2023-A-Jn 15, 18-21- samedi de la 5e semaine de PÂQUES-un monde nouveau, dites-vous ?
Année A : samedi de la 5e semaine de Pâques (litap05.23) 13 mai
Jn 15, 18-21 ne pas appartenir au monde.
Il n’y a pas deux mondes, celui d’en haut et celui d’en bas. Jésus ne parle jamais d’un monde à deux étages. Depuis des millénaires, nous pensons en mode dualiste. En mode division entre le monde religieux et le monde profane. Entre celui d’en haut et d’en bas ; celui de la science et celui de la foi. Dans notre mentalité du XX1e siècle, cette manière de parler de deux mondes rejoints de moins en moins de gens. C’est une façon de penser qu’il faut repenser.
Récemment, Présence, information religieuse, affirmait qu’il est essentiel de ne pas amalgamer [le monde de la science et celui de la religion] afin d’éviter toute confusion. Se servir de la science pour établir que Dieu existe ou n’existe pas n’est pas plus pertinent que de contredire les connaissances scientifiques à partir de textes révélés. Dieu n’est pas scientifique, mais la science n’est pas divine[1]. Dieu n’est pas un programmeur tout-puissant (cf. Mt. 20, 25-28 ; Mc. 10, 42-45).
Quelqu'un pourrait penser que pour être un bon chrétien, il faut vivre en théiste, les yeux au ciel, prendre ses distances devant ce monde axé sur la recherche du toujours plus, habité par la haine omniprésente. Il faut relire la vocation d’Ézéchiel (cf. Ez. 2-8:3 11:16:21). Fils d'homme, mange-le, mange ce rouleau […] nourri ton ventre, et remplis tes entrailles de ce rouleau que je te donne […] Fils d'homme, va ; rends-toi auprès de la maison d'Israël et parle-leur avec mes paroles.
Jésus dit, allez. Allez vers une terre sainte, s’écriait Jean-Paul 11 au parc Jarry en septembre 84 parce que l’homme demeure la route première pour aller à Dieu (cf. RH # 17). C'est un verbe décisif qui transforme le disciple en apôtre. Jésus veut que nous soyons en mouvement, sur la route, prêts et disposés à nous mettre en jeu. Il ne veut pas nous voir passer nos journées à ne rien faire, enfermées sur nous-mêmes.
Aller, un mot stimulant pour ne pas s’installer dans la médiocrité et continuer à changer (cf. EG # 121). Le style de Dieu n'est jamais distant, détaché ou indifférent. Au contraire, c'est un style de proximité, de compassion et de tendresse.
Nos yeux sont faits pour regarder ceux des autres, non pas pour regarder de haut les autres, pour regarder dans les yeux de ceux qui vivent à côté de nous. Ils sont faits pour transmettre la joie éprouvée d’avoir rencontré Jésus, notre amitié avec lui qui transforme.
Aller. Pas individuellement, mais ensemble. Il faut "prendre le terrain" non pas individuellement, mais ensemble, en groupe. Autrement dit, nous avons besoin de « faire équipe ». D’écouter le cri des opprimés et des affligés sans exclure personne. Les Actes nous présentaient l’itinéraire de Philippe en marche en direction du sud, sur la route déserte qui descend de Jérusalem à Gaza pour expliquer, pour réveiller comme l’a fait Philippe, la vie dans les cœurs (cf. Ac. 8, 26-40).
Aller. Voici un bel exemple. Notre vie de petites sœurs de l’Agneau, c’est d’être messagères de l’Évangile en étant petites, pauvres, mendiantes. Nous allons chaque jour par les rues et les places demander notre pain en frappant aux portes des maisons. Ces petites sœurs de l’Agneau vivent en frappant aux portes pour demander quelque chose à manger et elles vivent des rencontres qui donnent la chair de poule tant elles transfigurent la foi des athées en chercheurs de sens.
À travers nos mains de mendiantes, c’est la Bonne Nouvelle de l’amour infini de Dieu que nous portons à tous gratuitement. Nos mains sont vides, mais nos cœurs brûlent. Car avant de nous livrer ainsi à ces rencontres, nous avons nous aussi ouvert la porte de nos cœurs pour accueillir Jésus, la Parole divine, éternelle, incarnée, vivante[2] !
Faisons de même. AMEN.