2023-A-Lc 12, 49-53 -jeudi de la 29e semaine ORDINAIRE- être feu dévorant
Année A : jeudi de de la 29e semaine ordinaire (litao29j.23) 26 oct.-23
Lc 12, 49-53 être feu brûlant
Un évangile apocryphe postérieur rappelle une autre parole qui pourrait provenir de Jésus : Celui qui est près de moi est près du feu. Celui qui est loin de moi est loin du royaume. Être près de Jésus, c’est être près du feu. Ce qui fait vivre Jésus, c’est un feu qui dévore tout sur son passage. Déjà le prophète Isaïe disait : mon cœur était comme un feu dévorant, enfermé dans mes os. Je m'épuisais à le contenir, mais je n'ai pas pu (Jr. 20, 9).
Mais de quel feu s’agit-il ? Aujourd’hui, il y a un consensus parmi les exégètes pour affirmer que le feu qui brûlait Jésus n’est pas celui de sacrifier sa vie pour nous sauver. Quel Père aurait envoyé son fils sachant qu’il sera tué ? Le théologien Bonaventure dont la position n’a jamais été condamnée par l’Église, prônait que le péché n’est pas la raison de la naissance de Jésus. Sa naissance s’inscrit dans la logique du projet de Dieu de nous éveiller à une forme de vie synodale. Son baptême de feu était signifiait un engagement de Jésus à convertir nos manières de vivre du chacun pour soi pour privilégier un vivre-ensemble, une vie synodale qui est le mode de vie de son royaume.
Affirmer que Jésus a sacrifié sa vie est une option théologique qui ne rejoint plus, qui ne fait aucun sens à la mentalité d’aujourd’hui. Le mort de Jésus est la conséquence de sa manière de vivre. C’est son souci de donner de la dignité à ceux que la religion considérait comme des impurs ; c’est parce qu’il a perdu la tête pour porter secours aux victimes d’un système religieux qui leur refusait d’entrer dans des synagogues ; c’est parce qu’il fut un dangereux contestataire des pratiques religieuses et sociales qui excluaient les impurs, c.-à-d. la majorité des personnes selon les preachers de l’époque que Jésus fut recherché pour le faire mourir. Jésus a ouvert un grand feu sur la terre qu’il appelait son royaume et comme je voudrais qu’il brûle.
Ce feu, c’est une terre fraternelle, une manière de vivre en forme synodale qui fait tellement problème que le pape a donné comme priorité aux membres du synode d’écouter, de s’écouter. D’où les temps de silence qui ouvrait chacune des sessions. On entend entre les branches que ce synode n’est pas facile à vivre pour les délégués présents.
Jésus s’opposait à ce mouvement du jamais assez qui conduit à la destruction de nos forêts, au chacun pour soi, à l’un contre l’autre, à l’accélération perturbatrice (Harmut Rosa) du consumérisme. Il refusait l’idéologie du que vais-je faire du maître qui ne savait plus où entreposer sa récolte, qui agrandissait ses greniers (Lc 12, 13-21). Le feu qui nous dévore aujourd’hui est celui du jamais assez, celui de préserver les avoirs démesurés d’une certaine classe de la société et qui sont plus inquiets de voir stagner leur compte de banque, de protéger les Césars attaqués de toute part plutôt que vivre en mode synodal, en mode ensemble.