2009- B- Lc 4, 24-30 Lundi 3e semaine carême - prophète dans son pays?
Année B : Lundi 3e semaine du CARÊME (LITBC03L.09)
Luc 4, 24-30 prophète dans son pays?
Quel lien y a-t-il entre Jésus expliquant les Écritures, Élie envoyé à cette veuve de Sarapta ou Élisée envoyé vers ce lépreux Naaman, un Syrien? Les trois sont des envoyés. Et le propre des envoyés — nous le voyons dans les prophètes Élie et Élisée, c’est qu’ils ne sont reconnus par les gens du dehors : par une veuve étrangère, dans une ville étrangère; par un lépreux, un Syrien. Jésus dans sa propre ville, Nazareth, ne fait pas exception. Il éprouve cette tristesse de n’être pas reconnu alors qu’il l’a été à Capharnaüm. Les gens de sa ville lui reproche sa déclaration qui précède notre texte : aujourd’hui s’accomplit ce que vous venez d’entendre. Des auditeurs qui ont peine à s’ouvrir à la lumière! Qui sont prompts à la récrimination, à la désapprobation!
Pour ouvrir cette 3e semaine de notre carême, les textes rejoignent ce que nous vivons au plus profond de nous-mêmes : Nous épuiser à reconnaître le Seigneur. Mon âme s’épuise à désirer ta présence, mon cœur et ma chair sont un cri vers toi, ô Dieu vivant disait l’antienne d’ouverture. Mon âme a soif du Dieu vivant, quand le verrai-je face à face? (Ps) Je mets mon espoir dans le Seigneur (Acc). Textes « lumineux ».
Dans la synagogue, ce matin-là, les auditeurs de Jésus ne voyaient que Jésus, le Nazaréen, eux qui s’épuisaient à désirer sa venue. Ils ressemblaient à ce fils aîné de la parabole des deux frères, mieux connue sous le nom du Père prodigue. Comme le fils aîné, les auditeurs de Jésus bien que vivant dans le Temple, n’ont pas percé la mystérieuse beauté qui se dégageait de sa personne. Ils n’ont pas goûté sa Présence. Ils ne voyaient pas sa générosité : Ce qui est à moi est à toi. Ils avaient des oreilles mais n’entendaient pas.
Nous faisons carême, nous entrerons bientôt en retraite pour nous éviter comme les auditeurs de Jésus dans la synagogue d‘avoir des yeux et de ne pas voir; pour nous éviter comme le fils aîné, de demeurer dans la maison, au service du Père, mais avec un cœur nourrit par le désir du pays lointain et ses appâts; pour nous éviter, même vivant dans le Temple, de nous donner des comportements qui risquent de nous mériter la colère de Jésus, parce que subtilement nos cœurs marchandent une autre richesse que sa Présence.
Comme le fils aîné, nous ne savons pas apprécier en permanence la Présence du Père au quotidien et nous jalousons le fils parti au loin mené une vie légère, frivole. Comme les auditeurs dans la synagogue, nos yeux ne voient que le Nazaréen. Comme les vendeurs du temple, nous sommes incapables d’apprécier la valeur de sa Parole parce nos cœurs recherchent une autre richesse, plus éphémère aussi. Saintetés, nous aussi ne réalisons pas pleinement que nos vies se passent dans le Temple, que nous sommes ce Temple où Jésus prend le temps de s’arrêter pour nous expliquer à nous personnellement, dans le fonds de nos cœurs, sa Parole au risque d’être poussé dehors. Nous ne savons pas comme Paul vivre en état d’action de grâce. Depuis l'origine du monde l'oeil n'a rien pu voir, mon Dieu, des merveilles que tu as préparées pour ceux qui sont attachés à toi dans l'attente » (Is 64,1;1Co 2,9).
À votre contemplation, malgré les risques d’être incompris Jésus prend le temps de nous annoncer la Bonne Nouvelle. Il prend le temps de nous dire que nous sommes uniques à ses yeux, que nous sommes son Temple où il fait sa demeure. Jésus se révolte quand il voit que nous amoindrissons en nous cette conscience que nous sommes des liturgies vivantes dans lesquelles, depuis les origines, Il a choisi de montrer sa Présence. Nous sommes ce que nous recevons : son corps, son Temple vivant. Amen.