2023-A-Mt 10, 37-42 dimanche de la 13e semaine ORDINAIRE- se décoincer de soi
Année A : dimanche de la 13e semaine ORDINAIRE (litao13d.23)
Mt 10, 37-42 : se « décoincer » de son moi.
L’un des plus grands dangers du christianisme aujourd’hui est le passage progressif de la « religion de la croix », d’une « religion bourgeoise » à une « religion du bien-être ». Le danger est bien réel. Une tendance existe chez les chrétiens de choisir ce qui leur convient et de délaisser ce qui dérange.
Être chrétien, ce n’est pas chercher le Dieu qui me convient et qui dit « oui » à toutes mes demandes. C’est délaisser quelque chose, c’est sortir de mon bien-être pour rencontrer un Ami qui parce qu’Ami va me déranger. L’évangile n’est pas un tranquillisant pour une vie organisée au service de nos fantasmes de plaisir et de bien-être.
Quand nous regardons la manière de vivre de Jésus, il est facile de comprendre que son bien-être n’était pas sa priorité. Il vivait pour accueillir tous les autres, pour soulager tous les maganés, pour manger avec toute sorte de monde même si cela lui a valu la réputation de glouton.
Jésus a passé sa vie à toucher la souffrance des autres. Il ne s’est pas plaint que lui aussi pouvait avoir mal comme tout le monde à la tête, d’avoir des brûlements d’estomac. Il savait renoncer à ses bobos personnels. Jésus vivait pour les autres, pour rendre la vie meilleure pour les autres. Il n’a pas cherché à sauver sa peau, mais bien celle des autres. On le dit sauveur des autres.
Ce qui est premier pour Jésus n’est pas d’enseigner correctement la religion de son temps qui défendait de s’éloigner des impurs, des non-pratiquants. Sa loi nouvelle était de prioriser les autres.
C’est dans ce sens qu’il faut entendre l’appel à tout quitter, à se quitter pour s’occuper des autres, de sa famille, de sa communauté. On appelle cela se « décoincer ». L’évangile nous appelle à nous dépouiller de la prétention de nous suffire à nous-mêmes et de la soif de nous mettre au centre.
Un écrivain, Éloi Leclerc, a mis sur les lèvres de François d’Assise ces paroles : Le Seigneur est là où sont tes frères. Jésus a regardé l’autre non pas comme un numéro, mais comme une personne. L’autre n’est pas quelqu’un à exploiter, mais quelqu’un à aimer. Je ne deviens moi-même qu’en devenant relation à un autre. Plus nous devenons de vrais chrétiens, plus nous vivons pour aider les autres.
En se perdant pour les autres, on trouve la vraie vie. En accueillant les autres, en leur faisant de la place dans notre pays, en ouvrant nos portes aux migrants, nous ouvrons la porte à Dieu. Nous passons de la mort à la vie quand nous vivons comme Jésus.
Hier, la liturgie nous présentait Abram qui malgré la chaleur extrême a accueilli des voyageurs chez lui, des voyageurs qui étaient des envoyés de Dieu (Gn 18, 1-15).
Il ne s’agit pas ici de nier nos affections naturelles, de nous en priver. Il s’agit d’aimer la vie, de vivre sa vie de foi à la manière de Jésus. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime (Jn 15, 1-13).