2023-A-Mc 11, 27-33-samedi de la 8e semaine ORDINAIRE- ce qui fait autorité
Année A : samedi 8e semaine du temps ordinaire (litao08s.23)
Mc 11, 27-33 autorité de Jésus
De quel droit fais-tu cela ? Construisons ensemble dans l’action et la contemplation l’arrivée d’une nouvelle manière d’être autorité. Il y a encore beaucoup de travail à faire sur nous-mêmes pour célébrer cette arrivée. Jésus voit la vie d’une manière nouvelle. Avec des lentilles nouvelles. Avec lui, l’autorité est liée à l’harmonisation avec notre vie spirituelle. Quelqu’un de spirituel est une personne très puissante.
Le langage de Jésus n’est pas celui d’une personne arrogante. Spontanément, nous fuyons ces personnes. Son langage humble sans arrogance impressionne. Cela fait autorité. C’est sa vie qui recommande, dit Grégoire le Grand, plutôt que ses paroles. L’intimité avec son Père le pousse à une grande intimité avec nous. Paul dit aux Thessaloniciens, comme s'il oublie sa propre grandeur d'apôtre : Nous nous sommes faits tout petits au milieu de vous (cf. 1 Th 2,7).
Jésus inaugure une nouvelle manière d’entrer en relation aux autres. Il renverse tout un système basé sur une autorité écrasante. Ce qui est nouveau : la valeur de quelqu’un ne dépend pas des vêtements qu’il porte, des postes d’honneur qu’il occupe. Son attitude propose une nouvelle relation, une alliance nouvelle, plus solide, qui remplace notre cœur de pierre par un cœur de chair (cf. Ez 36, 25-27). Ce qui est merveilleux et qui fascine encore est son attitude envers tout le monde et qui émerge de son expérience cachée en Dieu (cf. Col 3, 3).
L’autorité n’est pas quelque chose de mauvais. Nous cherchons au mauvais endroit. Nous sommes tous remplis de l’Esprit Saint (cf. Ac 2, 4) qui ne donne pas des normes, d’instructions, mais descend sur tous[1]. Vous recevrez de la puissance quand le Saint-Esprit viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre (cf. Ac. 1, 8).
Voilà le chemin que Jésus nous montre. Il n’y a aucun endroit dans l’évangile où Jésus impose sa volonté. À cause de cela, les chrétiens de la première heure considèrent Jésus comme un maître en sagesse. Un rabbi. Ils ne soupçonnent jamais que Jésus initie subtilement une nouvelle religion. Ils sont tellement frappés par son attitude qu’ils s’efforcent à vivre comme Lui au milieu d’un empire romain tout puissant qui déshumanise le peuple. Pour lui, l’Ancien Monde a disparu. Un Nouveau Monde est né (cf. 2 Cor 5,17).
L'évangile offre à contempler une suite de rencontres où nous voyons Jésus vivre pleinement son humanité. Cela renouvelle la face de la terre. Jésus fait résonner la musique d’un projet de fraternité, une façon de vivre sans autre pouvoir que de se soucier des autres, que de vivre pleinement de compassion, de proximité avec les hors la loi que sont les non participants des sacrifices du temple. Attitude tellement puissante et parlante que les chefs du temple se sentent en danger, menacés dans leur pouvoir et savoir. Tu vas trop loin, c'est trop violent, disent-ils à Jésus. Jésus ne fonde rien de nouveau. Il sème.
Avec Jésus, nous ne sommes pas dans un rapport de soumission, de dominant/dominé. Les évangélistes rapportent que les gens sont profondément marqués par son attitude de regarder en profondeur plutôt que de « surfer » sur le visible. Notre travail de foi est de nous désencombrer des honneurs, de la gloire, de la puissance, de ces tonnes de gravats qui écrasent l'évangile. L’Église. Avoir de l'autorité, être cultivé et célèbre n'est pas une garantie de plaire à Dieu ; en effet, cela pourrait conduire à l'orgueil et à le rejeter[2]. Se désencombrer, se dépouiller, regarder ce qu’il y a de plus profond dans l’autre, voilà qui fait autorité.
Questions : à l’heure de la synodalité, pouvons-nous ériger en priorité cette sagesse de Jésus de ne rien imposer, seulement d’éveiller à une attitude nouvelle : nous aimer sans égards à nos cultures, nos préjugés, nos frontières religieuses ? Est-ce possible de mettre du vin nouveau dans des outres anciennes, s’interroge Jésus ? Christian Bobin écrit sous forme d’une prière que je fais mienne, j’ai enlevé beaucoup de choses inutiles de ma vie, et Dieu s'est approché pour voir ce qui se passait. Amen.