2023-A: Mt 28, 16-20 - Ascension; avoir pour coloc Jésus
Année A : dimanche de l’Ascension
Mt 28, 16-20 : avoir pour coloc Jésus.
Nous devons être prêts à nous déconnecter de nos images que nous avons de Jésus. L’Ascension dont nous faisons mémoire ne s’est jamais passée comme nous l’imaginons. Les évangélistes eux-mêmes ne s’entendent pas d’ailleurs. Une certitude : il ne nous quitte pas.
Ce n’est pas en regardant en l’air que l’on trouve Jésus. Ne le cherchons pas là où il ne se trouve pas dans un ailleurs dénommé le ciel. Vivre les yeux en l’air, c’est vivre déconnecté. C’est désirer vivre dans le passé. Le danger est bien réel de vouloir restaurer le passé. Il ne s’agit plus de faire des sermons que personne n’écoute. Il s’agit d’imiter la manière de vivre de Jésus dans notre quotidien, dans nos différentes communautés, au milieu d’un monde déchiré par les affrontements fratricides. Il est au ciel, dit-on, mais le ciel est sur la terre. Celui qui monte, c’est celui-là même qui est descendu (cf. Eph 4, 10).
Il est monté au ciel. Le ciel, qu’est-ce que c’est ? Le ciel n’est pas un domaine. Le ciel, c’est l’amour des humains entre eux. C’est Quelqu’un. Et où demeure ce Quelqu’un ? J’offre cette réponse de Christian Bobin : pour voir Dieu, il suffit de regarder dans l’Homme ce qu’il y a de plus profond. Nous voyons Dieu chaque jour, mais nous ne le reconnaissons pas. Nos regards manquent de profondeur.
Jésus est le co-loc de nos vies, de croyants ou de non-croyants et nous sommes les co-locs de Dieu. Nous demeurons en Lui. Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur (cf. Rm 10, 6-8). Cette fête nous maintient en mouvement, en marche. Saint Léon le Grand exprime avec des mots très forts ce que nous soulignons ces jours-ci. Aujourd’hui, nous avons non seulement été confirmés en tant que possesseurs du Paradis, mais nous avons pénétré dans le ciel en la personne de Jésus.
Allez. Jésus nous envoie être des petits sacrements de sa présence. Jésus aime tellement notre monde tel qu’il est qu’il nous donne au monde, allez vivre comme moi. Non pas aller convertir. Aller annoncer une nouvelle manière de vivre, celle d’exprimer de la compassion pour les autres, celle d’être des petits sacrements de sa présence. Facile à dire, difficile à vivre.
Aucune situation, rien, personne ne peut nous enlever la joie d’être des petits sacrements de Jésus. Luc rapporte qu’après avoir vu Jésus monter au ciel, les disciples s’en allèrent tout joyeux. N'est-ce pas étrange ? Généralement, lorsqu'on est séparé d’un être cher, c'est la tristesse qui prévaut. Il ne s’agit pas d’être optimiste ou d’être pessimiste devant notre monde, il s’agit de se savoir des petits sacrements de Jésus. Jésus a fait sa part, faisons la nôtre. Le pape François a une belle expression : il s’agit de mettre notre prière au travail.
Demandons-nous si nous sommes des petits sacrements de Jésus ? Donner un verre d’eau, sourire à quelqu’un. Agissons-nous comme Jésus quand un enfant est violé, quand un criminel est condamné à mort, quand un migrant frappe à la porte de notre pays ? Comment ne pas perdre Jésus de vue dans ces événements abominables que nous voyons ? Jésus ne nous envoie pas punir le monde. Qui peut aujourd’hui croire que les changements climatiques sont une punition de Dieu à notre endroit ? Ce n’est pas croyable.
Réponse de saint Paul en conclusion de son éloge de la charité. Nos petits gestes sacrements ne disparaitront pas. Seules la foi et l’espérance disparaîtront. Tout ce que nous faisons aux maganés, c’est à moi que vous le faites.
Allez. Jésus nous envoie être des experts en relation avec toute sorte de monde, expert en sortie non pour donner de bonnes réponses sur Dieu, non pour enseigner des dogmes, mais pour être humain comme Lui.