2010-C-Lc 1, 39-56 Lundi 9e semaine ordinaire - rencontre d’amitié
Année C : Lundi 9e semaine ordinaire (litco09l.10)
Luc 1, 39-56 : rencontre d’amitié
Aucune langue humaine ne peut assez glorifier celle qui s’est mise en route portant en elle le médiateur entre Dieu et nous. Aucun éloge humain n’est à la mesure de cette visitation où Marie s’en va portant le pain vivant descendu du ciel. Aucune parole humaine ne peut traduire cette nourriture délicieuse qui permet à Élisabeth de goûter les joies du Paradis. Ces mots de Pierre Damien, ermite, évêque et docteur de l’Église, indiquent que Marie porte quelque chose qui la dépasse. Elle porte l’Évangile en elle. Elle porte Dieu en elle et apporte Dieu à sa cousine. Elle emporte celui qu’elle porte et se produit alors cette merveilleuse, bienheureuse rencontre non à deux, non à quatre, mais à cinq : Jean-Baptiste, Jésus, Marie, Élisabeth et l’Esprit-saint.
Merveilleuse rencontre de charité disent les uns; merveilleuse rencontre d’amitié et d’Amitié pour d’autres; rencontre bienheureuse dans laquelle se passe des choses qui nous dépassent parce que c’est ça, l’évangile. C’est ça, la bonne nouvelle : vivre des choses qui nous dépassent comme cette simultanéité d’un bonheur mutuel indescriptible : comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi? Mon âme exalte le Seigneur; comme cette inestimable rencontre d’amitié gratuite, véritable liturgie du huitième sacrement du frère, sacrement de l’amitié, qui nous touche au plus profond de nous-mêmes. Oui, cette scène de la visitation est l’une des plus belles icônes d’Amitié vraie, l’une des plus bouleversantes de l’Évangile parce qu’elle inaugure déjà le Paradis retrouvé.
Des choses qui nous dépassent : Marie, l’ange de la nouvelle Annonciation, entre chez Élisabeth comme l’ange Gabriel était entré chez elle, posant ainsi la première pierre mystique de l’évangélisation du monde. Ce qui était le point final, le point d’arrivée de la longue route de Marie vers Élisabeth, va devenir le point de départ de la longue marche de l’humanité vers Dieu. Jésus éveille Jean qui va éveiller la foule à sa présence. Dans cette scène, pour la première fois dans l’histoire, une femme, Marie, est reconnue comme porteuse de l’espoir d’un peuple et cela nous dépasse; pour la première fois, quelqu’un, Élisabeth, reconnaît l’arrivée du Messie. À travers Marie et Élisabeth, Luc nous présente une admirable rencontre d’Amitié de Dieu avec son peuple!
Des choses qui nous dépassent : Marie s’est refusé à garder son bonheur pour elle-même – elle partit, littéralement elle se mit debout, dit Luc – parce que pour elle, tout ce que nous ne mettons pas au service des autres, tout l’Amour que nous ne partageons pas devient des richesses perdues.
Ces choses qui nous dépassent : Jésus par Marie vient nous rencontrer, nous visiter aujourd’hui pour que nous puissions rencontrer Dieu et nous rencontrer les uns les autres avec la même intensité de bonheur. Par sa mère, Dieu nous visite pour nous mettre en chemin, pour nous mettre ou nous remettre debout. Cette visitation de Marie nous envoie vivre nos visitations où énormément de choses se passent qui nous dépassent : désormais, comme la voix de Marie, nos voix font jaillir l’Esprit de Dieu dans les cœurs; désormais, notre arrivée chez nos cousins, cousines, fait tressaillir de joie et j’ajoute sans qu’aucune parole ne soit échangée entre nous (Marie n’avait encore rien dit, qu’Élisabeth la salua) parce que nous portons et apportons Dieu. Cette mission nous dépasse.
Des choses qui nous dépassent : Paul, pour guider nos visitations, vient de dire : que votre amour soit sans hypocrisie, soyez unis par l’affection fraternelle, rivalisez de respect, ne brisez pas l’élan de votre générosité… soyez bien d’accord entre vous, n’ayez pas le goût des grandeurs, soyez joyeux avec ceux qui sont dans la joie (Rm 12, 9-16). Signer de nos vies ces recommandations donne une saveur d’évangile à nos visitations. Cela nous dépasse, mais elles sont incontournables.
Ces choses qui nous dépassent : Aujourd’hui des hommes et des femmes, porteurs de rêves, porteurs d’Évangile se rencontrent. Ils font résonner leur Magnificat, leur Te Deum, leur Gloire à Dieu. Oui, nos visitations humaines ont un goût de Dieu, sont des reflets et miroirs de Dieu qui visite et rachète son peuple. Nos visitations ont des goûts de libération. Devant nos yeux maintenant un pain livré qui nous rappelle que des choses se passent qui nous dépassent. AMEN.