2011- C- Lc 10, 38-42- Mardi 27e semaine ordinaire - trouver Dieu en toutes choses
Année A : Mardi de la 27e semaine ordinaire (litao27m.11)
Luc 10, 38-42 : trouver Dieu en toutes choses
À nous qui allons recevoir dans un instant le Corps du Christ, allons-nous le laisser seul au fond de nos cœurs pour immédiatement nous occuper d'autre chose sans ne plus faire aucun cas de lui ? Allons plutôt retenir notre hôte, le supplier, comme les deux disciples se rendant à Emmaüs : reste avec nous Seigneur (Lc 24, 29).Voilà bien le dilemme de toute vie, quelle soit contemplative ou active : trouver Dieu.
Marie et Marthe ont rencontré Jésus, l'ont trouvé. Elles sont devenues des amies, des proches de Jésus. L'une dévorait ses paroles; l'autre se démenait, s'agitait, dit Jésus, à bien le recevoir chez elle. Marie et Marthe ont éprouvé cette sorte de joie merveilleuse de rencontrer Jésus. Elles ont porté toute leur attention sur Jésus, l'une en étant à l'écoute des paroles que le Seigneur me dit à l'intime de mon cœur (Ps 84, 9), l'autre en l'accueillant dans sa maison sachant que c'est à moi que vous l'avez fait (Mt 25, 40).
Saintetés, nous avons été créés pour avoir ce même contact personnel avec Jésus. Nous sommes des créatures créées (François Varillon) pour entrer comme Marthe et Marie, en relation d'intimité avec Jésus. En tout humain, il y a un désir de connaître celui qui surpasse toute connaissance (Ep 3, 19).En chacun de nous, il y a une sensation de vide intérieur qui nous conduit, êtres humains et fragiles, à rechercher une relation - je dis le mot- amoureuse qui puisse nous combler. C'est le point de départ d'une vie stimulante et pleine de sens.
Partout dans l'Évangile, nous voyons des gens qui cherchent à voir, à connaître Jésus. Songeons à Zachée qui, échangeant avec Jésus autour d'une table, fut transformé jusqu'à donner la moitié de ses biens (Lc 19, 8). Songeons à Hérode qui, éprouvant une joie extrême (Lc 23, 8) de le voir devant lui au prétoire s'empressa de l'habiller d'un habit éclatant jusqu'à lui remettre un sceptre royal (23, 11).
En nous, il y a une certaine promotion au cloisonnement ; nous avons une tendance à nous distancer de Dieu en nous attachant aux choses d'en bas. Tout se vit comme si Dieu était absent. Nous avons aussi en nous une autre tendance, celle de désirer établir avec Jésus une profonde relation d'intimité. Tout se vit comme si nous étions hors du monde, dans un autre monde. L'inouï, c'est que plus cette intimité avec Jésus nous habite, plus nous comprenons qu'il n'y a pas de cloisonnement entre notre vie de prière et celle de tous les instants. L'existence chrétienne, c'est notre vie ordinaire qui devient «habitée» par une Présence.
L'enjeu de notre temps est d'entendre, comme l'exprime saint Ignace, que ce Quelqu'un qui frappe à nos portes, nous pouvons lui ouvrir en toutes heures du jour, quelque soient nos occupations. Aucun cloisonnement entre notre vie de prière et notre vie de tous les instants. Il n'y a pas d'un côté le travail, les responsabilités, les engagements et de l'autre notre foi, notre pratique de la prière qui se cantonnerait dans des instants bien délimités dans le temps.
Hier, Jésus sur la route de Jérusalem, s'est arrêté chez Marthe et Marie. Il a frappé à la porte de leur cœur. Si la porte s'ouvre, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi (Ap 3, 20).Ce matin, Quelqu'un prend le temps de frapper à nos portes.
Ignace de Loyola précise que c’est dans cette existence humaine que Dieu parle et qu’il nous faut le trouver ; il rejoint cette page de Luc de ce matin. C'est dans notre vie de tous les jours, que Quelqu'un frappe à notre porte, s'invite à notre table. En toutes choses, actions, conversations, vivons comme si nous contemplions la présence de Dieu. Soyons des contemplatifs dans l'action. En toutes choses, il faut trouver Dieu (saint Ignace). Ouvrons-lui nos portes. Il vient demeurer en nous. Et comme l'exprime la prière d'Élisabeth de la Trinité, aujourd'hui que je ne te laisse pas seul au fond de mon cœur. AMEN.