2023-A-Jn 9, 1-41- dimanche de la 4e semaine CARÊME- voyage intérieur
Année A : dimanche de la 4e semaine du CARÊME (litao4d.23)
Jn 9, 1-41- un voyage intérieur.
Il s’agit beaucoup plus que de la guérison d’un aveugle-né. L’évangéliste décrit le voyage intérieur d’un homme perdu dans les ténèbres jusqu’à ce qu’il rencontre Jésus, la Lumière du monde.
Au début, tout ce que l’aveugle peut dire aux chefs religieux qui l’interrogent : l’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il m'en a frotté les yeux (v.11). Je ne sais qu’une chose, j’étais aveugle et maintenant je vois. Il n’en sait pas plus. Il ne sait pas qui il est, ni d’où il est, mais il m’a ouvert ses yeux.
Malgré l’insistance des chefs religieux qui lui disent, nous savons que l’homme qui t’a guéri n’observe pas le sabbat, nous savons que c’est un pécheur, l’aveugle fait rager les chefs religieux en déclarant que Jésus est un prophète (v. 17), un homme de Dieu (v. 31). Réaction immédiate : prétends-tu aussi nous faire la leçon, toi qui es né tout entier dans le péché ? Les chefs religieux répètent ce qu’ils ont appris de la religion. Ils n’ont jamais vraiment rencontré Jésus qui leur reprochera d’être des guides aveugles.
Les chefs religieux cherchent un coupable, un responsable de l’aveuglement de l’homme. Ils ne savent pas s’étonner parce qu’ils ne veulent pas changer leur regard sur les autres, parce qu’ils sont paralysés par la peur de voir autrement. L’aveugle dit seulement qu’il est heureux de voir.
Après le choc des premières heures suivant sa guérison, l’aveugle se sent abandonné par ses parents. Les chefs religieux lui refusent même l’accès au temple. Quand Jésus, l’humain Jésus, apprit qu’il avait été expulsé du temple, il part à sa recherche. Il lui pose une seule question : Crois-tu au Fils de l’homme ? L’aveugle est prêt à croire, mais il est plus aveugle que jamais : Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? Jésus lui dit : Tu le vois, celui qui te parle, c’est lui. Maintenant, l’aveugle voit pleinement. Il déclare je crois, Seigneur.
Retenons seulement ceci : l’évangile décrit l’histoire de notre propre foi. Nous ressemblons à l’aveugle-né qui lentement découvre Jésus. Nous sommes en attente de voir. Les nuages sont nombreux. Au début, l’aveugle voit sans voir. Puis il rencontre vraiment Jésus. C’est lentement, progressivement que nous reconnaissons Jésus. Notre manière de croire aujourd’hui n’est plus celle de notre enfance. Elle ne consiste plus à répéter des formules sans vivre une expérience personnelle de rencontre avec Jésus.
L’évangéliste Jean, du début à la fin de son évangile, voit en Jésus une invitation et une porte qui ouvrent sur un nouveau sens de l’humain. Jésus accueille contrairement aux comportements des chefs religieux tout le monde, Nicodème, l’intendant royal, les jeunes époux à Cana, la samaritaine. Cela lui vaudra l’opposition des chefs religieux. Le Jésus de Jean n’est pas contre la religion. Il s’oppose à réserver la religion aux gens corrects. L’aveugle était né dans le péché.
À Mi-Carême, posons-nous cette question : voyons-nous comme Jésus nous regarde chacun d’entre nous ? La première lecture nous montre comment Samuel voit dans le petit dernier poindre le grand David. Les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur.
En ouvrant les 24 heures pour le Seigneur, le pape invitait à éviter la religion de l’apparence, l’hypocrisie de l’image. Aujourd’hui, nous sommes habitués à ne percevoir que l’extérieur des choses, l’aspect le plus superficiel. Nous ne voyons pas la personne, nous portons attention à son physique, sa couleur de peau, sa position sociale.
L’évangile appelle à la guérison de nos regards. Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; or la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité. La vraie pratique de la foi est de nous donner des yeux de lumière, des yeux qui voient au-delà des apparences, des yeux qui ne cherchent pas des coupables, des yeux qui portent sur le monde le regard de Jésus.