Année c

En écoutant ce récit de la Passion, avons-nous éprouver de la joie? avons-nous rencontrer la Joie en Personne ou le Christ souffrant ? Ma question peut surprendre. Si pour nous ce récit n'en est pas un de « plénitude de joie » , n'en est pas un d'une coupe remplie de joie, c'est que nous ne connaissons pas Jésus et « que nous n'avons pas en nous les mêmes sentiments qui furent ceux de Jésus » .

Notre premier regard devant cette parabole s'arrête aux gestes des vignerons qui systématiquement liquidèrent les "serviteurs" envoyés par le Maître. Regard horrifié par des comportements inacceptables, injustes, inhumains aussi. Il y a un autre regard, plus subtile, explicatif de tels comportements et que Matthieu laisse voir quand il précise par la bouche même des vignerons (ils ne sont pas si dépourvus de lucidité que ça) que c'est parce qu' " ils ne portaient pas de fruits, (que) la vigne leur sera enlevée pour la remettre à d'autres" .

Ce qui est lumineux dans cette page de Marc, ce n’est pas tant le geste de Jésus à l’endroit d’un sourd-muet qui n’a rien demandé – le texte d’ailleurs laisse entendre qu’il n’est pas muet mais parle difficilement – il béquait-; ce qui est lumineux, c’est l’attitude de la foule qui même si elle n’a rien vu-" il l'amena à l’écart, loin de la foule" -s'est mise à parler avec admiration de Jésus. En voyant le muet parler correctement, correctement aussi de et à Jésus, cela a ouvert à l’entendement toute une foule Voilà ce qui est admirable

À la veille de cette quinzaine de la Passion monte en moi ces mots d'un chrétien, Dietrich Bonhoeffer, exécuté à l'âge de 39 ans, qui parlait " du prix de la grâce ". Alors que nous vivons dans un environnement qui promeut la facilité, le refus de toute contrainte, l'abandon de tout effort, " la grâce à bon marché qui ne coûte rien " (Bonhoeffer), devant nos yeux, la grâce qui coûte cher, celle de la croix de Jésus, " celle qui nous contraint à nous soumettre au joug (léger) de Jésus-Christ "