2023-A-Mt 8, 23-27-mardi de la 13e semaine ORDINAIRE- tempête apaisée
ANNÉE A : mardi de la 13e semaine ordinaire (litao13m.23)
Mt 8, 23-27 - tempête apaisée
Quelque chose a attiré mon attention pour la première fois en lisant cet évangile. Pourquoi Pierre a-t-il crié vers Jésus de lui venir en aide ? Sauve-moi, je suis perdu. La mer était agitée, mais Pierre en avait vu bien d’autres, lui dont le métier était justement de se tenir sur la mer. Et comme tout pêcheur, Pierre savait certainement nager. Sur le point de couler, lui, expert des tempêtes sur la mer, n’a même pas essayé de se sauver en nageant. Il me semble que son premier réflexe aurait dû de se débattre, de nager vers le rivage, s’il n’était pas trop loin.
Pourtant, malgré ce peu de foi dont Jésus lui reproche, Pierre a appelé Jésus à l’aide plutôt que de nager vers le rivage. Comment expliquer son attitude, son cri, sauve-moi ? J’offre cette réponse qu’une femme de 94 ans me donnait en partageant sur cet évangile et en me montrant la photo du « prions en Église ». Sans le savoir, sa réponse en plus d’exprimer ce qu’elle vivait profondément, était très mystique, théologique aussi. Sa réponse m’a bouleversé et a beaucoup impressionné les autres. Pierre ne pensait plus à lui, dit-elle, et nous montrant la photo, il avait sa main dans celle de Jésus.
Quelle belle et riche réponse. Depuis sa première rencontre avec Jésus sur le bord du Lac, Pierre a tellement été séduit par cet appel de Jésus qu’il ne voyait que Jésus, ne pensait qu’à Jésus, ne vivait que pour Jésus. Son cri confirme qu’il a vraiment tout quitté et pour un instant il a même oublié qu’il savait nager. Le centre de sa vie n’était plus sa personne. Jésus était devenu le centre de sa vie. Sa confiance en Jésus était inébranlable.
En observant à partir de la photo du « prions en Église » qu’un enfant donnait sa main à un adulte, la foi de la dame lui a fait comprendre l’immense confiance que Pierre avait en Jésus. Pierre n’a pas oublié qu’il savait nager. Il a donné sa main à celle que lui présentait Jésus. Il a reçu la vie au centuple. La même chose se voit dans la rencontre de Zachée, de la Samaritaine, de Nicodème.
La réaction spontanée de cette femme, son observation à partir de la photo du « prions en Église » continue à m’impressionner, à nourrir ma prière.
Le message m’apparait tout simple. Vivre la main dans la main avec Jésus, pas seulement en période de tempête, mais en tout temps. Notre peu de foi n’est pas quelque chose à se reprocher, il engage Jésus à nous accompagner sur la route, nos routes individuelles, à nous saisir par la main, à nous tendre sa main.
Voilà la beauté qui se dégage de cette tempête apaisée. La foi en Jésus n’est pas et ne sera jamais une démission de nos responsabilités. Elle ne sera jamais un médicament à prendre au besoin. Elle nous évite toute forme d’agitation. C’est une attitude de confiance qui nous entraîne à tendre nos mains vers d’autres mains qui vont nous faciliter la route. Ici, les autres mains ont le visage de votre communauté.
À votre contemplation. Demandons-nous pourquoi nous avons toujours besoin d'une mer agitée pour nous laisser saisir par la main de Jésus ? Pourquoi ce beau geste d’une main, la Sienne, tendue vers nous, ne devient-il pas notre manière quotidienne de vivre notre foi ? Crions vers Jésus en temps de crise comme en temps de paix. Vivons attaché à Jésus sans pour autant nous déresponsabiliser de nos tâches quotidiennes. AMEN.