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Année A : samedi de la 17e semaine ordinaire (litao17s.23)  

Luc 9, 1-6- une vie ineffable : Bienheureux Frédéric Janssoone

Le meilleur chemin pour annoncer Jésus est de le prendre soi-même. Si nous vivons de l’évangile, nous devenons entièrement nouveaux, nous devenons séduisants, trésors, perles précieuses (Mt 13, 44-52). La vie du Père Frédéric est ineffable. Elle embrasse la profondeur de François d’Assise. Pascal, dont nous venons de célébrer les 400 ans de la naissance, déclare qu’en faisant le choix de Dieu, nous ne perdons rien. Si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc que Dieu est, sans hésiter. 

Père Frédéric ne se demande pas où est l’évangile. Sa vie est évangile. Sans moi, vous ne pouvez rien faire, enseigne le Christ à ses disciples. Il ne se demande pas comment exercer son sacerdoce, il est sacerdoce. Vie livrée. Il a détruit en lui un certain moi qui est né avec nous (Marie de l’Incarnation). En se délestant de tout, il trouve la perle qu’il cherche. Sa sagesse de pauvre à la suite de François est de dire par moi-même, je ne peux rien.

Pour utiliser une image de l’évêque de Rome, il court comme un fou^[1] qui est autre chose qu’être un fou qui coure. Il court vers Dieu avec l’esprit de saint François, convaincu que sa mission de montrer Jésus n’est pas pareil avec ou sans le Christ (EG # 266). Il court vers les autres en vivant ce que saint Paul exprime : Je ne peux m’en empêcher, et malheur à moi si je n’annonce pas le Christ (1 Co 9, 16). Il court avec Marie à la rencontre des autres.

Peu importe les défis du chemin, il court, marche, va de l’avant, se fait tout à tous (1 Co 9, 22), portant partout l’Esprit vivant de Jésus. Il vit tellement en Dieu et de Dieu que partout où il passe, il fait des petits miracles. Il engendre la joie dans les cœurs.  

Sur la route, il n’utilise aucune astuce. Il ne maquille pas sa vie de beau discours. Il offre à voir le plus beau des trésors : son dépouillement, véritable « aimant » qui attire les gens. Sa « petitesse », sa grande simplicité, son imprenable humilité attire les gens sur son passage. On retient sa prédication que son dépouillement tant il laisse la pauvreté l’épouser. Il n’a aucun   désir de se promouvoir.  

Ce que nous dit la vie du Père Frédéric, proche de la canonisation, dit le postulateur : l’évangile se transmet en s’abaissant et non en s’élevant, en se délestant d’équipement non essentiel comme la recherche de pouvoir, en ne s’appuyant pas sur des sécurités matérielles, en rejetant toute mondanité.  Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie dans vos ceintures, ni sac de voyage, ni deux tuniques, ni sandales, ni bâton (v. 9-10).

Sa vie ineffable anticipe ces trois conseils que présente l’évêque de Rome à des religieux : être présent à Dieu, un grand zèle apostolique et le courage d’être créatif^[2]. Père Frédéric est pauvre. Pauvre de lui. Il sait que de lui-même, il ne peut rien. Il n’est que rien. Il sait qu’avec Jésus au centre de sa vie, sa parole devient parole de feu, parole de Dieu qui sème une graine qui portera un beau fruit, qui tourne, retourne les cœurs vers l’essentiel. Pauvre de pouvoir, il dégage ce pouvoir que Jésus laisse à ses disciples, celui de guérir, de relever des gens de la déprime, de faire jaillir la joie sur son passage. Sa vie mariale est en harmonie avec la Parole qu’il diffuse sur la route.

Il marche sur les routes du monde non avec le style du monde, non avec les valeurs du monde, non avec la mondanité, mais avec la simplicité de l’évangile. La sagesse du monde ne l’a pas rendu fou… elle ne permet pas de connaître Dieu. Ce qui est folie de Dieu, n’apportez rien, est plus sage sagesse que la richesse. Il ne sert pas deux maîtres : Dieu et l’argent. Il montre Jésus plutôt que de discourir sur Jésus. Celui qui enseignera aux hommes les commandements et les pratiquera, celui-là sera déclaré grand dans le Royaume des cieux (Mt 5, 19).

Notons que ce n’est pas lui qui opte pour le dépouillement de tout pour annoncer Jésus, c’est Jésus qui le dépouille de lui-même, le rend pauvre de lui-même, le fait riche de sa Parole. Trois mots sont à retenir de sa vie : Jésus, Marie et la miséricorde. Il a libéré sur la route l’image d’un Dieu juge sévère des non-pratiquants pour celle d’un Père qui s’épuise à courir vers nous.

Aujourd'hui le risque est grand de mener une vie de contemplation de notre or (Basile le grand IVe siècle) en oubliant qu’annoncer Jésus, c’est être à la fois contemplatif pour agir comme lui. AMEN »