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Année C: Lundi 4e semaine de Pâques (litcp04l.13)
Jean10, 1-10 : Jésus,  la belle porte (Ac 3,2)

Dans une autobiographie publiée en 2010, en Argentine, sous forme de livre-interview intitulé Le jésuite, on rapporte que le pape François se dit persuadé qu'à l'époque actuelle le choix fondamental que l'Église doit effectuer est de descendre dans la rue pour chercher les gens, pour les connaître par leur nom. Si elle ne le fait pas, elle se fait du mal toute seule. Le texte ajoute : si quelqu'un sort de chez lui et va dans la rue, il peut aussi lui arriver d'avoir un accident, mais je préfère mille fois une Église accidentée à une Église malade, qui s'auto-regarde.

N'est-ce pas une traduction en mot d'aujourd'hui de cette belle page spirituelle où Jésus se présente comme la porte des brebis. On peut entrer par une porte. On peut en sortir aussi. Jésus-porte, Jésus belle-porte (Ac 3, 2)  à la fois humaine et divine, Jésus, beauté en personne (François), c'est un Jésus sorti du Père pour accueillir les croyants (préface pascale). C'est un Jésus pascal. Ce seul mouvement contient tout le processus de l'évangélisation. Jésus-porte est sorti pour vivre à la périphérie, comme le rappelle souvent l'évêque de Rome, François.Dieu a tant aimé le monde qu’il nous a donné son Fils.

La porte qu'est Jésus, c'est le cœur du Père dans lequel et duquel le Christ est vraiment une porte digne d'amour, lui qui nous a descellés et ouvert le cœur jusque-là fermé (Tauler). Jésus est la Porte du Père dans lequel est sorti l'amour comme le côté ouvert est la blessure qui répand l'amour. Pour le diacre Éphrem, Jésus pasteur de tous, est descendu, il a cherché Adam, la brebis perdue, [...] il en est remonté la portant sur ses épaules. C'est beau de voir cette convivialité entre Jésus et nous. Dieu est sorti vers nous. Saint Ignace d’Antioche a dit qu’Il est la porte par où entrent Abraham, Isaac et Jacob, les Prophètes, les Apôtres et l’Évangile.

Personne ne peut soupçonner la joie de ce Dieu sorti vers nous quand il nous voit entrer par cette porte toujours ouverte. Il s'empresse d'accourir vers nous, de nous donner son accolade, de nous offrir vêtements neufs et de poser une bague à notre doigt, celle qui scelle à nouveau un lien rompu (cf. Lc 15,1-32). Notre pape François avec des mots très simples, compréhensibles pour tous, disait que Dieu nous attend toujours, [qu'] il ne se fatigue pas. 

C'est beau de voir Jésus faire attention à nous quelque que soit notre indignité. C'est beau de le voir avec empressement, nous porter [son] Évangile (Rm 1, 15). Cette attention de Dieu - Dieu ne réserve pas son attention  aux seuls croyants - est un trésor quand on réalise que notre attention se perd vite dans des orientations futiles, que notre regard se porte souvent et prioritairement sur autre chose que Dieu. C'est beau de voir Jésus faire tellement attention à nous qu'il s'est habillé de l'humain pour ressusciter l'enseveli que nous sommes.

Entendons aussi avec émotion sa voix, comme le fiancé s'émeut à la voix de sa fiancée. Cette voix est salutaire. Elle nous appelle par [notre] nom. Évangélisatrice, elle est sortie du Père pour nous faire entendre que c'est moi qui suis votre porte de salut, votre pâques, moi votre rançon, moi votre vie, moi votre résurrection, moi votre lumière, moi votre salut, moi votre roi. C'est moi qui vous emmène vers les hauteurs des cieux; c'est moi qui vous ressusciterai ; c'est moi qui vous ferai voir le Père qui existe de toute éternité ; c'est moi qui vous ressusciterai par ma main puissante (Méliton de Sardes).

Saintetés, l'unique désir de Jésus est de sortir vers nous pour enter dans nos cœurs, non pour son bonheur mais pour le nôtre, pas seulement pour demain, mais pour aujourd'hui. Maintenant. Et pour nous procurer ce bonheur, lui «porte-bonheur», se tient à notre porte, cellede notre cœur, il frappe (Ap 3, 20).

Avec le grand mystique que fut Guillaume de saint Thierry nous lui disons ce matin : Toi qui dis : Je suis la porte, je t'en conjure, en ton nom, ouvre-toi devant nous! Avec un autre grand mystique, Jean de la Croix, nous regardons cette porte comme une ouverture sur le mystère de Dieu: si tu le regardes bien [par cette porte], tu y trouveras tout parce que l'apôtre Paul dit que toute la plénitude de la divinité demeure corporellement dans le Christ (Col 2, 9). Regarde-le parce que je t'ai tout dit et révélé en lui, et tu y trouveras encore plus que tu ne demandes et plus que tu ne saurais souhaiter. Comme nous venons de le chanter dans le psaume avançons jusqu'à l'autel de Dieu, vers Dieu qui est toute ma joie (Ps 41). AMEN.