2013 -C- Jn 6, 22-29 - Lundi 3e semaine de Pâques - comment dire l'ineffable ?
Année C: Lundi 3e semaine de Pâques (litcp03l.13)
Jn 6- 22-29 comment dire l'ineffable ?
Béni sois-tu, toi qui nous donne ce pain. Nous mangeons notre Dieu. Quel admirable et ineffable amour il a fallu, pour inventer cette merveille ! Ce geste dépasse tous les sens. Toute compréhension. Il devrait nous blesser le cœur tellement il est au-dessus de tout. Pour la foule, Jésus était une table recherchée.
Jésus a voulu plus que de se faire l'un de nous, plus que de nous montrer son immense compassion pour nous en s'identifiant à nos souffrances. Plus que de se faire un Dieu nourriture en sachant que nous devenons ce que nous mangeons. Il a voulu et cela est moins souligné, que nous soyons son pain quotidien. Que devenons-faire demande la foule ? Réponse: se laisser croquer par Jésus.
En le mangeant, nous vivons en lui. En nous laissant manger par Jésus, nous devenons son pain quotidien. Nous l'empêchons de mourir. Quand nous mangeons Dieu, c’est nous qui sommes mangés par Lui. Il nous mange. La tradition chrétienne parle d'une nourriture d'immortalité. Un mystère de communion nous relie déjà au Christ. En nous mangeant, Dieu nous rend conjoints (Origène) de son immortalité. Jean de la Croix parle d'union transformante. Ineffable mystère d'indissolubilité ! Admirable échange de plat ! de Table !
C'est le sens qu'il faut donner à ce qu'écrivait Thérèse d'Avila ouvrant son livre des demeures : notre âme est un Paradis où Dieu dit qu'il vient prendre ses délices. Elle a vécue avec intensité qu'en offrant l'hospitalité à Dieu, qu'en se perdant en Dieu, elle devenait ses délices. En écrivant le récit de sa vie par elle-même (#17), elle dit à ses soeurs : c'est un grâce de recevoir cela, c'est une 2e grâce d'en rendre compte et une 3e d'en rendre grâce.
Quand nous mangeons Dieu, c’est nous qui sommes mangés par lui (S. Bernard, sermon 71).Non seulement manger Jésus, mais se laisser manger par Lui jusqu'à devenir Lui. Il avait aussi faim de nous (Élisabeth de la Trinité). Le cri de Jésus sur la Croix, j’ai soif, peut aussi bien s’entendre par j’ai faim. Mystère du déraisonnable : plus nous mangeons notre Dieu, l'expression est du mystique Tauler (sermon XXX), plus nous le rassasions aussi.
L'eucharistie est ce merveilleux procédé (Tauler)trouvé par Jésus pour nous empêcher, lui et nous, de mourir de faim. Merveilleux procédé pour nous unir à Lui et Lui à nous. Merveilleux procédé pour que Dieu habite en nous et nous en Lui. Le vrai croyant est celui qui peut se définir comme une personne en qui Dieu vient se nourrir. Le vrai croyant est une personne qui nourrit son Dieu de sa vie. Si nous sommes déjà divinisés aux racines de notre être par le baptême, l'eucharistie, ce corps mangé, ce sang versé, nous dépouille du vieil homme (Col 3, 9)et nous fait participants de sa divinité (2 Pi 1,4). Ineffable !
Saintetés, élevons nos coeurs : Notre esprit terre à terre, de terrien, ne nous élève pas assez haut pour comprendre qu'en nous nourrissant de ce pain nous permettons à Dieu de se nourrir de nous. Un Dieu nourriture c'est presque inimaginable. Un Dieu qui n'a pas de dégoût de nous, c'est incroyable. En parler, c'est d'en diminuer ses délices. Élevons nos regards de chair, tout humain pour contempler dans ce pain l'humilité de sa divinité et la divinisation de nos vies. Nous sommes capables de Dieu, mais nous sommes aussi disent les mystiques capables de pâtir de la présence de la divinité en nous. Ineffable !
Pourquoi communier ? Je donne la réponse que donnait Charles de Condren, un maître spirituel au lendemain du Concile de Trente : Nous devons aller à la sainte communion, d’abord pour que Jésus soit en nous tout ce qu’il doit être et que nous cessions nous-mêmes d’être ce que nous sommes… Mais nous devons aller à la communion par obéissance au désir qu’a Jésus-Christ de nous recevoir en lui dans son être et dans sa vie…
Soyons logique. Si nous disons que manger le Christ, c’est devenir ce que nous mangeons. En le recevant nous lui permettons de nous «croquer». Nous sommes « suavité », « délice » pour Dieu. Nous sommes la nourriture favorite de Dieu. Mystère de transformation que nous célébrons maintenant dans cette eucharistie. AMEN.