2010-C-Lc 15, 1-3,11-32- Dimanche 4e semaine Carême- Le Père prodigue
Année C : Dimanche 4e semaine du Carême (litcc04d.10) Paroisse saint Pie X : 14 mars 2010.
Lc 15, 1-3,11-32 Le Père prodigue
Accueil :
Ce matin devenir stupéfaits de l’accueil glorieux que nous offre le Père. Sans nous condamner de nos escapades, il se réjouit de nous recevoir à sa table nuptiale. Il est tellement débordant de joie de nous revoir revenir vers lui comme le fils prodigue qu’il s’empresse de nous offrir l’héritage le plus précieux qui soit : la table de la parole et celle de son pain. Depuis l'origine du monde, l'oeil n'a jamais rien vue de si grande merveille que tu as préparée pour ceux et celles qui reviennent vers toi (Is 64,1;1Co 2,9).
HOMÉLIE
Quelle famille! Cette page fait partie intégrale de nos familles d’ici. Nous faisons partie de cette scène. Me revient en mémoire en écoutant cette parabole du père qui avait deux fils, ce chant de la liturgie qui plaint Dieu d'avoir affaire à cet enfant difficile qu'est le monde des humains. Le prophète Jérémie observait que le cœur de l’homme est compliqué et malade! Qui peut le connaître? Jérémie répond: moi, le Seigneur qui pénètre les cœurs (Jer 17, 9-10).
Spontanément, notre premier regard se porte sur ces deux fils difficiles. Le plus jeune, en demandant son héritage, laisse clairement entendre à son père qu’il est mort à ses yeux, qu’il n’existe plus et qu’il veut être libre de partir pour faire la fête qui s’est transformée en gâchis. Le plus vieux, demeuré à la maison – il y a tant d’années que je suis à ton service, que je travaille pour toi – jaloux de l’accueil de son père, refuse d’entrer. Il refuse de se réjouir du retour de son frère. L’ainé et le cadet sont tellement épris d’eux-mêmes, tellement dépendants affectifs de leur «moi», recourbés (saint Bernard) sur eux-mêmes, qu’ils ne voient pas combien gros ils sont aimés de leur père malgré leur comportement inadéquat.
Mon second regard – regard admiratif, contemplatif – se porte sur le père qui respecte tellement son fils qu’il lui donne sans hésitation, sans calcul, sans condition, sans recommandation, avec joie aussi. Non seulement il donne tout, mais il ne manifeste aucune animosité, ne revendique aucune autorité. Impuissant, il regarde constamment au loin dans l’espoir de voir revenir son fils. Non seulement il donne son héritage, non seulement il attend son retour, mais il ajoute de sa bonté en lui offrant un accueil glorieux (Guerric),royal. Il s’empresse de lui redire combien gros il l’aime en lui pardonnant sa fugue. Ce n’est pas le fils prodigue qui hâte le pas; c’est le père qui court dans l’élan de sa tendresse! Ce n’est pas le fils repenti qui se prosterne; c’est le père transporté de joie qui le prend dans ses bras! Pas une question, pas un soupir, pas de reproche, mais la joie de lui offrir sa table nuptiale, de le couvrir de baisers. Quelle exubérance dans la tendresse! Quelle éloquente sobriété dans cette discrétion! Sublime scandale! Vraiment, ce père, il n’y en a pas deux comme lui.
Chrétiens, voilà l’image de notre Dieu, ce père des cieux, dont Jésus, le Fils unique, a pu nous dire, lui qui était venu de Dieu et retournait à Dieu (Jn 13, 3), combien lui-même il nous aime (16, 27). Notre Dieu n’est pas, ne sera jamais un Dieu de menace, de vengeance, de jugement, de châtiment; il est un Dieu de miséricorde, de pardon (Ex 34, 6). Un Dieu dont enfin nous connaissons la plénitude du nom, je suis celui qui suis (Ex 3, 14).Un Dieu à qui nous osons dire : Notre Père comme de véritables enfants (Rm 8, 15).
Question : réalisons-nous que ce père au comportement divin, glorieux, s’empresse d’agir de la même façon à notre endroit? Il nous a donné son héritage qui a nom notre baptême,- tout vient de Dieu (1ière lecture : 1Cor 5, 17). Il nous a dit haut et fort que nous sommes ses fils bien-aimés. En nous donnant à voir sa beauté resplendissante, rafraichissante sur la montagne de la transfiguration, il ajoutait que toute ma Beauté, sais-tu, elle est pour toi. Paul nous confirme cela en nous disant que si quelqu’un est dans le Christ, il est créature nouvelle.
Mais ce père respecte notre liberté de nous éloigner de lui. Il respecte notre choix de vivre sans enthousiasme notre foi. De ne pas lui donner la priorité dans nos vies parce que les choses d’en bas nous attirent plus que Dieu. Avec patience, sans animosité, il nous donne le temps, tout le temps nécessaire pour nous lever et revenir vers lui. Il nous attend pour nous habiller de ses vêtements nuptiaux, nous revêtir de sa beauté, nous épouser jusqu’à nous mettre au doigt sa bague nuptiale. Nous sommes des épousés de l’Époux divin. Il s’est uni à nous par serment. Il ne nous divorcera jamais.
Chrétiens, à mi-carême, je fais miens les mots de Paul dans la lecture tantôt : par nous, c’est Dieu lui-mê-me qui vous lance un appel : au nom du Christ, nous vous le demandons, entrez en vous-mêmes, jusqu’à rejoindre ce lieu mystérieux où en nous, Dieu demeure. Levez-vous vous aussi. Mettez-vous donc debout précise l’apôtre Paul (Ep 6, 14). Courez vers Dieu pour vous entendre dire : venez à moi, vous tous qui peinez, prenez mon joug sur vous (Mt 11, 28). Le Seigneur nous offre maintenant l’héritage le plus précieux qui soit : son pain. AMEN.