2013 - C: Lundi octave Pâques -Mtt 28, 8-15-sortir indemne de Pâques ?
Année C: Lundi de Pâques (litcp00l.13)
Matthieu 28, 8-15 : sortir indemne de Pâques ?
Allez annoncer qu'ils me verront en Galilée (Mt 28. 11).Il n'y a pas un Jésus crucifié, un Jésus roi, un Jésus ressuscité. Allez annoncer que c'est le même Jésus hier, aujourd'hui et demain. Commence une nouvelle manière pour Jésus d'être présent non plus dans le temple où s'organise un système de la religion mais dans nos «Galilée» où se vivent nos rencontres avec Jésus. Sur ce terrain, personne ne peut sortir indemne de Pâques.
Vers la fin de son livre Confession d'un Cardinal, Olivier Le Gendre répond à son cardinal qui l’avait invité à venir découvrir en Thaïlande la grande misère et les engagements humanitaires auxquels il consacrait désormais sa vie : Comment voulez-vous que je sorte indemne de tout cela ? Et le cardinal lui répond: Oui, indemne, vous dites bien. Si nous nous mettions à l'abri de Pâques, qui serions-nous ? Qui deviendrions-nous ? Nous serions comme des cymbales si nous sortions indemnes de Pâques. Devant ce jour inédit, il faut accepter, jusqu'en en demander la grâce, de ne pas en sortir indemne.
Saint Paul pousse très fort quand il déclare aux Corinthiens : c'est pour rien que vous êtes devenus croyants si vous ne croyez pas que Christ est mort pour nos péchés, [qu'] il a été mis au tombeau selon les Écritures, [qu'] il est apparu à Pierre puis aux douze (cf. 1 Co 15, 1-8). On demandait un jour à Paul Ricœur pourquoi il venait si souvent à Taizé. Il a répondu : J’ai besoin de vérifier ma conviction qu’aussi radical que soit le mal, il n’est pas aussi profond que la bonté du Christ pascal ! Paul Ricœur voyait dans Pâques le pouvoir agissant de la bonté.
Avouons-le, plusieurs de nos propos sur Pâques sont des mots appris par cœur qui risquent de résonner vides et vains pour nos contemporains. Ce à quoi nous croyons, ce à quoi nous voulons croire, c'est que Quelqu'un a essuyé toutes larmes de nos yeux (Ap 7, 17). Quelqu'un est venu nous montrer son imprenable bonté à notre endroit, cette bonté qui n'est pas un signe de faiblesse humaine.
Qu'a-t-il de plus imprenable, de plus profond, de plus inatteignable que la bonté et la beauté de Dieu qui, se levant d'entre les morts, nous élève à sa vie ? Qu'a-t-il de plus invraisemblable que de nous voir conjoints de Dieu - le mot est d'Origène - tant nous sommes devenus participants de sa divinité ? François, le pape, rencontrant les journalistes, leur disait : L'Église existe pour communiquer [...] la beauté «en personne». Belle manière de dire Pâques.
Il est frappant de voir à quel point le Jésus des évangiles est un Jésus qui apporte la guérison, un Jésus venu nous sortir d'une vie non-humaine et nous montrer en acte ce qu'est bien vivre en divin. Mener une vie de toute beauté, respectueuse de l'essence divine que nous sommes. Allez voir dans vos milieux de vie la beauté de la miséricorde de Dieu dont ne cesse de nous rappeler ce pape François depuis son élection comme évêque de Rome.
Pour évoquer ce mystère de Pâques, le théologien Jean-Baptiste Metz écrit que le premier regard de Jésus sur nous ne porte pas sur nos trahisons, nos méconnaissances de son nom, mais sur nos souffrances de nous voir mener une vie moins qu'humaine. Le mal aujourd'hui, c'est justement de tout faire pour sortir indemne de Pâques. Pour ne pas en être infecté.
Saintetés, le il n’est pas ici, questionne nos comportements ecclésiaux. Pâques nous oblige à ne plus nous considérer comme conservateurs d'un musée, fut-il le saint sépulcre. Il est prioritaire maintenant de refuser de restaurer un passé, si glorieux soit-il ou de s'y laisser enfermer. C'est d'aller dehors et de redire cette salutation pascale de Jésus aux femmes : je vous salue. Allons dehors saluer le ressuscité qui est là au cœur de chaque personne humaine sans exception. Comme le dit si bien Patrice de la Tour du Pin : Pâques ! C’est le matin de Dieu au cœur des autres. AMEN.