2013 - C: Lundi 5e semaine de Pâques- Jn 14, 21-26 -un Esprit qui dérange.
Année C: Lundi 5e semaine de Pâques (litcp05l.13)
Jean 14, 21-26 : un Esprit qui dérange.
À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père. Il s'agit moins de comprendre cet évangile comme une déception mais plutôt d'y entrer. Mieux : cet évangile doit entrer en nous. Nous devons accueillir cette annonce d'un Jésus retournant chez lui, chez son Père qu'il n'a jamais quitté, comme une fulgurante apogée de notre humanité.
Cet évangile confirme deux extraordinaires bonnes nouvelles : Jésus se manifeste à nous au quotidien, je me manifesterai à eux quand nous nous portons attention mutuelle, un respect mutuel. Puis il déclare - et quelle joie indicible - que nous sommes sa résidence principale. Il vient, lui, son Père et l'Esprit, demeurer en nous. L'extraordinaire nouvelle : nous sommes habités par un Trio qui n'est pas un dieu indéfini et diffus comme un «spray» répandu partout (François, homélie, 18 avril 2013).
Plus encore. Le départ de Jésus donne à voir, à éprouver, à ressentir au plus profond de nous une autre extraordinaire nouvelle : nous sommes désormais le Christ lui-même. Augustin précisait que non seulement nous sommes chrétiens mais le Christ lui-même. Ce départ appelle une mise à jour de notre identité. Il est une sorte de mise en demeure de comprendre, que nous humains, sommes les visages de Dieu. Tous les baptisés doivent nourrir cette conviction inouïe que l'ADN du divin et l'ADN des humains sont appelés à entrer en conversation, à faire œuvre commune, à faire cause commune dans le Christ.
L'Esprit nous convoque à un aggiornamento à faire chaque jour. Cela risque de nous déranger. Nous ne sommes pas des monuments qui ne dérangent pas [...], nous ne pouvons pas domestiquer l'Esprit de Dieu, comme l'exprimait François dans une homélie récente. Nous sommes l'être de Dieu (cf. LG 7) même dans nos échecs à observer ses commandements et nos hésitations à lui donner tout l'espace qu'il veut bien prendre en nous.
Ce qui est premier, c'est que nos vies soient bonnes nouvelles. On ne peut annoncer l’Évangile de Jésus sans le témoignage concret de la vie (gazouillis de François, 14 avril 2013). La bonne nouvelle devient bonne nouvelle quand elle nous touche par le cœur. Quand elle change notre vie, qu'elle en donne une direction. Ce sont nos vies qui sont bonnes nouvelles plus que nos paroles. C'est la sainteté de chacun d'entre nous, animée par son Esprit, qui est l'outil premier de l'évangélisation. Nous appartenons à cette classe moyenne de sainteté (François citant un auteur français)appelée à devenir la Parole qui passe par nos paroles humaines. Question : Comment suis-je bonne nouvelle ?
Saint Paul et les premiers disciples étaient tellement conscients d'être des porteurs de cette bonne nouvelle qu'ils ne craignaient pas le chemin de croix où cela les conduisait. Pierre ne pouvant se taire, annonçait avec une assurance remarquable et une ferme détermination d'obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes (Ac 5, 29 ; 4, 13-31).
Saintetés, si notre vie n'est pas bonne nouvelle, comment espérer transmettre notre foi aux générations ? Ne soyons pas qu'une nouvelle parmi d'autres. Quand nous sommes bonne nouvelle, tout le monde court après nous. Nous recherche. Ce fut l'expérience de Mère Térésa, de sœur Emmanuelle, de l'abbé Pierre et de bien d'autres. N'ayons crainte, comme chrétiens, nous avons un emploi assuré. Nous ne serons jamais en chômage.
Mais être bonne nouvelle n'est possible que si nous maintenons des liens de proximité quotidienne avec Jésus pour mieux le connaître, le reconnaître aussi.
Que l'Esprit de Dieu nous donne de nous maintenir en état de proximité avec lui, en état d'adoration. Puisse-t-il nous déranger, nous remuer, nous faire sortir dehors pour nous tenir en périphérie. Qu'il nous aide à nous maintenir en état de cohérence entre nos paroles sur Jésus et nos manières d'en vivre. AMEN.