2023-A- Jn 19, 25-37- samedi de la 24e semaine ORDINAIRE- Padre Pio
Jn 19, 25-37- Padre Pio, homme de prière et de souffrance.
Le seul nom de Padre Pio évoque en moi un homme tellement saisi par le Christ, dans le Christ qu’il pouvait dire comme saint Paul et l’expérimenter dans son corps comme le Poverello d’Assise : avec le Christ, je suis fixé à la croix ; je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Le pape Paul V1 disait de lui qu’il était un homme de prière et de souffrance. Il faisait voir Jésus en lui (mère Térésa).
Homme de souffrance. Il a vécu sa vie au pied de la Croix. Il fut, dira la préface, associé à la passion de Jésus. Ceux qui allaient vers lui découvraient une image vivante du Christ souffrant. Sa vie fut une prédication sur la souffrace. Il en parlait peu. Il la vivait en silence de peur d’en trahir le mystère. Il a parcouru sa vie sur une mer orageuse, au milieu des grandes tempêtes qu’il affrontait, comme des assauts du diable qu’il surmontait avec l’armure de la foi.
Je souffre, je souffre beaucoup, disait-il, mais grâce au bon Jésus, je sens qu’il me reste encore quelque force. De quoi ne serait pas capable la créature qu’aide Jésus ? Lorsque je contemple la croix sur les épaules de Jésus, je me sens toujours plus réconforté, et j’exulte d’une sainte joie. Ce n’était pas la souffrance qui était au centre de sa vie, mais l’amour avec lequel Jésus a porté sa croix. Il n’a jamais oublié d’aimer. Son visage resplendissait de lumière, de la lumière du ressuscité. Chacune de ses eucharisties était un abîme de souffrance et d’amour pour Jésus.
Ses souffrances étaient plus que physique. Il affrontait en mode identification à celle du Christ l’opposition permanente de sa communauté qui contestait sa bilocation, de son Église qui lui a défendu pour un laps de temps de célébrer l’eucharistie en public. Qui n'était pas frappé par la ferveur avec laquelle il revivait la Passion du Christ au cours de chaque célébration eucharistique ?[1] Sa souffrance la plus insupportable était sa situation de pécheur et seule sa profonde conviction de la miséricorde de Dieu lui permettait de la vivre en ressuscité. Il répétait qu’il était le plus grand pécheur, le plus nul des chrétiens et que c’est justement pour cela que Dieu l’a choisi.
Homme de prière. Sa renommée d’homme de prière lui collait à la peau. Ses journées n’étaient que celles d’un pauvre qui prie. Il n’était que rosaire vivant, que méditation et assimilation continuent des mystères du Christ en union spirituelle avec Marie[2]. À la porte de sa chambre, il avait écrit : Marie est la raison de toute mon espérance. Elle était son arme, son épée. Il répétait après la communion : reste avec moi, Seigneur, tu es ma vie… je suis faible et j’ai besoin de ta force… sans Toi, je suis dans les ténèbres…. Je ne Te demande pas la consolation, seulement le don de Ta présence.
Homme de charité. C’est là dans ses moments de prière qu’il puisait l’énergie pour demeurer homme de charité. Que l’on songe à sa maison du soulagement de la souffrance, son œuvre principale, envisagée en pleine période de guerre et réalisée grâce à la générosité de millions de donateurs. Image vivante de la souffrance, Padre Pio ne voulait pas que ce soit un hôpital, mais une maison accueillante. Pour lui, dans le malade, il y a Jésus qui souffre, dans le pauvre malade, il y a Jésus deux fois. Soulager la souffrance des malades, des souffrants, nourrissait son quotidien. Sa spiritualité.
Le psaume tantôt est le plus beau résumé de sa vie. Seigneur, tu es mon seul bien. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite ; je suis inébranlable. J’ai dit au Seigneur : tu es mon Dieu, mon partage, ma coupe, de toi dépend mon sort.
Vivons cette eucharistie en nous approchant un tout petit peu des sentiments qui animaient Padre Pio devant ce grand mystère eucharistique dont il portait les stigmates dans son corps. AMEN.
[1] https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2009/june/documents/hf_ben-xvi_spe_20090621_chiesa-san-pio.html
[2] Ibid