2009 - B- Lc 10, 25-37-Lundi 27e semaine ordinaire- qui est mon procahin
Année B : Lundi 27e semaine ORDINAIRE (litbo27l.09)
Luc 10, 25-37 QUI EST MON PROCHAIN
Il y a en nous un quelque chose que nous pouvons à peine ou pas contrôler : ce quelque chose, ce sont nos premières impressions. Elles nous collent à la peau à la perfection. Ce quelque chose fait que nous avons finalement peu de « prochains » tant l’un nous semble peu sympathique, l’autre indifférent ou encore un dangereux kamikaze. Ce quelque chose fait qu’il nous est difficile, voire impossible de vivre à la perfection d’aimer tout le monde. Ce prêtre et ce lévite, c’est vous et moi qui affirmons comme le légiste connaître la loi de Dieu mais qui passons sans nous arrêter parce que paralysés par nos premières impressions.
Il ne suffit pas de savoir que ce quelque chose, ce quelque chose qui est plus fort que nous, qui nous est spontané existe en nous. Il nous faut sanctifier, évangéliser ce quelque chose jusqu’à développer en nous - et c’est ça pratiquer la loi - les premières impressions de Dieu. Impossible de nous flatter nous dit Paul d’appartenir au Christ, si nous ne renversons pas ces forteresses, ne détruisons pas toutes les puissances qui se dressent pour les amener à l’obéissance du Christ (2 Cor 19, 5).
Par l’image très forte de ce samaritain qui est propre à Luc, de ce samaritain qui unifie, conjugue en lui l’amour de Dieu et du prochain, comme à travers celle de cet homme qui n’étant pas avec Jésus agissait en son nom et qui a fait vivement réagir Jean le disciple bien-aimé (dimanche dernier) (Mc9, 38s), Jésus change notre regard. Il nous montre avec beaucoup de subtilité que le blessé n’est pas celui que nous croyons. Le vrai blessé n’est pas l’homme à moitié-mort sur la route, mais plutôt ceux-là qui passent sans s’arrêter parce que leurs cœurs sont fermés aux autres. Avec finesse, Jésus ramène le lévite, nous ramène à nous-mêmes. Nos premières impressions nous marquent à ce point que nous ne pratiquons pas cette belle vocation de faire surgir en nous au quotidien les premières impressions de Dieu.
Mais reconnaître que cette blessure existe en nous, reconnaître qu’en posant la question qui est mon prochain nous laissons entendre qu’il y a des personnes qui nous sont proches, aimables et d’autres pas, c’est nous offrir la grâce de voir que les premières impressions de Jésus, son premier mouvement, c’est de pratiquer la loi à notre endroit. Il ne fait pas un détour. Il est saisi de pitié, s’agenouille devant nous jusqu’à nous offrir pour nous relever, nous remettre en route, deux deniers qui sont disent les Pères de l’Église, l’ancien et le nouveau testament.
Saintetés, il faut être plein de Dieu pour faire surgir spontanément en nous les impressions divines. Jésus ne nous demande pas de renier ce que nous sommes. C’est impossible. Nous serons toujours harcelés par nos premières impressions. Il nous demande de le laisser, lui, le samaritain, nous offrir l’huile de la compassion qui transformera nos premiers regards par le sien. Savoir qu’il repassera demain pour s’informer si nous prenons du mieux devrait nous rassurer.
À votre contemplation : Un prochain divin se fait proche de nous. Un prochain divin s’agenouille devant nos blessures. Un prochain divin s’oubli, s’abaisse pour prendre soin de nous. Quel mystère à contempler qui a fait dire à la petite Thérèse dont nous venons de souligner la fête : Depuis que je (ne) me recherche plus, - et c’est cela que fait le prochain divin - je mène la vie la plus heureuse qui soit !
Nous sommes appelés à mener la vie la plus heureuse soit en devenant de bons samaritains. À nous maintenant d’offrir nos oreilles pour écouter, nos mains pour prendre soin et nos paroles pour apporter réconfort et soutien aux cœurs déchirés. Va et toi aussi, fais de même et tu auras la vie éternelle. AMEN