2010-C- Lc 2, 41-51 -Saint Joseph - l'ombre du Père
Année C : fête de saint Joseph
Luc 2, 41-51- l'ombre du Père
Pas facile de réfléchir sur quelqu’un dont deux évangélistes sur quatre n’en disent absolument rien. Quand Matthieu et Luc nous en parlent, c’est pour situer Jésus dans l’histoire du salut. Il est le fils de Joseph. De Joseph, Jésus reçoit son identité, sa citoyenneté. De Joseph lui-même, cet homme qui aimait Marie (création théâtrale du groupe 3 alléluias), les évangiles nous rapportent seulement son annonciation.
Nous connaissons l’annonciation de Marie qui se termine par son fiat- qu’il me soit fait selon ta Parole. Nous connaissons moins – peut-être l’ignorons-nous – l’annonciation de Joseph (Mt1, 20-24) où l’ange lui révélait de prendre chez lui son épouse Marie, et dont le récit se termine simplement par il fit comme l’ange du Seigneur lui avait prescrit (Mt1, 23). Jean-Paul 11 dans son exhortation apostolique sur Joseph (redemptoris custos), montre clairement qu’au OUI Marie correspond le FIT de Joseph. Il fit.
Joseph n’est pas un homme de parole. Il est un homme d’action, non flamboyante mais discrète. Nous retrouvons Joseph au coté de Marie au moment de la naissance de Jésus. Nous le voyons présentant Jésus dans le temple au huitième jour. Sans hésiter, de nuit, il se lève pour fuir en Egypte. Il y reviendra de la même façon (Mt1, 19-23). Et l’évangile nous le montre ce soir, douze ans plus tard, dans le Temple. Ton père et moi t’avons cherché durant trois jours. Et puis, plus rien n’est dit sur Joseph.Joseph n'est que l’ombre du Père (André Donze, Ed Lion de Juda 1989).
Aujourd’hui, alors que nous affirmons la priorité de l’être, de ce que nous sommes sur ce que nous faisons, Joseph, lui, nous rappelle que ce que nous sommes, s’accomplit aussi à travers nos actions, dans ce que nous faisons ou ne faisons pas. Joseph est un homme d’action mystique. Il a tellement jeûné de lui-même qu’il peut affirmer avec Paul que ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu et la grâce de Dieu en moi n’a pas été vaine (1 Co15, 10). Il a tellement vécu dans l’effacement de ses intérêts, de sa volonté, de ses ambitions qu’il n’a jamais attiré l’attention sur lui-même; il n’a jamais fait parler de lui tant il se regardait comme rien, s’élevait au dessus de soi-même, pour s’écouler en Dieu, par une simple inclination (Carême des Cancres 2010 Claude-François Milley (1668-1720), p.48). Il a tellement fait sien l’Esprit de Dieu qu’il a passé sa vie à décroître pour qu’il croisse(Jn3, 30).
Sa vie durant, Joseph fut frappé d’étonnement(48). Il s’étonnait de ce qu’on disait de lui (Lc2, 33).Tout en ne comprenant pas la fugue de son fils adoptif, dans sa foi il jouissait de cette connaissance qui surpasse toute connaissance (Eph 3, 19),retenait tous ces événements et les méditait en son cœur (Lc 2, 19). L’enfant sous ses yeux était sa nuit. Il est devenu très tôt son aurore tant son union-mystique était sans faille. Imbattable d’effacement, il anticipait dans sa vie la discrétion de Dieu en Jésus.
Pour paraphraser Paul (Ph2, 6-7), Joseph qui était près de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité comme tel. Adorateur incomparable du Père, avec Marie, il a touché, vu, contemplé le Verbe de Vie. Il s’est mis silencieusement à l’école de cette sagesse qui grandissait sous ses yeux. Il a appris, en vivant dans l’intimité de Jésus, a devenir et c’est la seule description qu’en fait Matthieu – un homme juste. Et ce mot dans l’écriture n’est pas à comprendre dans un sens moral mais comme une canonisation.
Bossuet qui savait dire les choses, écrit qu’il y a dans l’Évangile deux vocations: celle des apôtres qui sont des lumières pour montrer Jésus au monde et (celle de) Joseph qui est un voile pour cacher le secret de Fils de Dieu. L’Incarnation, ce grand mystère de foi, notre mystère précise Jean de la Croix, a été confié à Joseph pour cacher le fils de Dieu, pour en préserver son secret.
À votre contemplation : Modèle de foi, d’obéissance et de silence, le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur (saint Grégoire de Naziance). Une eucharistie pour que notre monde découvre la beauté d’une vie fascinée par Dieu. AMEN
retour a fêtes spéciales