2024-B- Mc 10, 13-16 -samedi de la 19e semaine ORDINAIRE- Élisabeth Turgeon
Année B : samedi de la 19ième semaine ORDINAIRE
Mc 10, 13-16 – Élisabeth Turgeon
En ce lendemain de l’Assomption, je me demande qu’elle ait mon magnificat aujourd’hui ? Qu’est-ce qui est beau autour de moi et en moi aujourd’hui ? Qu’est-ce qui me fait courir rencontrer les gens ? Ces questions sont urgentes, importantes pour ne pas sombrer à regarder avec nostalgie le passé, pour ne pas tomber dans la déprime jusqu’à nous demander à quoi bon d’agir quand rien ne semble changer ?
Une réponse se trouve, ce matin, dans Élisabeth Turgeon qui fut pour notre terre d’ici, une véritable mère. C’est la meilleure description qui définit le mieux sa vie. Elle fut une mère qui a pris soin des petits, des malades, des mises au rancart par la société. Une mère, non une mère strict, sévère, mais qui a mis tout son amour, toute sa tendresse de mère, toute sa compassion à éveiller à la foi.
Véritable mère, elle n’a pas utilisé son « pouvoir » d’enseignante pour convaincre les élèves. Elle ne fut pas une donneuse de leçon. Elle a utilisé sa joie débordante, sa vie de grande simplicité, celle du presque rien qui brille dans l’Évangile, débarrassée de tout superflue, sa personne pour éveiller à la foi. Elle a su comme toutes les mères, se tenir debout, malgré une santé plus que fragile et dans un contexte de grande pauvreté matérielle. Nous faisons mémoire d’une vie de foi, de charité pratique, de courage, de créativité, se dépensant pour s'occuper des faibles, des malades, pour éduquer les enfants.
La visitant sur son lit de mourante, son médecin l’entend lui demander si elle allait mourir aujourd’hui. Lui serrant la main, il lui dit : vous paraissez si contente de mourir[1].
Ne rêvons pas de retrouver aujourd’hui l’itinéraire d’une époque révolue. Contemplons la beauté d’une vie d’intranquillité, d’une foi agitée qui se laisse déranger par l’Évangile et qui sclérose toute sa personne.
Pour répondre à cette pauvreté de foi autour de nous, cette « mère » nous dicte sa petite voie : l’intranquillité. Jésus, et cela m’étonne chaque jour, ne promet pas à ses disciples la tranquillité, mais l’intranquillité. Sa naissance indique qu’il fut un signe de contradiction par sa proximité avec les petits, croyants ou non-croyants que les chefs religieux rejetaient, condamnaient au nom de Dieu. L’intranquillité permet de construire la plus belle version de l’humanité, pour citer Tonu Estanguet en ouverture des jeux de Paris, que Jésus appelle son royaume.
Paul indique le chemin qui décrit bien son intranquillité, sa spiritualité : se dépouiller de nos vêtements, du vieil homme, pour revêtir les vêtements du Christ ; de mener une vie d’entrailles de miséricorde pour les petits de toutes catégories, les pauvres, les malades. De tout supporter avec bonté et montrant un esprit de patience. Paul termine en indiquant que la paix et l’action de grâce, soyez reconnaissant, confirment une vie de contemplation de Dieu et du service des autres.
Que cette mémoire d’une « mère » marquée par l’intranquillité nous fasse voir la beauté qui se cache sous les décombres de notre temps.
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