2013 -C : Mc 10 : 17-27 Lundi 8e semaine ordinaire - un «riche» dépossédé pour LUI
Année C : Lundi 8e semaine ORDINAIRE (Litco08l.13)
Mc 10 : 17-27 jeune homme riche
Nous avons moins d'ardeur à nous assurer des biens spirituels que les gens du monde n'en ont à s'assurer les biens de la terre. C'est ainsi que le grand priant saint Bernard s'interroge à la lecture de ce passage connu sous le nom du jeune homme riche.
Une extraordinaire nouvelle s'y dégage pour chaque croyant: celle d'un appel à surmonter nos désirs de ne pas en permanence nous occuper que de nous-mêmes. À celui qu'il trouvait beau pour sa manière de vivre la loi, Jésus l'invite à se donner une plus grande beauté, celle de faire de la place à l'autre dans sa vie, de comprendre dans les mots de soeur Emmanuelle que le luxe est un ver qui ronge le coeur de tout humain. Elle ajoute j'ai compris que le fait de renoncer aux choses inutiles (futiles) rend tout bonnement heureux.
Mais devant cet appel de Jésus à tout donner aux pauvres pour avoir un trésor au ciel, une question surgit en moi : comment cela se fera-t-il? Comment Dieu peut-il faire surgir en nous à partir de nos coeurs si attachés à nos biens, une telle générosité ? Jésus tout au long de l'évangile en a donné la réponse: garder sa parole.
Nous avons souvent devant l'évangile une mémoire sélective. Jésus n'a jamais demandé d'être des encyclopédies vivantes, d'être des bibles ambulantes. Il nous demande malgré nos lourdeurs, de garder sa parole, de garder vivante en nos coeurs cette parole écrite pour toi, jour après jour. Cette parole qu'il est difficile de vivre à la manière de Jésus.
Face à la logique de la croissance et de la consommation dont nous ne sortons pas indemne, nous devons réentendre l'évangile nous inviter à nous contenter de ce qui nous suffit. Dans l'ordre de l'avoir, nos désirs sont sans limite. Jésus propose au jeune homme riche de passer de la logique de l'avoir à la logique de l'être. La vie en plénitude ne repose pas sur nos possessions mais sur notre qualité d'être. C'est cela suivre Jésus, rien de moins, rien de plus. Nous courrons vers Dieu avec moins d'ardeur que vers les réalités de notre quotidien.
À la veille de la pentecôte, le pape François déclarait aux 200 000 personnes de tous les continents que l'ennemi le plus terrible de la fragilité de la foi, c'est la peur. N'ayez pas peur. Nous savons que nous sommes fragiles... mais le Seigneur est plus fort.
Cette page du jeune homme riche qui reconnaissait en Jésus ce bon maître dont le message ouvre sur une vie heureuse, ici et dans l'au-delà de nos vies, et la demande de Jésus de nous laisser posséder par Dieu plutôt que par nos attachements, nécessite une passion pour un bonheur que personne ne pourra nous enlever. Cette page et la réponse du jeune homme riche qui est aussi la nôtre, nous fait réaliser que nous courrons vers Dieu avec moins d'ardeur que vers les réalités de notre quotidien.
Saintetés, si nous nous détachons de tout ce que nous possédons pour les remettre à Dieu, Dieu en retour nous remettra tout ce qu'il possède. On appelle cela un merveilleux échange. Il serait plus juste de dire un échange disproportionnel de nos possessions mutuelles. Et Jésus, nous le savons mais ne le réalisons pas assez, ne demande rien sans l'avoir au préalable exigé de lui-même. Le premier il a tout quitté, s'est dépossédé de tout pour nous enrichir.
Tout quitter, cela prend du temps, toute une vie pour y arriver. Mais sachons que si nous gardons sa parole, la ruminons, la méditons, nous y arriverons et nous pourrons redire avec saint Ignace d'Antioche (v.110) que mon désir terrestre a été crucifié et [qu'] il n'y a plus en moi de feu pour aimer la matière mais une eau vive (Jn7,38) qui murmure et chuchote à mon coeur : viens auprès du Père. je ne peux plus savourer les nourritures périssables ou les douceurs de cette vie. AMEN.