2023-A-Mt 13,44-52-dimanche de la 17e semaine ORDINAIRE- richesse cachée
Année A : dimanche de la 17e semaine ORDINAIRE (litao17d.23)
Mt 13,44-52- richesse cachée
Si on demande à un prêtre, à un catéchiste, à un théologien ou à un chrétien, ce qu’est le royaume des cieux, nous obtiendrons diverses réponses parce que le royaume est quelque chose d’inconnu, de caché comme l’exprime le poète Eloi Leclerc. Nous ne cherchons pas un lieu. Nous ne cherchons pas quelque chose de tangible. Nous cherchons quelque chose comme des signes ténus de l’existence d’une bonne nouvelle, de l’existence d’un Dieu bonne nouvelle. Nos images de Dieu déforment tellement qui il est.
Qui cherchons-nous ? Jésus a posé cette question à ses proches collaborateurs et a obtenu différentes réponses. Nous ne savons pas ce que nous disons quand nous disons le mot Dieu. Le mot recouvre le meilleur et le pire. Il faut faire le tri comme avec le filet de pêche. Au nom de Dieu, on peut aimer, tuer, grandir ou détruire. Il y a des ayatollahs, même dans le catholicisme. Ce sont des « preachers » qui sermonnent, qui lient de pesants fardeaux aux autres, mais ne remuent pas leur petit doigt.
Il est urgent de reconnaître qu’on ne connaît rien de Dieu et qu’il faut le chercher, le rechercher. Il ne suffit pas d’avoir des oreilles pour entendre ni des yeux pour voir. Il faut être attentifs aux choses cachées. Salomon à justement demandé la sagesse de percer ce qui est caché. D’avoir des yeux capables de voir en profondeur.
Thérèse d’Ávila faisait remarquer à ses compagnes que nous sommes attachés à des trésors qui ne contiennent même pas une parcelle, une étincelle de divinité […] Hélas, nous nous aimons beaucoup nous-mêmes (5e demeure, chap.4). Dieu seul suffit, dit-elle à ses compagnes.
Nous entendons souvent dire de quelqu’un qu’il parle de ce qu’il ne connaît pas, qu’il donne des réponses apprises par rumeurs ou par désinformations. Cela arrive, me semble-t-il, lorsque les prêtres, les catéchètes, les chrétiens affirment connaître le royaume de cieux.
Si Jésus raconte beaucoup de paraboles pour nous décrire ce royaume, c’est bien parce qu’il demeure un trésor caché, à découvrir, dit le poète Éloi Leclerc. Que ce soit à travers l’image du grain de blé, celle du levain, du marchand de perles qui vend tout ce qu’il possède pour l’acquérir, le message est le même : chaque fois que nous voulons voir grand, nous ne voyons pas le royaume, axe central de l’agir de Jésus.
Telle est la conversion qui ne sera jamais parfaitement réalisée en nous. Passer de l’obsession de la grandeur à l’invisible puissance de la bonté, de la tendresse, de l’amour caché en nous. Passer de la possession de toutes les perles pour posséder LA perle ; nous délester de tous nos avoirs pour acheter LE trésor. Passer d’une Église de toute-puissance à celle d’être presque inaperçue au milieu de nous. Avec Jésus, aucune demi-mesure n’est possible.
Chaque petit geste posé, chaque prise de position de Jésus, chaque geste de « restauration » de la dignité humaine bafouée, chaque fois qu’il déverrouille des portes fermées aux impurs, qu’il déformate une pratique cultuelle axée sur l’extérieur, Jésus fait voir l’arrivée de quelque chose de neuf comme une fleur fragile qui cherche à s’épanouir au milieu des pierres de la violence[1]. Ce trésor n’est pas un lieu. Il n’est pas une destination éternelle ni une réalité lointaine. Mondaine. Il est ce quelque chose que je partage, ne fut-ce presque rien.
Cette perle à découvrir, ce trésor à posséder, il est enfoui en nous. Il fait partie de notre ADN et est donc indéracinable, quelle que soit notre manière de vivre. Demande-moi ce que je dois te donner. Et Salomon de répondre : un cœur attentif capable de discerner ce qui est humain et ce qui ne l’est pas. Faisons nôtre cette demande et nous serons des chrétiens hilarants de joie.