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Lc 2, 41-51 : Avec Marie, regardons en avant.

Pourquoi me cherchiez-vous (v. 49), demande Jésus étonné de l’attitude de ses parents ? Pourquoi me cherchez-vous, demande Jésus poursuivi par de futurs disciples (cf. Jn 1, 38-39) ?  Et nous, ici, qui cherchons-nous ? Il n’y a pas de répone unique à cette question.

Chaque dimanche, en donnant la parole aux participantes, j’entends cette question, répétée dimanche après dimanche, on va-tu le voir Dieu ? Christian Bobin donne cette réponse-chemin qui donne à réfléchir : pour voir Dieu, il suffit de regarder dans l’Homme ce qu’il y a de plus profond. Nous voyons Dieu chaque jour, mais nous ne le reconnaissons pas. Nos regards manquent de profondeur.

Les parents de Jésus expérimentent que chercher Jésus n’est pas une petite affaire (saint Bernard). Trois jours d’angoisse, puis de retour à Jérusalem. Ils cherchent LEUR fils, ils trouvent un « autre » fils. En le voyant au milieu d’érudits, des docteurs de la loi, en entendant stupéfaits sa réponse, ne saviez-vous pas, ils intuitionnent qu’il sera grand, qu’il fera de grandes choses. Marie anticipe cela dans son Magnificat.   

Comprenons bien la réponse de Jésus à ses parents. Dans les mots d’aujourd’hui, il les envoie promener. Luc sent le besoin d’en corriger quelque peu la violence des propos de Jésus en écrivant qu’il croissait en âge et en grâce. Toute sa vie, Jésus fut un rebelle.

Répondant à une question lors de sa rencontre avec des jésuites à Budapest, l’évêque de Rome déplore un restaurationnisme incroyable^[1].  Citant la lettre aux Hébreux (10,39), il ajoute, nous ne sommes pas de ceux qui retournent en arrière. En revenant en arrière, vous ne préservez pas la vie. Le danger aujourd’hui est le recul, la réaction contre le moderne. C’est une maladie nostalgique. Chercher Jésus comme un retour en arrière n’est plus crédible.  

Être disciple n’est pas répéter comme des perroquets des rites, des dogmes, des formules. C’est aller au-delà d’une vision théiste, connue sous le nom traditionaliste, où Dieu est vu comme extérieur au monde, qui agit pour dépanner quand bon lui semble, qui est bon pour les uns en répondant à leur demande et « pervers » en refusant certaines autres. Ce Dieu est incroyable. Qui peut affirmer que la guerre d’Ukraine est une punition de Dieu ? Songeons à Jésus, répondant devant l’aveugle-né. Ce n’est pas parce qu’il a péché (cf. Jn 9,3).  

Trouver Jésus comme Marie et Joseph, c’est expérimenter chaque jour quelque chose de nouveau. C’est trouver un « autre » Jésus. Devant cette recherche, nous sommes tous égaux. Aucune expérience n’est plus valable qu’une autre. Il y a diversité d’expériences, de charismes, dirait saint Paul. À chaque fois, nous découvrons un Jésus « rebelle » à nos connaissances que nous vivons comme immuable.

C’est en sortant de nos sécurités que nous ajoutons de l’oxygène à notre vie qui autrement se dessèche et évite qu’elle soit pure répétition routinière. Il faut à être honnête avec Dieu^[2]. Il n’est pas celui que nous expérimentons une fois pour toutes. Nos mots, nos images, le trahissent.  

 À votre contemplation. Qui cherche trouve (cf. Mt 7,8 ; Mc 12, 17). Donne à ton serviteur un cœur intelligent, littéralement un cœur qui écoute (Cf. 1 R 3,9). Et les mystiques nous disent : Jésus, on le trouve sans le chercher et on le cherche sans le trouver (saint Bernard). Souvent, nous éprouvons que j’ai cherché celui que mon cœur aime et que je ne l’ai pas trouvé. AMEN.

     [1] « C’est le style de Dieu. » Conversation du pape François avec des jésuites hongrois | La Civiltà Cattolica (laciviltacattolica.it)