2007-C- Lc 5, 33-39 Vendredi 22ième semaine ordinaire- vêtements neufs et anciens
Année C : vendredi 22ième semaine ordinaire (litco22v.07)
Lc 5, 33-39 vêtements neufs et anciens
Que ce soit l’invitation à jeter les filets, la guérison de la belle-mère de Pierre, le silence imposé à un possédé ou la lecture d’Isaïe accompagnée de cette déclaration que se réalise aujourd’hui cette Parole, autant de passages chez Luc qui confirment que nous sommes en présence d’un Jésus qui n’en finit pas de surprendre. De nous surprendre.
Toute sa vie, Jésus a posé des gestes étonnants. Nous risquons de ne plus les voir. Il a prononcé des paroles « neuves ». Nous risquons de ne plus les entendre. Ce « Jésus de Nazareth », nous fait voir et entendre une nouvelle sagesse qui n’est plus à trouver dans des rites, des idées, des lois, mais dans Sa personne. Il est ce «premier-né», ce vin nouveau qui nous rend ivres de joie. Son arrivée chez nous, en nous, nous habille d’une nouvelle dignité. Il nous fait revêtir des vêtements de noces (Mc 2,21). Il n’y a rien de plus beau que de communiquer cette splendeur de la beauté du ressuscité.
Tous les jours, nous risquons d’étouffer cette Bonne nouvelle qui sera toujours quelque chose de neuf en l’enfermant dans un cadre ancien. Le danger de coudre du neuf sur de l’ancien demeure même ici élevé. Nous pratiquons avec une expertise inégalée des attitudes de « rafistollement » de l’amour de l’autre, pas nécessairement évangélique, mais qui servent bien notre cause. Nous pratiquons des actes d’offrande pas toujours les plus gratuits !
Devant cet appel à la nouveauté, nous vieillissons tous et toutes plus ou moins mal. Cette nouveauté implique une conversion de soi, de nos urnes anciennes pour nous revêtir de sa divinité. Le « vieux », le « vieil homme » nous fascine encore ! Il nous sécurise beaucoup. L’accomplissement de cette nouveauté en nous ne sera jamais quelque chose d’uniforme, que nous vivons de la même manière. Nous progressons différemment vers ce devenir «accomplissement (Col1, 19)». Avec beaucoup de sagesse, Jésus éveille nos regards, ouvre nos attitudes sur l’inédit. « Dites-moi quelque chose de neuf sur Dieu », demandait Madame Claire à la veille de sa mort.
Contemplatives, contemplatifs, cette nouveauté est-elle déjà accomplie dans nos vies? Nous sommes des êtres qui changent. Nos aspirations changent. La qualité de nos relations mutuelles change. L’élection hier de votre nouvelle « sainte mère » amènera des changements importants au quotidien. Elle est différente de ma sainteté Suzanne. Avec Dieu, nous connaissons des variations, des crescendo multiples. Il y a en nous une tension entre l’ancien et le nouveau. « A personne il n’est accordé de rester longtemps dans le même état. Le serviteur de Dieu doit toujours progresser ou régresser ; il s’efforce d’atteindre les hauteurs ou il glisse vers les précipices »(Guillaume de Saint Thierry, lettre aux frères du Mont-Dieu).Jésus nous appelle à une vie neuve ! Son cœur est habité par le désir infatigable de faire en nous « toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5).
À votre contemplation, cette page n’a qu’un but : nous faire boire ce vin nouveau, vin de la perfection de Dieu. Nous qui avons l’Époux avec nous, il nous faut et quelle tension sera entraîne- transformer nos comportements « protectionnistes » que nous savons trop bien défendre, en comportements divins jusqu’à les rendre à la ressemblance de ceux de Dieu. « Nous n’avons pas à devenir Dieu mais ce que Dieu est » (Guillaume de Saint Thierry). Accueillant et ouvert à des comportements qui ouvrent sur une fête nuptiale où les invités ont été choisis parce qu’ils étaient sur le bord de la route. Une eucharistie de la rentrée- en tout cas de mon entrée 2007- pour aviver en nous le désir de reproduire dans nos vies la perfection de Dieu. AMEN