2012-C-Lc 5, 17-26 Lundi 2e semaine avent- : la foi des porteurs
Année C: Lundi 2e semaine AVENT (litca02l.12)
Luc 5 17-26 : la foi des porteurs
Nous offrir ce matin, une écoute neuve. Offrir à nos oreilles d'entendre autrement la Parole de Dieu, de l'entendre comme une toute autre mélodie que celle à laquelle nous sommes habitués. Chaque année, le temps de l'avent est un appel à une écoute neuve, rafraichie. Cette écoute neuve exige un long travail d'exploration de notre manière d'accueillir cette parole, de rénovation-transformation qui ouvre sur l'étonnement : aujourd'hui nous avons vu des choses extraordinaires (Lc 5, 26). Puisse nos yeux s'ouvrir et nos oreilles entendre (Is 35, 5)!
Autrefois, c'était par le doigt de Dieu (Ex 8, 15) que Moïse accomplissait des prodiges face aux magiciens du Pharaon. C'était par la puissance d'un autre que Paul a fait des prodiges en ordonnant au nom de Jésus à un esprit mauvais de sortir de cette femme, lève-toi et marche (Ac 3, 6).
Et aujourd'hui, pour déchiffrer la parole, la lire avec nouveauté, la goûter avec délice, pour la voir dans toute sa largeur, hauteur, profondeur, pour l'entendre sans préjudice à nos vieilles oreilles (dans les deux sens du terme !), pour en discerner son arôme nouveau qu'elle dégage, il nous faut de nouvelle «oreilles». Il nous faut porter sur elle un regard neuf. Projeter des yeux neufs. Une écoute neuve. Saintetés, où est la nouveauté dans ce texte, ce matin, entendu des centaines de fois ?
La nouveauté qui risque de nous échapper sans cette écoute neuve : Jésus ne parle pas au nom d'un autre mais de sa propre autorité. Il n'agit pas au nom d'un autre. Tes péchés sont pardonnés. Prends ton brancard et marche. Ce sont des paroles d'une si grande nouveauté que la frayeur et l'étonnement saisirent la foule.
Et nous, sommes-nous dans l'émerveillement comme la foule qui est hors d’elle-même dit exactement le texte ? Sommes-nous «perturbés» au plus profond de nous-mêmes ou pour parler en langage biblique secouer avec violence (Mc 1, 26) ? Sommes-nous ces émerveillés, …émerveillés d’être en présence du Dieu Vivant, émerveillés de recevoir son pardon… et la Vie Nouvelle de sa Résurrection ? Sommes-nous ce peuple de la louange qu’annonce le prophète Isaïe, parce que voici que je fais un monde nouveau ? Pouvons-nous dire jamais nous n'avons rien vu de pareil (Mc 2 12) ? Nous sommes cette foule dans la maison près de Jésus. Nous sommes ce paralysé aussi par tout ce qui entrave en nous la naissance de Jésus.
La nouveauté : devant nos yeux, un Christ «agrandi» qui respire l'air du grand large, qui n'a pas froid aux yeux, selon l'expression populaire, en allant droit au but de sa mission : redonner de la dignité, de la noblesse à la personne meurtrie par la vie. La nouveauté, une parole qui n'en finit pas de bouleverser, si nous acceptons de nous laisser interroger par elle, de nous laisser ressusciter par elle. Tes péchés sont pardonnés. Une nouveauté, celle du pardon qui relève. Je te le dis marche. Formulé dans des mots d'aujourd'hui, cela veut dire: ressuscite avec moi, marche avec moi.
La nouveauté, c’est un Christ non « perturbé» par tous ces racontars à son sujet, mais «heureux» de voir que quelqu'un, porté par des «voyants», trouve le soleil de justice (Ml 3, 20). Ces porteurs saisissaient de l'intérieur l'Esprit nouveau qui se dégageait de Jésus.
La nouveauté, c’est un Christ qui ne se fatigue pas de communiquer sa joie de nous voir près de lui. Qui ne repousse personne, même les enfants. Laissez venir à moi. Qui envoie même ses disciples se reposer alors qu'il se rend disponible à la foule qui le cherche. Dans tout le sens du terme, Jésus est un homme mangé. Rien, pas même la fatigue, ne peut apaiser sa faim de nous offrir son aide qui relève, redonne souffle et vie (cf. Jn 13,1).
À votre contemplation: Jean de la Croix parle de la vie spirituelle comme un appel à entendre aujourd'hui des choses extraordinaires. Ô âmes créées pour ces grandeurs, appelées à en vivre, que faites-vous? À quoi vous occupez-vous (C.S. 39,7)? Qu'est-ce que l'Avent, sinon découvrir, comme ces porteurs, ce Bien-aimé, ce Père par le dévouement et mère par la tendresse (Dom Lehodey Avent pour les Cancres, 2012, p.8)qui au quotidien, nous fait entendre des choses extraordinaires. Dieu vient habiter en nous pour nous refaire en forme de Dieu, en forme d'eucharistie. AMEN.