2013 -C: Lc 12, 49-53 Dimanche 20e semaine ordinaire -: allez porter un feu de tendresse
2013 - Année C: 20e dimanche ordinaire (litco20d.13)
Luc 12, 49-53 : allez porter un feu de tendresse
Sommes-nous des chrétiens capables de réchauffer les cœurs ? C'est la question que posait François aux évêques à Rio récemment. Jésus vient de nous dire qu'il est venu allumer le feu, qu'il est venu pour embraser les cœurs de miséricorde, de compassion, de justice, de pardon. Il ajoute comme je voudrais qu'il soit allumé. Le temps pascal se termine par ces mots : Viens, Esprit saint, pénètre le cœur de tes fidèles, qu'ils soient embrasés du feu de ton amour. A Rio, François disait au jeune faites du bruit, faîtes du tapage.
Mais comment cet embrasement est-il possible dans une société laïque, dans une société comme la nôtre où la foi chrétienne a bien mauvaise presse ? Où domine l'impression que la foi ne semble plus en mesure d'apporter des réponses aux grandes questions de la vie ? Jean-Paul II en donnait une piste de réponse quand, durant l'année sainte de l'an 2000, il disait aux jeunes : si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu sur la terre.
Si nous sommes ce que nous sommes, des chrétiens, des évangiles vivants, des paroles de Dieu (I Pi 4, 11), non pas des athées pratiquants, des athées pieux comme l'exprimait un évêque (Gérard Ducourt), non pas des chrétiens désabusés, sans joie mais des chrétiens qui témoignent d'une manière de vivre qui sort de l'ordinaire (épitre à Diognète), nous mettrons le feu sur la terre. Nous serons des allumeurs d'incendie. Ce feu est une boussole indicatrice que la bonne nouvelle est annoncée.
Mais, et l'évangile entendu tantôt nous rappelle cela, semer ce feu de l'Évangile ne nous conduira jamais à une vie douillette. La “suivance” du Christ, comme le confirme la vie de Jérémie (Jr 38, 4-6.8-10) conduit à vivre sa vie sur une mer agitée. Luc parle de recevoir un baptême. Aujourd'hui, la tentation est forte de mener une vie chrétienne douillette, axée sur la rencontre avec Jésus mais détachée d'une foi sociale qui allumera toujours un feu de vives réactions. Il n'y a pas que les priants qui séduisent. L'action à la manière de Jésus, aussi, séduit, mais soulève de vives passions. Réactions et divisions.
Nous l'éprouvons à tous les jours, chaque fois que nous prononçons le nom de Dieu, que nous exprimons quelque chose de notre foi, que nous nous affirmons chrétiens et croyants dans notre société laïque, cela allume un feu de réactions les plus diverses qui peuvent faire reculer et réduire la vie de foi au domaine du privé. Pourtant les réactions sont des portes qui ouvrent à la foi. Des portes de la foi.
Paradoxe, si nous regardons en profondeur, si nous écoutons en profondeur, si nous nous tenons sur le terrain des mécontents, des déçus de l'Église, nous ouvrons un chemin d'échange. Beaucoup de nos proches ont pris leur distance de la foi, de l'Église simplement parce que personne n'a réchauffé leur cœur. Parce que personne ne les a rejoints dans leur questionnement.
Les blessures, des cœurs blessés, irrités par des comportements inadéquats de l'Église, ouvrent des portes de communion. Une porte pour réchauffer des cœurs meurtris. Des blessures, ça rapprochent. Être des chrétiens «facilitateurs» de la foi plutôt que des chrétiens «contrôleurs», moralisateurs. C'est la révolution de la tendresse dont parle le pape François et qui débute quand nous cessons de tout voir à partir d'une morale posée à priori.
Cet évangile qui termine nos rendez-vous de la saison, nous dessine une mission, celle de ne pas craindre les opposants à la foi mais plutôt de faire route avec eux, de les écouter dans leurs questions pour leur expliquer dans un langage neuf, que notre Dieu est venu vers nous pour justement porter nos souffrances et questionnements. Nous les expliquer. Je vous demande, disait François à Rio, d'être des révolutionnaires, pas dans le sens de vouloir tout casser, mais dans le sens d'aller à contre-courant et de manifester en gestes et en actes cette grande révolution de la tendresse que nous apporte Jésus. AMEN.
Évangile:
Année:
Pérode:
Date:
Dimanche, 1
septembre, 2013