2023-A-Jn 16, 23b-28- samedi de la 6e semaine de PÂQUES- embrasser le changement.
Année A : samedi 6er semaine de Pâques (litap06s.23)
Jn 16, 23b-28 : embrasser le changement.
Nous devons être prêts à nous déconnecter de nos images que nous avons de Jésus. L’ascension dont nous faisons mémoire ces jours-ci, ne s’est jamais passée comme nous l’imaginons. Les évangélistes eux-mêmes ne s’entendent pas d’ailleurs. Ce n’est pas en regardant en l’air que l’on trouve Jésus. Ne le cherchons pas là où il ne se trouve pas dans un ailleurs dénommé le ciel. Il est dans notre quotidien, dans nos différentes communautés, au milieu d’un monde déchiré par les affrontements fratricides. Il est au ciel, dit-on, mais le ciel est sur la terre. Celui qui monte, c’est celui-là même qui est descendu (cf. Eph 4, 10).
Nos images de Jésus, des événements qui ont marqué sa vie, doivent être abandonnées. Il y a toujours un danger de maintenir des images qui nous empêchent d’avancer vers une plus grande intimité avec Jésus parce qu’elles sont des images statiques. Le danger est bien réel de rendre Jésus « incroyable » aux yeux de notre monde. Qui peut aujourd’hui croire que les changements climatiques, par exemple, sont une punition de Dieu à notre endroit ?
Nous venons d’entendre à mots couverts l’indescriptible mystère de Dieu. Nous venons d’entendre la description d’un « nouveau » Dieu. D’un Dieu dont l’être même est mutuelle relation. Il n’est pas le Dieu d’en haut. Il n’est pas le Dieu d’en bas. Jean nous présente la fine pointe de l’innommable. Jésus est la vie du Père. Il est aussi notre vie. Jésus nous indique dans quelle direction trouver Dieu : dans la relation.
Sa relation avec le Père était si forte, que les disciples ont compris qu’il venait de Dieu, qu’il était Dieu. Au centre de la vie et du message de Jésus, il y a donc l’annonce que Dieu se révèle dans la relation. Le mot qui définit le mieux ce Jésus, c’est le mot que lui-même utilisait pour se présenter aux siens : je suis. Ces paroles ne sont pas à prendre au hasard. Je suis montre le Père qui n’écrase pas son Fils. Il définit la profondeur d’union de Jésus avec son Père. Il révèle son Esprit en nous.
Il est monté au ciel. Le ciel, qu’est-ce que c’est ? Le ciel n’est pas un domaine. Le ciel, c’est la Trinité. C’est l’amour des hommes. C’est Quelqu’un. Et où demeure ce Quelqu’un ? J’offre cette réponse : dans notre liberté et pas ailleurs. Sa vie durant, Jésus a défié les gens de quitter leur filet, leur chaumière, leur sécurité pour se mettre en marche. Lève-toi, bouge, marche, vis comme moi en marche vers le Père, vers les autres. Le danger est très réel de demeurer connecté à des images d’un Dieu fabriqué selon nos besoins de sécurité.
Cette fête nous maintient en mouvement, en marche. Saint Léon le Grand exprime avec des mots très forts ce que nous soulignons ces jours-ci. Aujourd’hui, nous avons non seulement été confirmés en tant que possesseurs du Paradis, mais nous avons pénétré dans le ciel en la personne de Jésus.
Dit autrement, aujourd’hui, nous sommes confirmés à vivre, dit le langage populaire, le ciel sur la terre. C’est la fête de la mémoire d’une présence permanente en nous. L’expression qu’il est monté au ciel vient d’une image d’un Dieu qui ne fait plus sens à notre époque.
Jésus aime tellement notre monde tel qu’il est qu’il nous donne au monde pour que nous soyons son amour, sa compassion et sa présence. Prenons Jésus au mot, et soyons des contemplatifs au cœur du monde. Qu'est-ce que la contemplation ? C’est vivre la vie de Jésus. Notre vie et notre contemplation sont une. Ce n'est pas là une question de faire mais d'être. Il s'agit en fait de cette liberté de vivre de l’Esprit qui insuffle en nous une telle profondeur de relation avec le Père qui nous devenons mandatés à diffuser par notre vie l’arrivée du ciel sur la terre qu’est son royaume (cf. Mc 16,15).
Et cette façon d’agir n’est pas réservée aux croyants. Apollos, un non baptisé, est un homme éloquent, possédant bien les Écritures et son action apostolique s'accomplit par la grâce de Dieu. Il avait été instruit du chemin du Seigneur dans la ferveur de l’Esprit, il parlait et enseignait ce qui concerne Jésus. Même ceux qui sont mus par une espérance simplement humaine perçoivent la séduction de cet horizon à leur vie[1]. Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur (cf. Rm 10, 6-8). AMEN.