2001-C- Lc 12,13-21 Dimanche 18e semaine odinaire - Le désir du gain
Année C: 18e dimanche ordinaire (litco18d-01)
Lc 12,13-21
Notre richesse, viennent de nous dire les textes entendus, ne se trouve pas dans nos habiletés à remplir nos greniers. Voilà qui vient changer notre vision, nous pour qui le désir du gain se porte bien merci ; nous qui emmagasinons en abondance pour nos vieux jours ; nous qui n’avons jamais assez d’argent; nous qui n’hésitons pas, au nom du pouvoir de l’argent, à nourrir des chicanes de famille. Combien de personnes âgées, au nom de l’argent, ne sont-elles pas victimes de leurs enfants. Les querelles sur l’argent ne sont pas d’aujourd’hui. Dis à mon frère de partager l’héritage avec moi. Comme hier, notre faim de posséder est insatiable.
La parabole vient de nous dire : Gardez-vous de toute âpreté au gain car la vie de l’homme ne dépend pas de ses richesses. Elle se termine par ses mots : fou est celui qui amasse pour lui-même au lieu d’être riche en vue de Dieu. Il ne s’agit pas de vivre sans rien posséder. Il s’agit de vivre sans vouloir tout posséder. Paul parle ici de l’usage que nous en faisons : débauche, passion, mensonge,,etc Nous sommes tous et toutes - d’une manière plus ou moins prononcée - attachés aux biens, à l’argent. Pour la plupart d’entre nous, notre horizon immédiat, notre préoccupation première, notre plus grand souci ou angoisse est de vouloir toujours en avoir plus. Que d’énergie à emmagasiner au cas où, à la manière du riche fermier de la parabole, un malheur nous arrivait! La 1ère lecture affirme qu’un tel comportement est vanité. L’évangile va plus loin et dit que cela est insensé, fou. Nous sommes ici, par choix, pour se laisser interpeller par des textes divins.
L’homme nouveau dont parle l’apôtre, le chrétien d’hier, d’aujourd’hui et de demain, est celui dont le nez n’est pas collé à sa petite personne, sur ses avoirs. Lisez l’Evangile et vous verrez que l’univers du fermier est le je, je, moi-même. Que vais-je faire ? L’homme nouveau, la personne qui émerge de la bible, est celui, celle qui investit par en dedans, qui tend vers les réalités d’en Haut et non vers celles de la terre. Paul ajoute : faites donc mourir en vous ce qui appartient à la terre. Jamais parole n’a été aussi mal accueilli par notre monde pour qui les réalités d’en haut se réduisent aux réalités d’en bas et qui se moquent de ceux et celles qui clament croire en la vie éternelle. Ce que recherche la plupart de nos contemporains, c’est la croissance exorbitée de leur moi, le confort, la jouissance poussée au paroxysme, c’est l’argent.
Comment devenir cette personne à l’esprit nouveau, esprit capable des réalités d’en haut qui est autre chose que je, me, moi, qu’une mentalité collé à terre ?. Comment nous enrichir par en dedans, dans ce qui est cachée en Dieu (2e lect) ? Ma réponse exigerait de longues explications. Elle est simple mais difficile. Vivre dans un esprit de détachement et non d’attachement. Se détacher de soi-même.(Maître Eckhart) Comment entrer dans cet esprit de détachement ? En devenant sourd aux appels à toujours consommer davantage pour mieux entendre et recevoir la Parole de Dieu. En devenant aveugle pour ne plus absorber toutes ses invitations à acheter, (plus, plus, plus), que nous présentent les médias électroniques pour mieux voir l’essentiel. L’encombrement matériel n’est que le symptôme d’un encombrement intérieur. En devenant muet, capable de taire tous ses bruits intérieurs qui nous envahissent pour entendre la voix de Dieu en nous. Voilà l’unique nécessaire, l’unique chemin qui conduit à vivre par en dedans, pour investir par le dedans et éviter ainsi d’être un tonneau vide qui résonne quand on frappe dessus. Tout un programme pour l’année pastorale qui commence...
Tout l’Evangile est une protestation contre un investissement par le dehors. Tout l’Evangile nous offre à contempler un Dieu anti-possession, qui n’a rien pour lui, un Dieu pauvreté, un Dieu dont le comportement est tout le contraire du fermier de la parabole. Impossible de ressentir notre union à Dieu sans s’imposer ce vide créateur qui oblige Dieu à le remplir de sa Présence. S’il y a urgence dans notre Eglise : c’est d’entendre cet appel à devenir riche par en dedans. Notre Evangile est intériorité. Quelqu’un a écrit: le prochain millénaire sera mystique ou ne sera pas. L’urgence est de se donner un coeur mystique, un coeur désencombré capable de tendre en priorité et prioritairement vers les réalités d’en haut. Mort à cette immense idole qui a pour nom : Possession. Soyons honnête, nous faisons le même raisonnement et les mêmes calculs que le fermier. Lâchons d’investir dans le paraître pour s’enrichir par le dedans.
A votre contemplation. Nous avons mission d’investir par le dedans, de re-dimensionner nos vies Nous sommes sur terre la réalité d’en Haut. Le monde est creux pour ceux et celles qui ont entendu l’appel au-dedans Pour entendre cet appel, il faut que nos communautés chrétiennes redeviennent - parce que nous l’avons perdu - et je reprends les mots de Jean-Paul 11 dans sa lettre ouvrant le millénaire - des écoles de prière, des amoureux du silence. Colle Jésus dit un père de l’Eglise à ta respiration et tu comprendras toute la richesse de ne rien avoir car tu auras en toi le souffle de Dieu. AMEN
accueil :
Pour débuter cette célébration, un texte du Père Michel Hubeau ofm que nous pourrions sans doute signer de nos mains tant il colle à notre peau. Écoutez bien ce texte. Il donne le ton à notre célébration.
Certains ruinent leur santé en travail supplémentaire pour pouvoir se payer une résidence secondaire. D'autres, se brouillent à tout jamais, avec leur propre famille pour des querelles d'héritage. D’autres perdent le sommeil et l’appétit en suivant les fluctuations des valeurs boursières. Certains sacrifient tout, détentes, équilibres personnel, vie de famille, les simples joies du quotidien pour accroître, agrandir, devenir plus riche, toujours plus riche afin de profiter de leur retraite. Le texte ajoute.. nous sommes capables de tout prévoir, sauf l'infarctus, l'accident qui cette nuit même mettra brutalement fin à nos rêves.
Pour vous, ce matin, des lectures tellement claires de sens qu’il faudrait être sourd d’oreille pour ne pas les entendre et aveuglés par les biens pour ne pas y voir un appel à investir par en dedans.
Oui tout est vanité. Une eucharistie pour nous re-dire que nous sommes citoyens d’en haut.