2010- C- Lc 4, 1-13 Dimanche 1e semaine carême- Option liberté
Année C : 1er dimanche du CARÊME (litcc01d.10)
Lc4, 1-13 OPTION LIBERTÉ
Chaque année, notre carême s’ouvre sur le récit des tentations de Jésus. C’est une page indéchirable des Évangiles (Bernard Sesbouë). Nous avons toujours l’impression plus ou moins forte que Jésus a vécu sa vie dans un jardin de bonheur, un paradis de Bonheur tant il était dans le Père et que le Père était en lui.
Mais la vérité de l’Incarnation confirme que Jésus a été éprouvé en tout (He4, 15). Sans la tentation au désert, le Verbe fait chair, Jésus, n'aurait pas assumé toute notre condition humaine. Augustin écrit dans une homélie que notre vie ne peut pas échapper à l'épreuve de la tentation, car notre progrès se réalise par notre épreuve ; personne ne se connaît soi-même sans avoir été éprouvé, et ne peut être couronné sans avoir vaincu, ne peut vaincre sans avoir combattu, et ne peut combattre s'il n'a pas rencontré l'ennemi et les tentations (Homélie sur le Psaume 6).
Au désert, si nous laissons entrer la Parole de Dieu en nous, si nous l’écoutons et l’entendons, nous percevons que Jésus a connu la tentation du miracle, d’être tout-puissant, d’attirer sur lui tous les regards, de devenir une «vedette» plein de gloire. Dans l’évangile, Jésus n’a jamais fait de miracle pour lui-même. Satan - et si ce mot nous choque parce que d’une autre époque, traduisons-le par le maître des choses d’en-bas - lui présente ici la tentation d’être fils de Dieu par lui-même. Si tu es le Fils de Dieu… De tout dominer par lui-même : Si tu te prosternes devant moi, je te donnerai toute la terre. De rechercher des actions sensationnelles, fortes par lui-même: jette-toi en bas. Ce sont-là des désirs plus ou moins conscients en nous. De tout contrôler, d’agir par nous-mêmes.
Et Jésus, humain comme nous, nous offre à contempler la beauté de notre liberté : celle de choisir de demeurer à l’image et ressemblance de Dieu. Jésus nous fait contempler ce qu’est être des lucides sur nous-mêmes. Il nous fait contempler que nous pouvons refuser de nous faire du mal, de nous faire mal en centrant tout sur nos chers «moi». Augustin écrit que nous voyons que Jésus a été tenté, mais nous remarquons moins qu’il a remporté la victoire.
Cette page évangélique qui ouvre notre carême est une formidable Bonne Nouvelle. Elle nous montre comment placé devant des choix fondamentaux, nous pouvons choisir, nous sommes capable de cette liberté, éclairée par la Parole de Dieu qui n'est jamais hors de notre atteinte. La parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton coeur pour que tu la mettes en pratique. Et dans son message du Carême, Benoît XV1 nous indique que cette liberté prend forme en nous quand nous remettons nos vies dans les mains de Jésus, quand nous avons confiance en lui, que nous demeurons en Lui.
Ce matin devant nos yeux, nous avons deux visions, deux manières de vivre nos vies : celle de vivre sans limite, délivrée de tout manque – manière tellement recherchée aujourd’hui - et celle que Jésus nous offre à voir : d’assumer nos limites en les remettant avec confiance entre les mains d’au Autre. Au désert, Jésus assume pleinement les limites humaines pour en faire un chemin, une victoire sur ce qui n’est pas humain. Ce n’est pas humain de rechercher la toute-puissance, la gloire, une vie sans manque.
À votre contemplation : en entrant dans ce carême, l’évangile nous lance un appel : libérer notre liberté des forces d’en-bas. C’est Dostoïevski qui écrit qu’il n’y a point pour l’homme privé de liberté, de souci constant, que de chercher devant qui s’incliner. Jésus lui, ce matin, nous offre de nous donner cette liberté de choisir de nous guérir de la fascination de nos idoles, celle du pouvoir, de la gloire, du prestige. Faisons nôtre ce psaume 22 qui affirme que si tu passes parle feu, je ne serai pas séparé de toi, et je ne craindrai aucun mal, car tu es avec moi.
Évitons la tentation de vivre sur un autre terrain que celui de l’union à Jésus. AMEN