santé, leur place, leur réinsertion dans la société. Un seul, un samaritain, schismatique comme il s’en trouve souvent dans l’Évangile- ne trouve pas que sa guérison allait de soi, qu’elle était un dû. Il se détache de la «gang», il s’extraie de lui-même, pour contempler, pour louer le beau geste qui lui arrive. Il est débordement de louange et de reconnaissance. Il glorifie Dieu à pleine voix.
Saintetés, nous avons été créés pour louer Dieu mais la louange, l’action de grâce naît de cœurs contemplatifs. Il faut plus que temps en temps nous devenions louange. Il faut plus que de temps en temps nous chantions notre Magnificat. Nous avons été créés pour être louange permanente, quoti-dienne et cette attitude de reconnaissance, de Magnificat permanent, constitue l’essence même de nos vies. De nos vies chrétiennes. De nos vies de «saintetés». Saint Augustin disait que la vraie louange s’identifie avec nos manières de vivre. Je bénirai le Seigneur en tout temps. Sa louange sera toujours en ma bouche (Ps 33).
Sans ce magnificat permanent, sans cette louange permanente, nos vies deviennent sans saveur, dessalées. Elles renoncent à être lumière qui éclaire. Nous avons été créés pour bénir et chanter Dieu, bénir et chanter la vie que nous recevons, bénir et chanter au lieu de nous lamenter, de nous plaindre, de nous confondre en récriminations de toutes sortes comme le font ceux qui ne savent pas regarder, contempler en profondeur leur vie.
Un peu de connaissance de nous-mêmes, nous fait réaliser que nos regards sont remplis de nous-mêmes. Pour qu’ils deviennent des regards émerveillés, des regards qui prennent le temps comme le lépreux de retourner voir celui qui nous rend beau, celui qui fait toutes choses nouvelles, il faut se vider de nous-mêmes pour laisser entrer en nous la beauté jusqu’à ce qu’elle transfigure nos paroles et nos attitudes. Plus qu’un geste de savoir vivre, l’action de grâce est un geste salutaire, un geste libération, mieux un travail de libération qui décharge nos épaules d’un poids lourd : celui de tout considérer com-me un dû.
Notre vie chrétienne est eucharistie, action de grâces, bénédictions ou elle n’est qu’accablement, qu’écrasement, que mécontentement perpétuel. Si nous ne savons contempler, admirer, nous déposséder de nos «dus», nous vivons recroquevillés sur des plaintes constantes plutôt que de faire entendre la mélodie d’un magnificat permanent. Nous nous priverons d’entendre Jésus nous dire : relève-toi, ressuscite à une vie de louange et de gloire.
Aucunement question d’ignorer les «bobos» de la vie, le poids de nos blessures, qu’elles soient superficielles ou profondes, physiques ou psychologiques. L’action de grâce nous apprend à les porter comme un fardeau léger et non comme un poids écrasant, paralysant. La louange seule est capable de transformer toutes choses, même les plus pénibles, en chemin vers Dieu et en actions de grâce.
Entrons dans les mots des textes de ce jour : Chaque jour je te bénirai Seigneur, je louerai ton nom toujours et à jamais… Que tes œuvres te rendent grâce et que tes fidèles te bénissent (Ps. 144). Dansez, réjouissez-vous car il vous a donné la pluie avec générosité…celles de l’automne et celles du printemps. Les granges sont pleines de blé, les cuves débordent de vin nouveau… Célébrez le nom du Seigneur, car il a fait pour vous des merveilles (Joël 2, 23).
Une eucharistie pour nous extasier devant ce Dieu qui nous trouve tellement de son goût qu’il nous invite à sa table. AMEN.