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Année B : Lundi 28e semaine ORDINAIRE (litbo28l.09)
Lc 12, 15-21 SAVOIR REMERCIER
  
Quel monde. On amasse or et argent alors que d’autres n’ont rien. Cette folie de l’homme riche ressemble étrangement aux criminels à cravate de notre société.  Que d’exploitations de l’homme par l’homme!  Nous vivons dans une société passionnée pour les biens de la terre. Nous cherchons à tirer avantage de tout, à accumuler des choses dont nous n’avons aucunement besoin. Humains, nous voulons toujours davantage. Que de soucis nous avons pour ce que nous n’avons pas !

En nous présentant ce matin, en ce jour de l’action de grâce, cette parabole qui nous montre dans les mots de Zundel le problème que nous sommes, l’Église nous pousse à nous interroger si nous voulons vraiment vivre dans un tel monde, si nous pouvons vraiment vivre dans un monde comme celui-là.  

Pour plusieurs le tu es fou de la parabole est un jugement dur, une condamnation de Dieu de la méchanceté de cet homme riche. Une telle attitude n’est pas celle du Père de Jésus qui ne méprise personne. Pour ceux qui entrent dans l’esprit de cette parabole, le tu es fou est plutôt une libération que Dieu offre avec finesse à cet homme, à chacun d’entre nous qui amassons toujours plus.

Jésus libère cet homme de sa solitude. Pour lui, personne d’autre n’existe. Jésus le libère de son monde égocentrique. Il le libère de lui-même. Les mots « je » et « moi » apparaissent plus de dix fois dans ce court passage.  Oui, le tu es fou est un appel à quitter les frustrations d’en avoir jamais assez, à délaisser les angoisses de vivre dans la peur de manquer de tout.

Libération, n’est-ce pas là la beauté que nous offre à vivre cette fête de l’action de grâce ? Libération, c’est l’autre mot de l’action de grâce et qui donne à nos vies un goût d’Évangile. Libération, ce fut le chemin emprunté par François d’assise qui de riche qu’il était a tout donné aux pauvres. Libération non pas par mépris des choses d’en bas mais pour être riche en vue de Dieu.

Cette fête de l’action de grâce est une fête d’ouverture aux autres, une fête pour nous émerveiller de la joie de partager et de l’enrichissement que nous en retirons. Cette fête est une fête de dépossession. Le dalaï-lama écrit que le destin de chacun est indissociable de celui de tous. Ce qui manque à cet homme riche, c’est de savoir manquer. Une seule chose te manque : donne tout aux pauvres ! avait dit Jésus au jeune homme riche.

Saintetés, nous sommes heureux d’appartenir à Dieu mais nous avons besoin de ce jour de l’Action de grâce pour nous redire que nous ne sommes pas propriétaire des biens que nous avons. Nous avons besoin de nous redire que notre grandeur ne vient pas des biens que nous avons. Si vous amassez des richesses, n’y mettez pas votre cœur (Ps 62). Nous avons besoin de ce jour festif pour vivre sur la terre comme au ciel, pour vivre dans ce monde qui est le nôtre en songeant aux choses d’en haut (Col3, 11). Un jour festif pour ne pas oublier le don que Dieu nous fait de nous offrir comme nous l’avons entendu dans la 1ière lecture, une terre d’abondance. Souviens-toi du Seigneur ton Dieu, car c’est lui qui t’a donné d’acquérir cette richesse.

À votre contemplation : en ce jour de la fête de la beauté et de la richesse de la création, développons en nous la spiritualité de l’admiration, de l’émerveillement. Quiconque disait Benoît XV1 aux jeunes à Prague récemment est capable de voir la beauté (de la création) ne vieillit jamais. Reprenons les mots de François d’assise : Tu es le seul saint, tu es le seul Seigneur, toi qui as fait des merveilles.

Le saint Curé d’Ars disait que nous sommes comme un pourceau qui mange des glands sans lever la tête pour voir d’où ils sortent.Oui, loué sois-tu pour notre sœur la terre ! Loué sois-tu pour notre refus de voir nos greniers remplis ! Loué sois-tu pour notre amour démesuré à la manière de Jésus, de rien nous approprier! Loué sois-tu pour l’obole, nos personnes que nous donnons ! Loué sois-tu pour ce pain fruit de la terre et du travail humain ! AMEN.